ITINERAIRE EFFECTUE du 27 novembre au 13 décembre 2015
1738 km dont 1201 km de piste parcourus au Chili
en 17 jours (moyenne 100 km/jour)
27 novembre 2015 Trevelin (AG) – Puerto Ramirez (CL)
Nous ne sommes qu’à une vingtaine de kilomètres de la frontière
Le contrôle de sortie à la douane argentine est limité à la vérification de la présence du quad après une petite demi-heure de queue pour remplir les papiers. A la douane chilienne les choses sont plus sérieuses puisque les importations de fruits, légumes, viandes, ou autre matière d’origine biologique, sont interdites ou strictement réglementées. Après les contrôles et papiers de police et de douane nous devons remplir le formulaire concernant les produits organiques sur lequel il vaut toujours mieux annoncer de tels produits pour permettre par la suite le tri par l’inspecteur. Après une bonne demi-heure consacrée aux formulaires vient le temps de l’inspection et le douanier conteste la pratique de son collègue qui a mis le camion et le quad sur un seul formulaire ! Le collègue effectue la correction sans enthousiasme, tandis qu’à l’extérieur Sylviane assiste à la fouille en règle de la Doka et de la cellule habitable sans qu’il n’y ait de remarque fondamentale, à l’exception de mon bâton marocain de test de pneus, qui est en bois brut et qui est finalement laissé sur le banc de la dinette. Nous quittons la douane après une heure et découvrons nos premières images chiliennes.
Depuis la douane c’est un beau ruban de bitume, d’une vingtaine de kilomètres, qui nous amène à la première localité, Futaleufu, environ 1'800 habitants. Le changement de type de constructions est frappant, si le plan de la localité reste orthogonal autour d’une grande place verte, l’ensemble des bâtiments est réalisé en bois. L’impression de se trouver dans une ville du Far West est frappante et les maisons, commerces et hôtels, alignés derrières leurs barrières de bois, sont chaleureux.
La visite de trois épiceries nous fait cependant vite découvrir la pauvreté de l’approvisionnement. Les rares légumes sont en piteux état et il n’y a pas de viande fraîche. Le contraste avec les supermarchés du pays voisin est flagrant, peut-être est-ce dû à la petite taille du bourg.
Nous quittons Futaleufu par la piste qui a remplacé l’asphalte et plongeons dans une vallée verte et boisée, parsemée de petites exploitations agricoles de pâtures. Ce paysage nous rappelle des images du Montana et du Wyoming.
28 novembre 2015 Puerto Ramirez (CL)- Termas del Sauce
Notre descente de vallée se poursuit pendant 30 kilomètres avant de rejoindre la Carretera australe (RN 7) qui est goudronnée sur ce secteur.
La Carretera australe est une route récente mais pourtant déjà légendaire, de plus de 1'200 km, qui relie Puerto Montt, dernière grande ville du Sud chilien, à Villa O’Higgins, bourg blotti contre la Cordilière à une centaine de kilomètres au Nord du Fitz Roy. Sa construction a été, et son amélioration est, une performance, tant la côte Sud du Chili est étriquée entre le Pacifique Sud et les Andes. Ici pas moyen de prendre ses distances par rapport à la montagne sans tomber sur les fjords en dentelle d’une côte infiniment découpée. C’est le dictateur Pinochet qui a décidé, en 1985, de construire cette route pour relier les contrées les plus australes du Chili au reste du pays. Jusqu’alors seuls des ferrys reliaient, peu fréquemment, les régions habitées des basses vallées et des ports du littoral austral, pourtant souvent occupés depuis un siècle. Dans la partie Nord du parcours et à son extrémité Sud il est encore nécessaire de prendre, sur des tronçons limités, des ferrys beaucoup plus réguliers que par le passé. La route a été achevée en 1995 et a entraîné la mort d’une dizaine d’ouvrier au cours de travaux dangereux et parfois herculéens. Son coût a été chiffré à l’époque à plus de 300 millions de dollars. Contrairement à ce que certains pensent, la construction de cette route n’a certainement pas été qu’une question de prestige, mais la volonté de renforcer le développement humain et économique des régions australes du Chili.
