MISE A JOUR 17.03.2016
ITINERAIRE EFFECTUE du 16 au 22 février 2016
de Junin de los Andes (Argentine) à Abtao juste avant le ferry pour l’île de Chiloé
788 km dont 95 km de piste parcourus au Chili en 7 jours
(moyenne 113 km/jour)
16 février 2016 Junin de Los Andes (Arg)- Villarica (Chili)
Nous quittons Junin et son bel esprit de fête, vers 10 heures, pour nous diriger vers le Chili où nous devrions retrouver nos amis français Guy et Maïté avec leur camion MAN. La route quitte la ville direction plein Nord sur une trentaine de kilomètres avant de rejoindre la vallée du Rio Malleo dont nous suivons le cours en direction du Nord-Ouest. Les paysages traversés sont ceux de la pampa sèche avec des échappées sur le volcan Lanin, 3'747 mètres, qui borde, au Sud, le Paso Mamul Malal que nous allons traverser.
Ce col est situé dans le parc national Lanin à l’entrée duquel la route devient piste. Ce parc, qui jouxte la frontière chilienne sur 150 kilomètres compte de nombreux araucarias, ces arbres recouverts de feuilles écailles épineuses que l’on appelle pour cette raison « Désespoir des singes ». Ces arbres produisent d’excellents pignons qui ont longtemps constitués un aliment de base pour les populations natives Mapuche et Pehuenche.
Lorsque nous atteignons le poste frontière argentin, en début d’après-midi, nous rejoignons une file de 43 voitures qui attendent pour effecteur les formalités de sortie.
Il suffit de prendre son mal en patience en observant aux jumelles des randonneurs qui redescendent sur les flancs du volcan Lanin. Après deux heures de queue nous pénétrons dans la zone douanière dont l’entrée est régulée par une barrière. Les formalités sont effectuées en une demi-heure puis nous roulons jusqu’à la douane chilienne où un fonctionnaire accueillant nous reçoit. Après les formalités administratives, le même fonctionnaire, toujours très souriant, procède à une visite scrupuleuse de Babar en devisant sur le déroulement de notre voyage. C’est finalement après presque 4 heures d’attentes et formalités que nous pénétrons enfin au Chili.
Nous entrons dans la région historique d’Araucanie, territoire conjoints des peuples Mapuche, Picunche et Pehuenche. C’est également la région des lacs et des fleuves, qui ont donnés leur nom aux régions administratives concernées. Mais pour nous c’est la région des volcans, puisque dans cette zone, qui représente le quart central inférieur du Chili, il n’y a pas moins d’une quinzaine de volcans en activité sur la cinquantaine que compte le pays.
Le retard pris au passage de douane nous fait déplacer notre point de rencontre sur le port de Villarica, ville de 40'000 habitants, au bord du lac homonyme. Après avoir patienté une heure dans la queue de voiture des vacanciers à l’entrée de Pucon, principal site d’hébergement touristique de la région, c’est dans un cadre idyllique que nous retrouvons avec plaisir nos amis Guy et Maïté.
Légèrement à l’écart du port touristique et des quais aménagés, une petite péninsule de grève naturelle a été préservée et accueille quelques camping-cars en bordure de la baie, face au volcan distant de 25 kilomètres.
17-18 février 2016 Villarica- Los Lagos
La ville de Villarica est plus vivante et moins touristique que Pucon, même si elle compte de nombreuses résidences et immeubles de vacances. Le centre-ville est constitué d’immeubles petits et de nombreuses constructions en bois alignés comme traditionnellement au long de rue orthogonales.
Les commerces non touristiques et les artisans y sont nombreux. Les quais ont du être entièrement reconstruits après le tremblement de terre de février 2010.
Le 18 nous quittons cette ville agréable, en compagnie de nos amis, en direction du Sud et des lacs Calafquen et Panguipulli.
Le paysage est vallonné et magnifique offrant des couleurs saphir aux eaux serties entre pâturages et forêts.
Notre arrivée dans la station touristique de Panguipulli, au bord du lac éponyme, nous fait découvrir l’intensité du tourisme dans la région des lacs, car nous sommes dans les grandes vacances d’été du Chili jusqu’à fin février. Impossible de parquer au centre-ville bondé, pas plus à proximité du lac où nous nous faufilons entre deux files de voitures stationnée, avec une dizaine de centimètres de chaque côté de nos camions.
