MISE A JOUR 11.08.19
CROATIE-MONTENEGRO-KOSOVO-MACEDOINE-GRECE
8 au 14 mai 2019
923 km
8 mai 2019 Dubrovnik - Kotor
Nous quittons le camping Solitudo vers 10h30 sous un ciel bleu presque sans nuages. Nous sortons de Dubrovnik par la route du port pour rejoindre la nationale en corniche qui surplombe la ville.
C’est l’occasion de prendre quelques belles vues plongeantes sur la vieille ville. Après une vingtaine de kilomètres nous surplombons Cavtat, débordée par le tourisme, et poursuivons au Sud-Est alors que la route s’éloigne de la côte.
Une limite à 5 tonnes nous empêche d’aller manger vers Molunat et nous nous présentons à la frontière monténégrine. Passage sans encombre après enregistrement des passeports. Après la frontière nous sommes affranchis : un grand panneau rouge annonce l’interdiction de camper en dehors des campings !
Le Monténégro est une république indépendante depuis 2006, suite à un référendum qui à conduit, avec une légère majorité, à la séparation de l’Union Serbie-Monténégro. C’était le dernier Etat de la fédération de Yougoslavie à être resté lié à la Serbie. Le pays compte 700'000 habitants pour une surface de 13'800 km2. Son nom, qui signifie la montagne noire, et représentatif de son relief accidenté et couvert de forêts. Son PIB est de l’ordre de 16’000$ par habitant avec des ressources minières de bauxite, de lignite et de fer. Le tourisme représente 15% des revenus. La population est à 45% d’origine monténégrine, à 30% d’origine serbe et pour les solde de minorités albanaise, croate, rom, etc.
Nous entrons dans le pays par les Bouches de Kotor, un golfe à quatre baies enserré de montagnes, qui culminent à plus de 800 mètres d’altitude, qu’on a envie d’appeler fjord. Ces lieux ont été de tous temps un refuge pour marins et pirates et Tito y avait fait creuser des grottes pour cacher ses bateaux de guerre. Les différences culturelles et historiques entre habitants du golfe, occupé dès l’époque grec par des marins et commerçants, et ceux des montagnes, bûcherons et éleveurs ont été accentuées par des dépendances politiques distinctes. Alors que les riverains passèrent des siècles sous l’influence des byzantins puis des vénitiens, les montagnards étaient dominés par les Slaves, les Bulgares puis les Ottomans.
Nous suivons les rives des baies du golfe, ponctuées de villes et villages historiques coincés entre pentes abruptes et littoral.
Babar ne peut souvent ni pénétrer ni s’arrêter sur des parkings exigus et saturés de voitures, mais les paysages sont superbe. C’est à Kotor, principale cité des Bouches, que nous trouvons finalement un parking payant sur le port, qui en plus nous hébergera pour la nuit.
La ville, qui compte aujourd’hui une vingtaine de millier d’habitants, a un cœur historique remarquable, fortifié par l’empereur byzantin Justinien dès le 6ème siècle. Ce cœur historique assez restreint, coincé entre le rivage et la montagne abrupte est ceinturé d’une muraille de plus de 4,5 kilomètres de longueur, qui s’élance à l’assaut de la montagne jusqu’à une altitude de 280 mètres. La protection de la cité contre des attaques venant du haut était ainsi assurée.
La ville portuaire développa sa flotte et son commerce et les marins de la région étaient renommés. Elle fut pendant 4 siècles sous contrôle de Venise et c’est cette période qui a le plus marqué son architecture. La pierre de taille ses églises, maisons et palais des riches familles et souvent finement ouvragée.
Les dallages blancs de ses ruelles complètent cette image séculaire homogène que ne dépare aucun bâtiment moderne.
Sa cathédrale romane Saint-Tryphon, du 12ème siècle, contient de nombreuses reliques et a été restaurée après les grands tremblements de terre de 1667 et 1979.
Un repas de produits maritimes, au resto sur le rivage clôt la journée.
9 mai 2019 Kotor - Mojkovac
Beau mais brumeux puis nuages. 15°C
Ce matin nous partons à l’assaut de la montagne noire… La route s’élève d’abord en larges courbes dans la vallée latérale qui s’ouvre à l’Est de la ville de Kotor. Verdure et oliviers nous entourent jusqu’à un petit col, à environ 300 mètres d’altitude, qui ouvre devant le mont Lovcen une belle perspective en direction de Budva et de la côte Adriatique.