C’est cet esprit de pionnier que nous découvrons dans les paysages qui entourent la Carretera australe (RN 7). Les traces des défrichements des pâturages que nous traversons sont présentes en permanence sous forme de tas de troncs d’arbres et souches pourrissants depuis une cinquantaine d’années pour les plus anciennes ou sous forme de troncs et branchages pour les plus récentes. La priorité des constructions est accordée aux bâtiments d’exploitation, souvent plus vastes que les bâtiments d’habitation.
Après une escale repas de midi dans un beau restaurant avec wifi, à La Junta, nous quittons la RN 7 pour nous enfoncer dans la vallée conduisant à Raoul Marin Balmaceda, un petit port au bout du monde. En chemin, alors que nous recherchons les Termas del Sauce, une famille plantant les pommes de terre nous arrête pour nous dire que les termes sont fermés mais qu’ils vont nous donner la clef pour la nuit. C’est à cet endroit, perdu en pleine nature pastorale, à 3 kilomètres de la piste principale, que nous passons la nuit.
29 novembre 2015 Termas del Sauce – Raul Marin Balmaceda et retour.
Les Termas del Sauce appartiennent à la famille qui nous a interpellé hier et qui sont des pionniers d’origine germanique de la 4ème génération. Le grand-père, âgé d’une septantaine d’année, ne parle plus l’allemand, il nous explique en espagnol que son domaine compte environ 2'000 hectares, dont les termes. Les bains sont blottis au fond d’une vallée accessible, depuis la piste principale, par une étroite piste dans les pâturages de 3 kilomètres. Le bétail que nous dérangeons à peine, des vaches allaitantes, est de belle qualité.
Un petit camping avec douche, sanitaires, réfectoire et chaises longues, est clôturé et bien entretenu.
C’est au pied des rochers que sort la source, canalisée par des planches jusqu’à un bassin en bois d’environ 3 mètres sur 8 et d’une profondeur de 70 centimètres. Celui-ci est implanté dans le lit d’une petite rivière qui longe la source et est complété par des bains privatifs réalisés dans trois compartiments dont les parois de bois dissimulent leurs occupants à la vue des autres baigneurs. L’eau jaillit à une température de 45 à 50 °C et lorsque nous avons voulu nous baigner le soir en arrivant, la température du bassin était trop élevée. Notre hôte, lors de sa visite-bain du soir (la ferme est à environ 6 km par la piste) a réglé le mélange avec l’eau de la rivière et notre bain privé du matin a été long et délicieux.
Nous partons ensuite pour Raul Marin Balmaceda, le port du bout du monde, isolé à l’extrémité de 60 kilomètres de piste, généralement bonne sous réserve de passages au pied des rochers un peu étroits, et surtout de ponts de madrier incertains en voie d’être remplacé par des ponts en béton.
Notre port, entièrement rénové, dessert un village sans charme qui compte par contre de superbes plages de sable, entourées d’innombrables genets en fleurs, où je fais une promenade de deux heures sans apercevoir de cétacés. Nous prenons le chemin du retour et stoppons pour la nuit quelques kilomètres avant les Termas del Sauce.
30 novembre 2015 Termas del Sauce – Ventisquero Colgante
Cette piste restera pour nous la piste des « grandes rhubarbes », en effet des plantes imposantes, qui ressemblent à nos rhubarbes bordent toute la deuxième moitié de la piste en direction de la mer. La nalca est le plus grande herbacée du monde. Elle porte des feuilles circulaires dentelées, de plus de 1 mètre de diamètre, qui poussent sur une seule tige, deux ou trois à la fois. Leur sommet atteint jusqu’à 2 mètres de hauteur et le cœur de la plante porte une graine, ressemblant à un lupin, qui peut atteindre un mètre de hauteur et se colore de pourpre à floraison. Les jeunes tiges des feuilles sont, paraît-il, comestible en novembre, nous n’avons pas essayé…
Nous mettons ensuite cap plein Sud sur la Carretera, qui est goudronnée sur une trentaine de kilomètres avant de redevenir piste.
La piste nous conduit dans le parc national Queulat où nous passons la nuit.
