MISE A JOUR 22.06.17
ITINERAIRE EFFECTUE en Uruguay et retour en Suisse
du 17 janvier au 27 février 2017
17 janvier 2017 San Javier (Uruguay) - Carmelo
San Javier, entourée d’une zone fertile de grandes cultures, est implantée au bord du Rio Uruguay et a une histoire particulière. Elle est une colonie russe fondée en 1913 par une communauté d’émigrants de l’église « Nouvel Israël », dissidence de l’église orthodoxe depuis le milieu du 18ème siècle. Une partie de cette communauté, persécutée par l’église orthodoxe et les autorités, choisit sous l’impulsion de Basilio Lubkov, d’émigrer vers l’Amérique du Sud.
C’est ainsi que 260 Russes, en majorité en provenance de la région de Voronezh, s’installèrent sur les berges du fleuve et construisirent le bourg. Ils pratiquaient l’agriculture, ils introduisirent la culture de tournesol, et la pêche dans le fleuve. Un petit musée retrace cette histoire et montre une extraordinaire motivation pour construire un nouvel avenir. Un moulin, premier moulin à huile du pays, fut construit au bord du fleuve, pour valoriser les céréales et l’huile qui pouvaient être exportée par bateau vers le Sud du pays.
Mais c’est avant tout l’autonomie alimentaire, en produisant farine et huile que recherchaient les immigrants. La structure de la communauté, basée sur le collectivisme et conduite par Lubkov, à la fois chef religieux et temporel, portait en elle les germes des difficultés à venir. Son autorité monopolistique fut bientôt contestée et de nouvelles divisions apparurent avec la révolution russe de 1917, qui vit naître des partisans et des opposants à ces grands bouleversements.
Finalement Lubkov repartit avec quelques-uns en Union Soviétique en 1926 et mourut quelques années plus tard, vraisemblablement au goulag. Avant de quitter San Javier il mit en place un successeur qui fit preuve de pessimisme, doutant de la compatibilité du mode de vie de la colonie avec le monde matérialiste moderne. Les valeurs religieuses et règles de vie ne résistèrent pas aux divisions et au développement économique des années 30 ainsi qu’à l’envie d’indépendance des familles et la communauté perdit progressivement ses valeurs. Cette décennie fut cependant celle de la prospérité qui vit la fondation d’une coopérative, pour valoriser la production et importer des produits de consommation, et la construction d’un théâtre.
Aujourd’hui le village est presque comme les autres, mais les témoignages de l’origine de de ses habitants sont nombreux et les constructions des années 1920, destinées aux activités collectives ou aux habitations, témoignent d’une période prospère. Seules les personnes âgées parlent encore le russe, appris avec leur parents, alors que l’école utilise l’espagnol. Les patronymes de la majorité des familles sont cependant russes. Les noms des rues évoquent les premiers colons et des statues de matriochkas, ces fameuses poupées emboîtables, trônent sur le square central, pas loin de la statue du Général Artigas.
Nous quittons San Javier par la petite route bosselée qui part vers le Sud-Est et rejoignons, après une dizaine de kilomètres, la grande route 24 qui va à Fray Bentos. Après quelques kilomètres de chaussée en mauvais état c’est une route large et neuve qui s’ouvre devant nous.
Elle est parcourue chaque jour par des dizaines de camions de bois qui approvisionnent l’immense usine de cellulose construite près de la ville. Après avoir frôlé Mercedes, nous poursuivons jusqu’à Carmelo et atteignons le garage Bevilacqua
où nous retrouvons la sympathique famille qui le gère et ses collaborateurs. L’équipe étant déjà complètement occupée pour demain, les travaux d’entretien courant sont planifiés pour jeudi 19. Nous nous installons dans le gazon, à l’arrière du garage, où nous pouvons bénéficier de l’électricité et rester jusqu’à vendredi.
18 - 19 janvier 2017 Carmelo
A journée du 18 est consacrée à une promenade en ville où nous admirons les anciennes maisons restaurées. Le nombre de celles-ci a augmenté depuis notre dernière visite et elles mettent en valeur le patrimoine bâti de la ville. Celle-ci fut fondée à son emplacement actuel, au bord de l’arroyo Las Vacas, vers 1711. Sa fonction première était celle de dépôt d'esclaves, amenés de Guinée pour être ensuite vendu à Montevideo ou à Buenos Aires. Une cinquantaine d’années plus tard quelques éleveurs étaient installés à proximité et se regroupèrent pour former l’embryon de la ville à l’embouchure de la rivière. En 1816, le général Artigas, héros de l’indépendance de l’Uruguay, fonda officiellement par décret la ville.