Nous nous enfuyons rapidement en direction de Los Lagos, au Sud-Ouest, où nous rejoignons la vallée du Rio Callecalle.
19 février 2016 Los Lagos - Valdivia
Nous suivons tantôt par le haut tantôt par le bas la vallée du Calle Calle qui nous conduit à Valdivia. La route est excellente mais avec des rampes considérables qui nous ofrrent des points de vue sur de grandes estancias ou des quartiers avec des constructions éparses d’habitation ou d’activités.
La ville de Valdivia, 140'000 habitants, a été marquée par l’émigration allemande de la deuxième moitié du 19ème siècle. Elle se trouve à la confluence de trois fleuves : le Calle Calle, le Cau Cau et le Cruces. Bien que située une vingtaine de kilomètres en retrait de l’océan, cette abondance d’eau lui permet d’accueillir chalutier et cargo de taille moyenne dans son port situé du côté Ouest.
Le centre-ville est situé sur une presqu’île dans une boucle du Rio Calle Calle en face de laquelle il se divise en deux bras autour d’une île qui a vu s’y établir, en 1850, Carl August Wilhelm Anwandter et sa famille. Député du Brandenburg au parlement prussien il fut profondément déçu par l’échec de la révolution allemande et décida d’émigrer au Chili. Il est rapidement devenu un personnage important de la colonisation.
C’est dans la magnifique maison Andwandter, construite en 1861, que se situe le musée historique et anthropologique de Valdivia.
L’étage est consacré à l’anthropologie, plus particulièrement aux objets anciens des mapuches comme des poteries précolombienne et des tissages.
Deux salles présentent dans de grandes vitrines, des parures, bijoux et symboles de pouvoir en argent d’une qualité exceptionnelle qui témoigne de l’habileté des artisans mapuches.
Au rez-de-chaussée on découvre, dans les pièces de 4 mètres de hauteur aux grandes fenêtres, l’intérieur d’une grande maison bourgeoise de colons allemands de la fin du 19ème siècle. Les meubles et tableaux importés par les migrants sont typique du style de leur pays d’origine et témoigne de l’aisance de la famille Anwandter.
Sur les quais de Valdivia se déroule, sous une grande voûte translucide, quotidiennement un magnifique marché de poissons, de produits de la mer et de primeurs.
Nous avons la chance de pouvoir nous installer dans un parking tranquille, qui borde le fleuve à 500 mètres du centre-ville. C’est là que nous retrouvons nos amis Jean-François et Cornélia qui viennent nous dire bonjour avec leur Toy Azalay… comme en Islande.
20 février 2016 Valdivia - Calfuco
Nous quittons Valdivia vers 12 heures après un nouveau tour au marché. Nous sommes 3 véhicules, mais ne roulons pas en cortège rassurez-vous, ce n’est pas un mariage ! Nous partons donc en ordre dispersé mais sur un même itinéraire qui doit nous permettre de nous retrouver le long de la côte du Pacifique, à l’Ouest de Valdivia. Après avoir franchi les ponts qui permettent de quitter la ville nous nous engageons sur une petite piste en forêt aux déclivités extravagantes tant en montée qu’en descente. Nous entrons en territoire Mapuche.