Sur le col un carrefour sépare la route en deux. Je prends, conformément à ma carte, la chaussée de gauche qui doit être la route principale. Nous nous engageons dans l’ascension du flanc de montagne qui surplombe la cité historique. La route, majoritairement étroite, rendant le croisement difficile même avec une voiture, s’élève avec une vingtaine d’épingles à cheveux serrées découvrant de magnifiques vues plongeantes sur Kotor et ses murailles. La navigatrice apprécie peu cette vue magnifique car son appréhension du vide lui gâche le paysage. Heureusement le trafic est faible et nous ne croisons que deux ou trois véhicules dans la montée.
Sylviane est soulagée lorsque nous atteignons le col qui, après une installation de tyrolienne vertigineuse que ma navigatrice ne veut pas tester, marque le sommet de la grimpée. Nous débouchons, à 850 mètres d’altitude, sur un carrefour avec une grande route venant de droite qui laisse penser qu’une nouvelle chaussée a été construite de l’autre côté de la montagne… la messe reprend légèrement dans la cabine. Nous nous trouvons dans un petit village dont les constructions, de type montagnard, sont éparpillées dans des prairies vertes et des pâtures à moutons.
La route, entièrement refaite, devient large et sinueuse et nous conduit en direction de Cetinje, ancienne capitale historique du pays à 670 mètres d’altitude. La ville, qui compte aujourd’hui 18'000 habitants, était en 1910, lors de la proclamation du Royaume du Montenegro, la plus petite capitale du monde avec 6'000 habitants. Nous continuons notre descente vers l’Est et la capitale actuelle, Podgorica, située à 80 mètres d’altitude, et qui compte 170'000 habitants. Nous remontons ensuite vers le Nord, dans la vallée de la rivière Moraca, dans laquelle des entreprises chinoises construisent une autoroute avec d’impressionnants viaducs.
Le pays est essentiellement constitué de massifs calcaires hostiles couvert de forêts de densité variables peuplées de nombreux chênes.
Les rares villages occupent les fonds étroits des vallées tandis que des maisons isolées sont éparpillées en direction du sommet des montagnes sur des chemins trop étriqués pour Babar.
En fin de journée, nous atteignons la sortie des gorges de la rivière Tara, qui sont un haut lieu de tourisme-nature du pays.
Nous trouvons un magnifique camping niché au creux d’un petit vallon près de Mojkovac, à 980 mètres d’altitude. Il offre de beaux emplacements pour les camping-cars et des petits pavillons en bois, nichés au cœur de la prairie et qui offrent chacun deux lits. Le propriétaire, menuisier, a aménagé des locaux accueillants et nous sommes reçus par sa femme souriante qui nous offre un excellent slibovic maison. Un endroit où il ferait bon rester plus longtemps mais nous voulons aller en Grèce…
10 mai 2019 Mojkovac (Montenegro) - Prevalle (Kosovo)
C’est sous un beau soleil que nous quittons le camping après avoir décliné un slibovic matinal. La région est superbe sous le soleil qui illumine des montagnes aux pentes plus douces et des vallées offrant de plus larges surfaces de culture. Les petits villages sont plus fréquents qu’hier et les pentes souvent parsemées de petites fermes entourées de vergers, jardins et plantages.
Les sommets, qui culminent aux environs de 2'000 mètres ont encore quelques traces de neige. Les verts tendres du printemps donnent beaucoup d’éclats à cette superbe région qui est un régal pour les yeux.
Quelques mosquées indiquent que nous nous approchons de la frontière du Kosovo et qu’ici chrétiens et musulmans cohabitent.
Nous franchissons un col à 1336 mètres d’altitude, avec une petite station de ski, puis redescendons vers Rozaje, une petite ville en fond de vallée. Nous effectuons une escale ravitaillement et demandons à des policiers si le col qui part en direction du Kosovo tout proche est praticable et la frontière ouverte. La réponse est positive et nous pourrons ainsi passer directement du Montenegro au Kosovo sans passer par la Serbie puisque les relations sont tendues entre Serbes et Kosovars.
La frontière est passée sans encombre, par un col à 1'700 mètres d’altitude en limite de la neige, avec des douaniers et policiers parfaitement corrects des deux côtés.