Le 19, le service vidange, graissage et changement des filtres carburant du moteur, est effectué sans que nous ayons besoin de basculer la cabine… jusqu’au moment du redémarrage qui est impossible. Malgré le remplissage soigneux des deux filtres carburants du moteur, l’air présent dans la pompe et les tubes des injecteurs empêche la remise en route. Il faut donc purger les injecteurs et pour cela lever la cabine. Après déchargement de tout ce qui y est rangé, il faut monter sur le toit et basculer la roue de secours sur la cellule. Un bon exercice sportif que je ne souhaite pas trop fréquent. Après la purge, le moteur repart au quart de tour et il ne reste plus qu’à tout remettre en place. La réparation du pneu qui perd légèrement ne peut cependant pas être effectuée, la « gomeria » qui a une machine adaptée étant malheureusement fermée. Valeria nous donne l’adresse de Michelin à Montevideo où nous passerons demain après-midi.
Le soir, nous invitons la famille Bevilacqua à partager un repas dans un resto de la ville.
20 janvier au 13 février 2017 Carmelo - Montevideo - Paraiso Suizo
Grand beau, 28 à 34°C, avec 3 jours d’orage et d’averses parfois violentes.
Nous quittons le garage et la famille Bevilacqua vers 9 h 30, et prenons la route en direction de Montevideo. Nous coupons au-dessus de Colonia del Sacramento par la route 22 pour arriver dans la capitale pour notre rendez-vous de 14 heures chez Michelin. L’excellente nationale 1 que nous connaissons bien, et qui suit la côte Sud du pays une quinzaine de kilomètres en retrait de la mer, nous facilite la tâche.
Nous arrivons à l’heure prévue et sommes pris en charge dans la demi-heure qui suit par deux monteurs qui essaient de localiser la petite fuite de notre roue arrière droite sans démonter la roue. Celle-ci est mouillée avec beaucoup d’eau savonneuse mais sans succès. Ce n’est finalement qu’après démontage que nous identifions un petit trou (nous perdons entre 0,3 et 0,4 kg de pression par jour) sur le côté intérieur du pneu. Les pneus ayant été tournés sur jantes à Santiago, ce côté était précédemment à l’extérieur. Le trou est malheureusement situé sur les talons latéraux des plis et les monteurs m’indiquent qu’ils ne peuvent le réparer et qu’il faut envoyer le pneu à l’usine. Le trajet d’un mois en bateau ne permet pas de remonter la même roue qui serait complètement dégonflée à l’arrivée. Il faut donc prendre la roue de secours qui est sur le toit de la Doka et je me livre de nouveau à l’ascension de la cabine. Lorsque j’explique que je dois monter la potence et le treuil électrique pour descendre la roue, le monteur va solliciter le conducteur d’un élévateur de l’entreprise voisine qui accepte volontiers de venir faire l’ascenseur à roue de secours.
Nous gagnons ainsi un temps précieux que je paie avec une bonne bouteille de rouge.
Nous repartons ensuite jusqu’à la sortie Est de la ville où nous nous arrêtons dans un grand centre commercial pour faire des provisions en vue de notre long séjour au Paraiso Suizo où Babar a séjourné pendant notre retour en Suisse. Nous retrouvons nos amis Heinz et Silvia, toujours aussi accueillants, qui prennent l’apéro avec d’autres voyageurs. Nous sommes extrêmement soulagés d’avoir pu ramener Babar à port de bateau !
Le 21 nous installons Babar près d’un grand pin, sortons la toile de tente, le quad, les fauteuils et tables de camping, bref tout ce qu’il faut en vue d’un long séjour sédentaire auquel nous ne sommes plus habitués.