Le peuple Mapuche, chasseur, cueilleur, éleveur et surtout cultivateur est celui qui a le plus longtemps résisté à la colonisation en Amérique du Sud. Les mapuches ont d’abord résisté aux Incas qui n’ont jamais pu les soumettre, puis pendant plus de 300 ans aux nouveaux envahisseurs, les conquistadores espagnols puis les chiliens, fondateur du nouveau pays au début du 19ème siècle après en avoir chassé les représentants du roi d’Espagne. Les mapuches avait établi une frontière de défense naturelle contre les envahisseurs du Nord dans la vallée du Rio Bio Bio, à 250 kilomètres au Nord de Valdivia et 500 kilomètres au Sud de Santiago. Les premiers conquistadores parvinrent, par les hauts cols andins, dans la région de Santiago en 1541 sous la conduite de Pedro de Valdivia qui fonda la ville. Six mois plus tard dans une contre-offensive, les indigènes rasèrent la ville et firent prirent les réserves de colons qui résistèrent malgré cela. La population des colons commença à augmenter et s’implanter définitivement dans les vallées centrales avec l’aide d’alliées inattendues : les maladies européennes qui décimèrent les populations natives. Valdivia mourut en 1553, prisonnier de Mapuches, après avoir fondé plusieurs villes. Plus au Sud, les espagnols ne réussirent à installer que quelques points fortifiés le long de la côte, au prix de combats acharnés. Finalement ils ouvrent des relations diplomatiques avec les Caciques (chefs) dès 1641, et pendant plus de 2 siècles, marqués par 28 traités qui reconnaissaient la souveraineté des Mapuches sur plus de 100'000 km2 du Sud chilien, ils établissent la paix. Avec l’avènement de la république chilienne et les massacres de la fin du 19ème siècle en Argentine, les pressions sur ce peuple l’ont finalement amené à signer en 1881 un traité qui plaçait ses terres sous la souveraineté du Chili. Il a vu par la suite son territoire diminuer, sous la pression des nouveaux colons, à environ 5'000 km2 de reducciones, zones de peuplement, où une partie des Mapuches, qui sont environ 600’000 dans le pays, survivent sur de petits lopins en pratiquant les activités agricoles traditionnelles et des activités liées au tourisme.
La côte sur laquelle nous arrivons par une descente « en toboggan » qui nous fait perdre 300 mètre de dénivellation en 4 ou 5 kilomètres est sauvage et magnifique. Le Pacifique, qui porte mal son nom sous ces latitudes, use les moraines côtières à coup de vagues impressionnantes qui roulent sur plusieurs centaines de mètres sur des plages sablonneuses ou se brisent contre des rochers.
Les petits lopins de terres clôturés des Mapuches, avec leurs maisons en bois, sont disséminés tout au long de la côte, sur les pentes ou les replats bordant les moraines côtières. L’humidité est importante et la végétation abondante à l’exception des parcelles où la surpâture est évidente.
Après avoir partagé le repas de midi sur un promontoire qui domine une petite anse sablonneuse cernée par les récifs, nous roulons quelques kilomètres et nous installons, avec nos deux couples d'amis, au sommet de la moraine qui domine une plage de 4 à 5 kilomètres de longueur.
21 février 2016 Calfuco – Puerto Octay
Nous nous séparons de nos amis Cornelia et Jean-François, qui poursuivent leur voyage vers le Nord, tandis que nous plongeons vers le Sud avec Maïté et Guy.
Après quelques kilomètres sur cette belle côte, nous remontons ensuite la rive du Rio Valdivia jusqu’à la ville homonyme que nous traversons rapidement pour reprendre la route, puis une piste au Sud-Est en direction de La Union. La piste, assez mauvaise traverse de grands massifs forestiers et les quelques activités agricoles autour des rares maisons doivent être des compléments au bûcheronnage.
Une vingtaine de kilomètres avant La Union nous sortons des massifs forestiers pour retrouver de grands domaines agricoles sur des terres vallonnées et la route goudronnée.
La petite ville a un air rétro avec de nombreuses maisons anciennes en bois. C’est un gros bourg rural qui semble peu touché par la modernité et dont le préau de l’école contient une immense pile de bois qui nous rappelle les souvenirs de notre enfance avec ses classes où trônait un gros fourneau.
Plus loin nous passons à côté de la grande usine Nestlé de Cancura, qui valorise la production laitière de la région. Les accès aux fermes portent d’ailleurs fièrement le nom de l’exploitation sur un panneau indiquant qu’elles produisent du lait pour la marque suisse. Les domaines sont de grande taille et les troupeaux comptent 100 à 200 vaches laitières.
Nous dépassons Puerto Octay et ses belles bâtisses, puis prenons une piste qui suit la côte du Lago Llanquie entre les gros domaines.
Nous nous installons pour la nuit, avec nos amis Guy et Maïté, sur la rive du lac, face au volcan Osorno situé sur la rive d’en face, à une trentaine de kilomètres.
22 février 2016 Puerto Octay - Abtao
Nous démarrons vers 9 heures 30 pour poursuivre notre découverte de la rive Ouest du lac Llanquihue. Les grands domaines issus de la colonisation allemande du 19ème siècle continuent de marquer le paysage de cette belle campagne dont les terres paraissent fertiles.