1er décembre 2015 Ventisquero Colgante – Toqui Mine
Un sentier, bien aménagé, part des parkings du parc national Queulat et conduit à un pont suspendu en bois, d’une quarantaine de mètres de longueur, qui enjambe le torrent exutoire du lac de fonte du glacier. Le cheminement boisé suit ensuite cette rivière laiteuse et impétueuse sur un bon kilomètre pour permettre d’atteindre l’extrémité aval du lac. Là le glacier se révèle dans toute sa splendeur. Il est perché, comme dans une vasque, au sommet de falaises de plus de 500 mètres de hauteur, et laisse échapper son eau de fonte dans deux cascades qui se précipitent verticalement, derrière des contreforts rocheux, à proximité de l’extrémité du lac.
De retour au parking, alors que nous préparons le départ, nous voyons arriver Emmanuel et sa famille, que nous avons déjà rencontrés à Montevideo et à Valdez. Un sympathique échange d’expérience suit sur le parking puis chacun reprend son programme.
Nous quittons le parc national et le fjord, poursuivant sur la RN7 Carratera, en longeant la rivière Queulat pour attaquer la montée des lacets serrés et tôlés de la Cuesta du même nom.
Nous rejoignons bientôt le goudron pour une soixantaine de kilomètres, au fond de la vallée du Rio Cisnes, et suivons de belles vallées vertes entourées de montagnes enneigées au-dessus 1'000 mètres. Nous le quittons au moment de reprendre le chemin de la montagne, dans une vallée constellée d’arbre à la floraison rouge.
Notre piste suit le Rio Toqui et signal l’existence d’une mine au fond de cette vallée. Nous enchaînons les premiers kilomètres et virages lorsque soudain un semi-remorque de 40 ou 50 tonnes surgit à vive allure dans un nuage de poussière. La piste a beau être large, la vitesse du mastodonte est impressionnante et nous ne nous faisons aucune illusion sur ses capacités de freinage d’urgence sur le sol graveleux.
Nous dépassons le site minier de 2 kilomètres pour nous installer pour la soirée et la nuit dans une vallée plate et large qui offre un magnifique panorama sur la chaîne du Cerro Catedral, frontière avec l’argentine à une quinzaine de kilomètres.
2 décembre 2015 Toqui Mine - Nirehuao
Nous reprenons notre piste et attaquons prudemment une descente vertigineuse sur El Gato, petit village de la vallée du Rio Nirehuao. Nous remontons cette vallée en direction de la localité du même nom à l’amont de laquelle se trouve une Vallée de la Lune, il doit donc y avoir quelque chose à voir. Quelques kilomètres avant d’atteindre le bourg nous apercevons une bonne vingtaine de cônes volcaniques qui émergent des prairies sèches. Après une escale ravitaillement, marquée par un bel arbre de Noël en bouteille Pet qui trône au milieu d’un square, nous nous élançons sur la piste de la Vallée de la Lune pour nous rapprocher des anciens volcans.
Ceux-ci constituent autant de dômes de 100 à 300 mètres de hauteur, et d’un diamètre variable, qui ponctuent la vallée aride sur une quinzaine de kilomètres. Le temps est malheureusement laiteux et ôte du relief à ce paysage magnifique.
MISE A JOUR 01.01.2016
3 décembre 2015 Nirehuao – Puerto Chacabuco
Nous progressons en direction de Coyhaique, dernière ville du Sud chilien. De belles estancias verdoyantes d’élevage nous entourent avec, par endroit, des surfaces cultivées. Une profonde vallée constitue le dernier obstacle qui nous sépare de la cité qui compte plus de 44'000 habitants. Le beau camping annoncé dans notre guide est déliquescent est nous pénétrons dans un centre-ville dont le plan de circulation est abscons et perturbé par de nombreuses fermetures de rues. Après une ou deux manœuvres téméraires nous réussissons à atteindre la station Shell où nous restons parqués après avoir fait le plein.
La plupart des constructions sont en partie ou totalement en bois.
Après le repas et contrôle de la météo sur internet, il y a une fenêtre météo pour la journée de demain, les croisières n’ayant pas lieu le week-end et la semaine prochaine étant maussade. Nous nous décidons finalement, malgré le prix élevé de l’excursion. Départ et retour de Puerto Chacabuco avec possibilité de laisser Babar sur le parking de l’hôtel Loberias del Sur, organisateur de la sortie.