Les dix premiers jours sont consacrés aux démarches en vue du rapatriement de notre pachyderme sur l’Europe pour le réparer chez notre constructeur, l’entreprise Füss. Il sera en effet nécessaire de déposer la cabine habitable et tous les agrégats fixés au châssis : réservoir, soutes extérieures, etc. C’est la raison pour laquelle nous préférons ramener le véhicule en Allemagne, d’autant plus que les travaux sur châssis, selon les exigences pour expertises, doivent être effectués par des ateliers reconnus par MAN. Le bon wifi du camping nous permet de demander les offres de transport vers l’Europe et de préparer la fin de notre séjour sans Babar et notre retour anticipé par avion. Le raccordement électrique du camping nous permet d’utiliser un peu la climatisation pendant plusieurs jours où la température avoisine ou dépasse les 30°C. L’écriture du journal et le tri des photos occupent les jours de pluie, des ballades en bord de mer d’autres moments.
Après avoir réservé un transfert en Roro avec embarquement à Montevideo le 18 février nous pouvons procéder à des travaux de nettoyage et de mise en ordre. L’emballage antichoc du vin à exporter vers la Suisse est également réalisé. Nous effectuons quelques sorties avec le quad, dans la charmante ville de Piriapolis et dans ses environs.
Nous sillonnons des quartiers de maisons résidentielles car le cornac automobile reste passionné d’immobilier. Nous visitons même, fortuitement grâce à un voisin, une villa à vendre repérée sur internet. Les vieilles voitures à restaurer sont également l’objet de notre attention dans ce pays où il y en a tant. Sur les ramblas de Piriapolis nous dégustons d’excellentes glaces maisons à chaque visite en ville.
Le reste du temps est consacré à la lecture ainsi qu’à la rencontre avec les autres voyageurs présents sur le site, avec lesquels nous partageons deux ou trois bons repas préparés par Sylvia et Heinz. Notre menu quotidien n’est pas en reste avec fondue bourguignonne, légumes et fromages difficiles à trouver dans certaines parties de notre parcours, mais facile à trouver en Uruguay. Nous soignons également les apéros et nous faisons la connaissance, et des échanges d’expériences, avec Suzy et Rudi, un couple helvético-australien qui voyage à bord d’un OKA, tout-terrain 5 tonnes de l’armée australienne ;
avec Michaël et Karl , deux ingénieurs allemands à la retraite, qui terminent un voyage de 3 mois dans la partie Sud du sous-continent, périple caractérisé par une lutte continue contre les alarmes électroniques de leurs fourgon Mercedes 316 euro 6 AD Blue ; Rémo et Gaby, jeune couple du Muotatal qui achève un voyage avec un ancien fourgon Mercedes 4x4,
Charlotte et son mari qui voyagent à bord d’un camion Mercedes avec cellule Füss ;
Jean-Noël et Elizabeth, retraités de la région d’Albertville, qui rentre provisoirement, laissant leur pickup Isuzu en vacances chez Heinz ;
enfin Eckhardt et son épouse, avec un camion MAN 10 tonnes, un couple allemand que l’âge avancé a rendus un peu sauvages. Sylviane a donc de nombreuses occasions de perfectionner ses connaissances de la langue allemande.
Un couple d’iguanes, longs de 70 à 80 cm, qui loge également chez Heinz et Sylvia, anime nos milieux de journées par des sorties remarquées. Ces représentants de la préhistoire sont passionnants à observer, en particulier leurs griffes et leurs langues longues fines et rapides.
Le bateau ayant pris du retard, ce n’est que le 21 que nous quittons le Paraiso Suizo pour Montevideo.
14 au 20 février Paraiso Suizo - Montevideo
Grand beau, 28 à 34°C, parfois venté.
Nous démarrons vers 9 h 30 pour aller à Montevideo, remplir les papiers d’embarquement de Babar et payer les frais de port. Devant l’impossibilité de trouver des places de parc à proximité du centre nous repartons sur les ramblas et prenons un taxi pour terminer le trajet. Les formalités sont rapidement effectuées, en fin de matinée, au bureau de Grimaldi et la livraison prévue pour le lendemain à 14 heures. Nous partons ensuite vers la halle couverte du Mercado del Puerto où nous retrouvons avec plaisir l’excellent restaurant de la Cabaña Veronica. Nous saluons avec plaisir la patronne et savourons un bon repas.
Nous retournons ensuite vers Babar, sur les ramblas, et partons en direction du phare de la péninsule de Punta Caretas où nous nous installons à proximité de la mer. L’emplacement, calme et en retrait des ramblas, permet d’admirer de part et d’autre le littoral de la ville.
La fin de journée est consacrée à la préparation des bagages que nous prendrons avec nous en avion.