Il faut cependant souscrire à une assurance RC pour Babar, car la carte verte n’inclut pas le Kosovo. Pour une quinzaine d’euros pour une semaine la police est souscrite.
Nous redescendons ensuite et découvrons l’immense plaine fertile, densément peuplée, du Sud-Ouest du Kosovo appelée historiquement Métochie. Elle se déploie, à une altitude inférieure à 500 mètres, sur près de 80 kilomètres, entre les villes de Pec et Prizren.
Les terres sont occupées par des pâtures et des cultures qui paraissent très productives et les localités paraissent assez opulentes.
Elles comptent de nombreuses villas récentes, parfois somptueuses, qui sont sans doute celles des émigrants vers l’Europe de l’Ouest.
Nous sommes étonnés qu’une région si fertile connaisse une si forte émigration… Mais les réalités sont là, le pays de 1'800'000 habitants pour 11'000 km2, compte plus de 30% de chômeurs. La criminalité en réseau, partiellement imbriquées dans les luttes de libérations des vingt-cinq dernières années, constitue une partie importante de l’économie. Le statut provisoire du pays, qui n’a pas été reconnu comme tel par l’ONU, mais par environ la moitié de ses membres, ne favorise pas la consolidation démocratique, sociale et économique du Kosovo. Malgré la présence de force de paix de l’ONU et d’organisme soutenant la consolidation démocratique du pays, les tensions ethniques demeurent, en particulier dans les régions à majorité serbe du Nord-Ouest.
Nous parcourrons la belle plaine, bordée au Sud-Ouest par des montagnes atteignant 2'000 mètres qui la sépare de l’Albanie, jusqu’à Prizren. La ville de 180'000 habitants est située, à 400 mètres d’altitude, au pied de la chaîne de montagne de Sar qui sépare le Sud du Kosovo de la Macédoine du Nord.
La ville est au débouché de gorges étroites de la rivière Prizrenska Bistrica que nous remontons jusqu’à Prevalle, une station située à 1'500 mètres d’altitude, avec une vue magnifique, où nous stoppons pour la nuit.
Excellent repas au resto du coin.
11 mai 2019 Prevalle (Kosovo) - Pestani (Macédoine)
Après une bonne nuit sur une place terrassée au-dessus de la route nous apprécions à nouveau le panorama qui s’ouvre sur la vallée en direction de Prizren et sur les sommets enneigés de la Sar, à plus de 2'000 mètres, qui nous séparent de la Macédoine du Nord.
Nous redescendons ensuite direction Est, sur une dizaine de kilomètres pour rejoindre la grande route qui relie Pristina à Skopje et franchir la frontière.
La Macédoine du Nord (depuis la fin du conflit d’appellation qui l’opposait à la Grèce) est une république montagneuse de 25'000 km2 comptant un peu plus de 2'100'000 habitants. Son territoire historique couvrait, la moitié Sud du pays actuel, d’abord royaume de Péonie conquis au 4ème siècle avant J-C par Philippe II roi de Macédoine (grecque), la partie Ouest de la province grecque de Macédoine centrée sur Thessalonique, ainsi que des territoires du Sud-Ouest de la Bulgarie et de l’Est de l’Albanie. C’est la patrie d’Alexandre le Grand, fils de Philippe II, le plus grand conquérant de tous les temps. L’accord récent entre les deux pays permet de mettre fin à un conflit politique et de distinguer la Macédoine du Nord de la province grecque de Macédoine, toutes deux revendiquant l’origine d’Alexandre.
Après le passage de la frontière, sans encombre, nous entrons sur l’autoroute qui contourne la capitale Skopje, par l’Ouest. Nous remontons la vallée du Vardar, principal axe hydrologique et économique du pays, en direction de Gostivar, région des sources du fleuve. Le pays est couvert de massifs montagneux, culminant entre 1'500 et 2'500 mètres. Il est donc vert et reçoit annuellement, selon les régions entre 600 et 1'000 mm d’eau. Il présente de belles terres fertiles dans les vallées et sur les coteaux.
Les cultures de céréales et d’arbre fruitiers occupent de vaste surface dans les plaines tandis que de petits villages consacrés à l’élevage et à l’économie forestière occupent le flanc des montagnes. Le pays est l’un des plus pauvres au niveau européen, son revenu moyen mensuel par habitants est de l’ordre de 350€ tandis que le salaire minimum est fixé à la moitié de cette somme. L’économie était essentiellement rurale et 80% de la population vivait de la terre en 1945, répartie dans plus de 1'600 villages. Aujourd’hui plus de 150 d’entre eux ont été totalement abandonnés et la moitié de la population se concentre dans les dix plus grandes villes du pays, un quart dans l’agglomération de Skopje. Le secteur primaire n’occupe plus que 20% de la population tandis que le chômage connaît un taux équivalent.