Le programme de l’après-midi est donc trouvé et après les achats de nourriture il ne nous reste plus qu’à partir en direction de Puerto Chacabuco, distant d’une huitantaine de kilomètres à l’Ouest, par la profonde et encaissée vallée du Rio Simpson. Nous prenons nos quartier sur le parking fermé de l’hôtel en fin de journée.
4-5 décembre 2015 Puerto Chacabuco – Laguna San Rafaël – Puerto Ingeniero Ibanez
La diane est avancée à 6 h 15 car nous devons être à 7 heures dans le hall de l’Hôtel, pour un café d’accueil et le transbordement au port, le bateau partant à 8 heures. C’est un catamaran de 26 mètres, pouvant emporter une centaine de personnes qui nous emmène à plus de 40 km/h sur les eaux du fjord Aysen, puis du canal Costa et du canal Elefantes.
Ces voies de navigation, coincées entre les montagnes du continent et des dizaines d’îles nous conduisent sur environ 220 kilomètres jusqu’à la Laguna San Rafaël. Ce plan d’eau presque circulaire, d’une douzaine de kilomètres de diamètre, que l’on atteint par un chenal étroit de 8 kilomètres, reçoit la langue glacière San Rafael.
D’une largeur de 2 kilomètres, le front du glacier sur la mer a une hauteur de plus de 60 mètres dont plus 30 mètres pour la première paroi. Une excursion d’une demi-heure en Zodiac de 10 personnes nous permet de nous approcher à 200 mètres du glacier et de naviguer entre les blocs de glace fraîchement vêlés. Nous assistons à l’effondrement de plusieurs séracs dans de sourds grondements.
Nous ne regrettons absolument pas notre croisière dans un bateau confortable et avec petit-déjeuner et déjeuner de belle qualité, servi sur plateau, comme dans un avion. Le karaoké qui se déroule dans le salon du premier étage nous donne l’occasion de découvrir la ferveur des sud-américains pour la danse et même ceux qui n’ont pas fait la sortie en Zodiac ont des déhanchements qui font envie…
Le 5 nous reprenons le chemin du retour pour Coyhaique. Etant approvisionnés, nous dépassons la ville sans nous arrêter et poursuivons dans la haute et vaste plaine du Rio Simpson. Cette région paraît particulièrement riche au plan agricole avec de grandes exploitations et d’immenses champs cultivés.
Nous pénétrons ensuite dans la réserve nationale Cerro Castillo par une vallée boisée qui nous élève jusqu’à un col à 1'100 mètres d’altitude. Les montagnes qui nous entourent sont dentelées et colorées, mais nous ne voyons aucun huemule (cerf des Andes), malgré les innombrables avis de danger de collision avec ces animaux. La route plonge ensuite vertigineusement vers la vallée du Rio Ibanez pour atteindre le village de Villa Cerro Castillo, au pied de cette montagne de 2'675 mètres, qui ressemble aux doigts d’une main.
C’est là que nous croisons la Land avec cellule de Michel et Michèle, deux français rencontrés brièvement à Valdez avec lesquels cela avait « tout de suite croché ». Nous partageons un verre puis décidons de partir nous installer à Puerto Ingeniero Ibanez, au bord du lac General Carrera, pour passer la soirée et la journée de demain.
6-7 décembre 2015 Puerto Ingeniero Ibanez – Lago Verde
Après une bonne soirée passée hier avec Michel et Michèle et une excellente nuit nous poursuivons notre sympathique partage de vie nomade, familiale et anciennement professionnelle dès le petit-déjeuner achevé.
L’après-midi nous partons faire une balade sur la côte rocheuse du lac Carrera qui nous offre des teintes bleus aussi variées que vives.
Après le repas nous recevons un cadeau du ciel, au sens propre, sous la forme d’un tableau de nuages somptueux, issus d’une confrontation de courant Est-Ouest, éclairés par un soleil couchant qui donne des teintes exceptionnelles. Si Michelange était présent il en mangerait son pinceau et reprocherait au Créateur de ne pas lui avoir montré un tel modèle !