Nous arrivons bientôt à Frutillar, petite ville de 15'000 habitants, dont de nombreux bâtiments sont de style allemand. Ces bâtiments deviennent, lorsqu’ils sont restaurés, de vrais bijoux, comme nous en avons aussi vu à Valdivia.
La ville a construit le Tetro Lago Sur, dont les travaux ont durés une dizaine d’année et coûtés plus de 20 millions de francs. Cet édifice essentiellement en bois, construit sur pilotis sur la rive du lac, comprend une salle de concert de 1'200 places, aux qualités acoustiques exceptionnelles. Un amphithéâtre de 280 places et un restaurant complètent l’équipement. La qualité des lieux permet d’inscrire un programme de qualité internationale qui voit se produire des artistes et des ensembles renommés au plan mondial.
Nous quittons le bourg pour prendre l’autoroute en direction de Puerto Montt, 170'000 habitants, capitale de la région des Lacs. Nous devons nous rendre au garage MAN, pour prendre rendez-vous pour effecteur un service et surtout changer les paliers caoutchouc amortisseurs des charnières de cabine qui sont fatigués et déclenche « l’esprit frappeur » côté gauche, chaque fois que nous roulons sur une piste un peu sévère. Nous arrivons au garage, qui comme prévu, ne peut nous prendre en charge, tout de suite. Nous prenons rendez-vous pour mercredi dans 8 jours, afin d’effectuer les travaux dont la durée, après listage, est estimée entre 2 et 3 jours. Nous aurons ainsi le temps de visiter l’ìle de Chiloé avant notre retour au garage.
C’est donc vers le Sud que nous reprenons notre voyage sur l’autoroute toute neuve, qui se terminera, en 2020, par un pont de 5 kilomètres qui reliera l’île au continent. Avant d’arriver à Pargua, départ du ferry pour Chiloé, où nous retrouverons demain Guy et Maïté, nous obliquons sur une petite route en direction de l’Est pour atteindre Abtao, petit port de pêche, dont une plage isolée à l’extrémité de la péninsule nous accueille. J’entre en contacts avec Jerenemo, un pêcheur de coquillage sympathique, qui retape sa navette. Lorsqu’il part en mer avec son bateau, vraisemblablement avec sa femme, il plonge, en respirant par un tuyau l’air propulsé par un compresseur, jusqu’à une dizaine de mètres, pour recueillir les fruits de la mer.
Il vient bientôt nous proposer des palourdes magnifiques pour moins de 3 francs et nous ne pouvons refuser.
Nous devons bientôt appeler « SOS Gastro International », connu en Islande sous le nom de « SOS Bolets International », notre cousin du chemin du Rucher, pour connaître la manière d’apprêter les bêtes qui sont immédiatement savourées pour le repas du soir.
MISE A JOUR 10.04.2016
ITINERAIRE EFFECTUE du 23 février au 1er mars 2016
Depuis Abtao (bivouac avant ferry) à l’île de Chiloé
et retour à Puerto Montt
965 km dont 216 km de piste parcourus sur Chiloé en 8 jours
(moyenne 120 km/jour)
23 février 2016 Abtao – Punta Agül (Chiloé
Chiloé est la deuxième plus grande île d’Amérique du Sud après la Terre de Feu. Les premiers habitants furent repoussés dans les îles situées 300 km plus au Sud lorsqu’ils furent envahis par le Nord par les Mapuches. Les Espagnols débarquèrent en 1567 peu après que la population ait été décimée par une épidémie de petite vérole. Une douzaine d’année plus tard c’est une épidémie de rougeole qui réduit encore le nombre des autochtones. Les conquistadores fortifièrent la ville d’Ancud, au Nord de l’île, qui fut un de leurs derniers bastions, tombé en 1826 face aux indépendantistes. En 1843, sur ordre du président chilien une goélette nommée « Ancud » transporta plusieurs centaines de chilotes, pendant 4 mois, pour atteindre et occuper les terres australes objet d’une farouche concurrence avec l’Argentine. Les Chilotes ont toujours gardé un esprit d’indépendance à l’égard du gouvernement de Santiago qui le leur rendit bien puisque la première route pour traverser l’île ne fut construite qu’en 1950. L’île est réputée pour ses églises en bois dont une quinzaine sont inscrites par l’UNESCO au patrimoine mondial.