Dans les villages que nous traversons, de belles maisons récentes ont sans doute été construites par des émigrés.
Les autres bâtiments paraissent bien entretenus mais nous sommes dans les régions fertiles de plaine. Nous nous dirigeons vers le lac d’Ohrid et la ville du même nom qui fut fondée dans l’Antiquité et fut un important centre religieux et administratif dès le 9ème siècle. Elle conserve un amphithéâtre de l’époque romaine et la cathédrale byzantine Sainte-Sophie construite au 11ème siècle et décorée de magnifiques fresques médiévales.
Celles-ci ont été recouvertes d’un enduit au 16ème siècle, lors de son affectation en mosquée par les Ottomans et retrouvées quasi intactes au 20ème siècle.
Après avoir visité la vieille ville et ses monuments nous partons nous installer pour la nuit sur la rive Est du lac d’Ohrid, le plus grand (358 km2) des 53 lacs du pays, qui fait frontière avec l’Albanie. Profond de 288 mètres, c’est l’un des plus vieux lacs du monde avec le Titicaca et le Baykal.
12-13-14 mai 2019 Pestani (Macédoine) - Oxya (Grèce)
Ciel couvert, pluie l’après-midi, 12 à 15°C. Les 13 et 14, pluie quasi continue.
Le ciel est nuageux à couvert au matin alors que nous attaquons la montée du col qui franchit les monts Galitchitsa (2'254 m), dans le parc naturel du même nom. Le massif sépare les lacs d’Ohrid, doyen des lacs d’Europe à 693 m d’altitude, et le lac Prespa, à 855 mètres d’altitude, ce dernier s’écoulant à travers le massif karstique dans le premier.
La route s’élève dans de magnifiques forêts de feuillus jusqu’à 1'600 mètres d’altitude, offrant de magnifiques points de vue sur le lac d’Ohrid et sa rive albanaise.
Le col débouche sur un plateau de pâturages dans lesquels les arbres, éprouvés par l’altitude, stagnent à la forme de buissons. Nous descendons ensuite en direction du lac Prespa alors que le ciel se couvre de plus en plus et que la pluie commence.
Nous rejoignons ensuite la route nationale qui nous conduit en direction de la ville de Bitola, (75'000 habitants) près de la frontière grecque. La ville a été fondée au 4ème siècle avant J-C lors de la conquête de la région par Philippe II de Macédoine. Son nom initial était Heraclea Lyncestis et un site archéologique important est situé à deux kilomètres du centre-ville. Lors de la conquête romaine elle devint une étape importante sur la Via Egnatia, voie romaine qui reliait Byzance à l’Adriatique. Nous nous rendons sur le site archéologique, malheureusement sous un déluge qui nous dissuade de le visiter.
Nous reprenons notre route en direction de la frontière grecque, distante d’une quinzaine de kilomètres et de la ville de Florina. Le passage de la frontière se fait sans encombre, les douaniers grecs ne visitant même pas le véhicule. Nous dépassons Florina et montons sur les pentes boisées du Mont Verno qui culmine à plus de 2'300 mètres. Le col que nous franchissons, sur une crête pelée à environ 2'000 mètres d’altitude, abrite une base militaire et les photos sont interdites. Elle protège de grandes antennes qui hérissent le sommet, sans doute pour observer l’Albanie située en contrebas, à une vingtaine de kilomètres à l’Ouest. Le temps couvert ne nous permet guère d’apprécier le panorama. Nous redescendons ensuite en direction de Kastoria, en passant par le site d’une piste de ski située sur le flanc Ouest de la montagne.
Nous stoppons, vers 18 heures, quelques kilomètres plus bas au-dessus du village d’Oxua à côté d’une antenne.
Celle-ci, oh merveille ! va nous inciter à rester sur place les deux jours de déluge suivants, car elle nous offre une parfaite connexion à Internet. Journal et traitements des photos vont occuper nos journées tandis que les gouttes tambourinent sur le toit de Babar avec de rares accalmies.
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