Au matin du 7, toujours sous un soleil radieux et venté, nous nous remettons en route vers 9h30. La route qui nous permet de rejoindre la Carretera commence par une forte montée d’une dizaine de kilomètres et le Land de nos amis nous rattrape avant la RN7 australe. Cette dernière nous impose une descente aussi forte que la montée précédente et je m’arrête pour proposer à Michel de passer devant, Babar étant bien plus lent à la descente pour ménager ses freins. Nos amis nous indiquent alors qu’ils ont eu de la peine à démarrer, qu’ils ont essayé en vain de nous faire signe, mais que finalement le moteur du Land s’est lancé. Ils préfèrent donc nous suivre jusqu’à Villa Cerro Castillo. Nous nous arrêtons au début d’une rue qui pénètre dans le centre du village tandis que le Land hoquette et ne redémarrera plus faute d’alimentation en carburant. Nous passons une bonne partie de la journée, aidé de deux jeunes du village fort sympathiques et doués en mécanique, à identifier l’origine du défaut d’alimentation, sans succès.
Finalement nous devrons nous résoudre à demander l’intervention d’une dépanneuse depuis Cohayque à 100 kilomètres pour transporter le Land. C’est finalement vers 19 heures, simultanément à la dépanneuse, que nous quittons Villa Cerro Castillo pour nous arrêter une vingtaine de kilomètres plus loin.
8 décembre 2015 Lago Verde – Glacier Exploradores
Nous traversons, dans les kilomètres qui suivent, la fin d’un énorme chantier qui commence à Villa Cerro Castillo et recrée la Carretera australe, avec un gabarit de route nationale, sur plus d’une trentaine de kilomètres. Les fronts de rocher taillés à coup d’explosifs dépassent parfois 15 mètres de hauteur, et les interruptions de trafic sont longues et nombreuses aux dires des voyageurs. Ces travaux d’Hercule, comme d’autres rencontrés plus haut sur la Carretera sont annoncé par de grands panneaux en couleurs du gouvernement avec le slogan : « Des ouvrages qui unissent la Chiliens ».
Le Lago Carrera nous offre à nouveau des couleurs somptueuses au long de la vingtaine de kilomètres de rives qui nous conduit jusqu’à Puerto Rio Tranquilo.
La piste étroite de la vallée du Rio Exploradores dans laquelle nous nous élançons, a été construite dans les deux dernières décennies, elle remonte la petite vallée du Rio Tranquilo puis longe le lac du même nom. Nous progressons dans la verdure des estancias sur un chemin noyé dans les lupins jaunes qui parfument l’air ambiant.
Un petit cimetière ancien domine le lac. Ici les tombes sont protégées par de petites cabanes en bois au toit de tôle et dotées de fenêtres comme de vraies maisons.
Dans ce vieux cimetières les toitures sont, comme les façades en tavillons épais.
En longeant des parois de rocher verticales de plusieurs dizaines de mètres de hauteur, la piste coincée par la rivière, nous conduit enfin dans la vallée du Rio Exploradores qui nous rapproche des glaciers suspendus aux flancs de montagnes qui atteignent 1800 à 2’000 mètres. Nous atteignons après 52 kilomètres celui que nous sommes venus voir : le glacier Exploradores dont la langue descend presqu’au fond de la vallée. C’est une émanation du Campo Hielo San Valentin, dont le sommet proche atteint 4'000 mètres. Une excursion, sous un ciel maussade, au sommet de la moraine qui sépare la piste du bas du glacier termine la journée.
MISE A JOUR 02.01.2016
9 décembre 2015 Glacier Exploradores – Puente General Carrera
La journée commence par un peu de mécanique car les vibrations de la tôle ondulée des pistes ont eu raison de notre deuxième verrou de fixation de l’escalier en position fermée. Il s’agit de mettre en place une solution de substitution semblable à celle que j’ai mise pour le premier. L’affaire prend une bonne heure et j’en profite pour resserrer quelques boulons.
Nous reprenons ensuite la piste en direction de Puerto Rio Tranquilo cadrés par les magnifiques lupins jaunes.
Puis nous partons direction Sud sur les rives du Lago General Carrera, le plus grand lac du Chili avec 970 km2, qui est partagé à son extrémité Ouest avec l’Argentine, où il porte le nom de Lago Buenos Aires. Sous un soleil radieux entre de rares nuages, les couleurs du lac, de ses îles et des montagnes sont exceptionnelles.