Le 15 nous obturons les fenêtres avec les plaques de protection inox , débranchons les batteries de la cellule habitable et procédons à divers autres travaux préparatifs.
Nous partons, après le pique-nique, jusqu’à l’hôtel Ibis, où nous allons séjourner, pour déposer les bagages. Babar parcours ensuite ses derniers kilomètres sur les ramblas pour gagner l’entrée du port où nous devons passer par un examen du véhicule au scanner. L’image ne nous est malheureusement pas remise, comme cela a parfois été le cas pour d’autres voyageurs.
Le passage de sortie en douane est une simple formalité et nous déposons Babar à proximité d’un entrepôt de l’autre côté duquel est amarré un paquebot de la compagnie Costa.
Les quatre jours suivants sont consacrés à des balades et visites dans la capitale uruguayenne. La chaleur dépasse 30°C l’après-midi et nous assomme un peu. Le samedi et le dimanche nous retrouvons avec joie les marchés de fruits et légumes et de brocantes. Les promenades dans les rues bordées de bâtiments anciens et de grands platanes sont agréables sous réserve de la chaleur parfois harassante.
Les déplacements en taxi sont peu onéreux et ne dépassent pas des coûts de 4.- à 6.-CHF. Le lundi nous allons visiter une nouvelle fois le Mercado Agricole, une grande halle centenaire et bien restaurée, soutenue par une charpente métallique triangulée. Cet espace abrite aujourd’hui des magasins d’alimentation haut de gamme et quelques restaurants.
21 au 26 février 2017 Montevideo - Buenos Aires
Grand beau, 28 à 34°C.
Nous serrons nos nombreux et lourds bagages, environ 120kg, dans le taxi pour gagner le Buquebus, bateau qui relie Montevideo à Buenos Aires en 2h30. Nous embarquons, vers 11 heures, sur le Francisco, ainsi dénommé en l’honneur du pape. C’est le dernier né de la flotte, un catamaran d’une centaine de mètres de long et de 27 mètres de largeur qui peut emporter 1’000 passagers et 150 véhicules légers. Il a été construit à Hobbart en Tasmanie. Il peut dépasser les 100 km/h en vitesse de pointe et a une vitesse de croisière de 90 km/h ! Il est propulsé par deux turbines à gaz qui développent une puissance de 22’000 kw chacune.
La traversée est donc rapidement accomplie et la vue limitée au travers des vitrages fixes et l’impossibilité de sortir sont compensées par un vaste magasin duty free. Nous débarquons au port de Buenos Aires et passons la douane sans encombre malgré nos volumineux bagages. La recherche d’un taxi est plus laborieuse et nous devons faire la queue pendant 45 minutes avant d’avoir un taxi qui nous conduise à notre hôtel. Celui-ci est situé dans le quartier de Recoleta, à quelques centaines de mètres du célèbre cimetière. Nous essayons de changer de quartier chaque fois que nous séjournons dans la capitale argentine, pour découvrir d’autres parties de la cité.
Les quelques jours passés dans la capitale argentine nous permettent de découvrir le quartier de la Recoleta où se situe le plus célèbre cimetière de Buenos Aires où sont inhumés les héros et vedettes du pays. Les tombes et cryptes sont à la mesure de la renommée des défunts qu’elles abritent. Ce sont parfois des monuments d’une vingtaine de mètres carrés au sol dépassant une hauteur de 3 à 4 mètres. Le général Roca, génocidaire des Indiens de Patagonie, devenu président par la suite, réussit même à se faire représenter en bon père de la nation sur son monument… La basilique Nuestra Señora del Pilar, bâtie par les Jésuites en 1717, jouxte le cimetière et comprend un petit musée qui abrite de somptueux objets liturgiques en argent finement travaillés.
Le musée des Beaux-Arts est également dans le quartier et abrite de nombreux tableaux des maîtres sud-américains et européens. Le musée des Arts décoratifs, abrité dans le palais Errazuriz construit en 1917, était malheureusement fermé au moment de notre visite. Nous avons aussi profité des magnifiques parcs et terrasses du quartier qui offrent beaucoup d’ombre et de verdure.
La température dépassant largement 35°C pendant notre séjour nous pousse parfois à retourner dans la fraîcheur de notre chambre climatisée.
Le 27 février nous gagnons l’aéroport pour la rentrée au pays où nous nous réjouissons de retrouver famille et amis ainsi que nos fidèles lecteurs du site Internet.
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