Nous débarquons en fin de matinée au port de Chacao qui nous montre immédiatement de belles maisons en bois tavillonnées.
Nous le quittons par une petite piste, plein Ouest, qui traverse une campagne vallonnée, parsemée de petites exploitations agricoles. Après une dizaine de kilomètres la piste nous ramène au bord de mer sur lequel nous découvrons la magnifique église de Caulin, isolée à l’écart du village et heureusement ouverte.
Nous atteignons Ancud, 50'000 habitants, en milieu d’après-midi. La ville est constellée d’innombrables bâtiments en bois avec de nombreuses façades tavillonnées.
Après quelques courses, nous allons visiter le musée créé par la fondation des églises de Chiloé et qui est lui-même situé dans une église.
On peut y voir de belles maquettes des églises, de nombreuses pièces de charpente ou de décoration retirées des édifices rénovés et l’on perçoit clairement les liens entre la charpenterie de ces bâtiments et la construction navale.
Le développement de l’évangélisation des populations locales a commencé en 1607 avec l’arrivée des Jésuites et a par la suite entraîné la construction de près de 150 églises en bois.
Nous nous installons pour la nuit sur une petite grève discrète noyée dans la verdure.
24 février 2016 Punta Agül - Dalcahue
Nous décollons vers 9 h 30 en direction de Punta Guabün, côté Ouest de la péninsule qui fait face à Ancud.
En cours de route nous sommes intrigués par de grands couverts bas, à deux pans, revêtus de feuilles plastiques sous lesquels sèchent des algues sur des tables. Selon ce que nous avons compris, elles sont par la suite mises en sac pour servir de fertilisant dans les champs.
Nous poursuivons notre piste montagneuse sur la côte Nord-Ouest de Chiloé. Les montées et descentes successives nous offrent de beaux point de vues sur les campagnes et les rivages.
A Puñihuil , la piste bétonnée, puisque finissant en toboggan sur le rivage, nous pose littéralement sur la plage. Heureusement la marée est basse et nous pouvons rouler sur la plage sans perturber les activités pour accéder à un autre toboggan bétonné qui fait rugir les chevaux de nos camions pour gravir sur quelques centaines de mètres les 100 mètres de hauteur de la moraine côtière. Après le casse-croûte nous continuons notre exploration sur les hauteurs qui nous offre de magnifiques panoramas sur les côtes dentelées.
Notre volonté de nous rapprocher de l’océan nous conduit sur une piste en toboggan qui débouche dans les dunes qui, sur plus de 3 kilomètres, nous séparent de la plage. Nous renonçons à traverser avec nos monstres et partons pour une ballade à pied dans les dunes qui nous permet de voir une voiture de location que des touristes ont ensablée.
Nous reprenons ensuite plein Est en direction de la route principale du milieu de l’île, sur laquelle nous parcourons une cinquantaine de kilomètres vallonnés jusqu’à Dalcahue. C’est là que nous dénichons, non sans peine, un superbe petit camping, sur un promontoire qui domine le canal de Dalcahue. Celui-ci est couvert d’élevage de poissons et coquillages.
L’économie de Chiloé est d’ailleurs essentiellement basée sur l’élevage de saumon et de coquillage et a été gravement touchée par la crise du saumon, due à l’apparition d’un virus, entre 2008 et 2010. La production du Chili, qui était devenu 2ème producteur mondial, a chuté de 400'000 à 100'000 tonnes et la région de Puerto Montt, dont fait partie Chiloé, a perdu 26'000 emplois et de nombreuses entreprises qui ont fait faillite.
Le gérant du camping de Dalcahue, « Mirando Las Islas » est très sympathique, ses installations son propres et parfaitement tenues, la douche est chaude et il loue un petit pavillon avec trois chambres à 2 lits pour l’équivalent de 55 francs suisses. Une adresse à retenir, même si un peu difficile à trouver sur une mauvaise piste à 2,5 km à l’Est de la ville.