10 décembre 2015 Puente Gen. Carrera – Caleta Tortel
Nous reprenons la piste montagneuse sur une trentaine de kilomètres jusqu’à Puerto Bertrand. Nous prenons le temps de visiter ce petit village de quelques centaines d’habitant qui fait partie de la commune de Chile Chico, situé à l’Est à la frontière argentine. Le village n’est constitué que de petites maisons en bois, parfois doublées en tôle, qui sont disséminées autour d’une grande place centrale en voie d’aménagement. Une fois de plus l’attrait des sud-américains pour les places monumentales est flagrant.
Nous suivons la vallée du Rio Baker, plus long fleuve du Chili. La route serpente sur les flancs vallonnés du fleuve qui fait une grande boucle avant Cochrane, dernière localité importante du Sud chilien avec environ 3'000 habitants.
11 décembre 2015 Caleta Tortel
Caleta Tortel est l’extrémité Sud de la Carretera Australe atteignable par la route. La fin officielle de celle-ci est à une centaine de kilomètres au Sud-Ouest, à Villa O’Higgins, mais c’est un cul de sac routier après une traversée en ferry assurée par l’armée chilienne.
Caleta Tortel est un village de 500 habitants, niché aux flancs rocheux d’une baie du bout du monde. Il a plusieurs particularités : les premiers colons non indigènes, car ce territoire était celui des Alkalufs, chasseurs et pêcheurs qui se déplaçaient en canoë, sont arrivés ici en 1955 !
Visiter sur la planète un village qui est son contemporain, voilà une occasion que je ne voulais pas manquer. Autre particularité de Tortel : le village s’est développé sur les flancs rocheux et par secteurs abrupts d’une baie et n’est desservi que par des passerelles. La piste gravi par l’arrière, depuis le niveau du Rio Baker, l’éperon rocheux contre lequel le village est bâti et débouche sur une place avec parking située au sommet du village. Depuis là seules des passerelles desservent les maisons et commerces du bourg. Celui-ci vit du tourisme, de la pêche et de l’exploitation du cyprès.
Les passerelles qui longent la baie au-dessus de l’eau ont plus de 1,5 km de longueur. Elles permettent de voir la mise en œuvre d’un important programme d’assainissement par la construction de fosses septiques au bas de chaque collecteur d’égouts.
Des artisans, pêcheurs et commerces sont installés au long des passerelles qui accueillent aussi les infrastructures collectives comme la crèche ou le couvert des pompiers avec bateau et motopompe.
En fin de journée un bus-camping français se parque au voisinage et nous rencontrons Jérôme, Valérie et leur fils Charles, que nous avions déjà rencontrés en Islande en 2014. Nous partageons un moment sympathique avec eux et échangeons nos expériences d’AS.
12 décembre 2015 Caleta Tortel – Valle Chacabuco
Nous quittons mon village contemporain vers 9 h 30 pour remonter la vallée du Rio Baker en direction de Cochrane.
Nous atteignons à nouveau la vallée du Lago Chacabuco et stoppons pour le casse-croûte sur une belle herbe, devant des grands arbres, face au panorama qui m’a déjà fait rêver deux jours plus tôt. Je m’offre deux heures de contemplation après le repas, assis dans un fauteuil à déguster le paysage à pleines mirettes. Ah j’achèterais bien quelques hectares par ici, avec une source, pour construire une belle cabane en rondins avec terrasse et cheminée… mais la navigatrice veille au grain et ne veut pas s’encroûter !
La vallée du Rio Chacabuco est effectivement superbe, offrant à son début de vastes prairies sèches parsemées d’affleurements rocheux. Puis les roches s’affirment davantage, laissant cependant de grandes surfaces peuplées de guanaco pour les herbages.
13 décembre 2015 Valle Chacabuco (Chili)
C’est dimanche et nous restons sur place pour profiter de l’environnement magnifique et avancer dans nos tâches logistiques. Nous avons également quelques aliments à savourer qui sont incompatibles avec le passage de la frontière de l’Argentine…
© 2014-2017 SBECKLVD Tous droits réservés