25 février 2016 Dalcahue - Cucao
Après les pleins d’eau faits nous prenons la piste puis la route pour Castro, capitale de l’île située au centre de celle-ci, au bord d’un golfe long et sinueux. La ville, de 35'000 habitants, est très animée en ce milieu de journée et il n’est pas facile de trouver une place de parc pour nos deux poids lourds. C’est finalement le long de la rue qui dessert un quartier de palafittes que nous parquons, en contrebas du centre perché une centaine de mètres au-dessus du niveau de la mer. Les palafittes sont une particularité de Castro qui en compte encore trois quartiers, bâtis sur des pilotis sur les rives du golfe qui baigne la ville.
D’autres ont malheureusement été détruit par le terrible tremblement de terre de 1960 qui a aussi détruit le port, le chemin de fer et l’hôtel de ville. Ces quartiers typiques, aux maisons colorées, sont l’objet d’une controverse qui apparaît sur leurs murs par des textes ou des graffitis qui protestent contre une nouvelle loi qui aimerait soumettre leurs emplacements à des concessions accordées par l’Etat. Construites et habitées par des familles de pêcheurs ou de charpentiers marins, ces maisons se transmettent comme d’autres propriétés alors que l’Etat aimerait que leurs droits s’éteignent au décès des occupants actuels.
Certes quelques-unes ne sont pas entretenues et se » déglinguent », pourtant d’autres, parfaitement rénovées, deviennent des petits hôtels ou des résidences bourgeoises dont la multiplication ferait perdre son esprit au quartier.
Nous gravissons ensuite la colline pour retrouver, au centre-ville, un autre objet remarquable, l’église San Francisco, qui, à l’instar des autres églises de l’île est entièrement en bois. Elle est approximativement de la taille de l’abbatiale de Romainmôtier. Ses façades extérieures sont entièrement recouvertes de tôles martelées peintes avec des couleurs de gâteau au sucre jaune, violet et rose. Son intérieur est réalisé de manière soignée, entièrement en bois de Patagonie.
26 février 2016 Cucao - Detif
La tempête de la nuit a parfois secoué Babar et une petite promenade au bord de l’océan s’impose. La plage est jonchée de ces grosses algues qui sont abondamment consommée ici et de méduses de belles taille précipitées sur la sable et qui n’ont pas moyen de retourner à l’eau. Certaines d’entre elles font 80 cm à 1 mètre de diamètre et connaissent une mort visqueuse.
Nous rejoignons ensuite nos amis Guy et Maïté, arrivé plus tard la veille et qui sont restés au village pour la nuit.
Nous retournons, par la vallée verte parcourue la veille puisque c’est la seule issue, vers la route du centre de l’île et continuons cap au Sud sur une trentaine de kilomètres, jusqu’à la pointe du fjord de Compu.
Quittant la route principale nous nous engageons sur une piste qui serpente entre fjord, forêts petites maisons dispersées au grès des collines, dont les activités agricoles paraissent accessoires aux revenus d’un emploi dans les nombreuses installations d’élevage qui flottent dans le fjord.
Notre jonction avec le goudron qui conduit jusqu’à Queilen est bloquée par le passage d’une course cycliste bien encadrée par les carabineros.
Queilen est une petite bourgade aux maisons de bois dont l’activité se lit à la surface de la mer qui l’entoure. Nous grignotons sur la rive, à proximité de charpentiers navals qui réparent les coques de bois de bateaux qui, chez nous, seraient soignés par l’allumette.
Le charme de Queilen n’étant pas à effet ventouse nous remontons l’asphalte en direction du Nord sur une trentaine de kilomètre pour prendre le ferry qui dessert l’île de Lemuy. Chiloé compte en effet une trentaine d’îles sur sa côte Est en direction du continent.
Première escale à l’église d’Ichuac qui est magnifique mais n’a pas été restaurée. Les voies d’eau du toit en vieux tavillons font des ravages sur les plafonds des bas-côtés.
Nous repartons à travers les petites routes de l’île qui est comme sa voisine très vallonnée. Je prends une piste et suis confronté à une rampe à gravir en 2ème sur 8 vitesses…
Nous repartons dans une succession de virages et de rampes en direction de la péninsule Sud-Est de l’île à travers une campagne avec de petites maisons et des exploitations agricoles de taille limitées. Le village de Detif, et son église au bord de l’eau, s’atteignent par un toboggan spectaculaire.
Là aussi trois paroissiennes suivent le chemin de croix intérieur. Nous visitons cette belle église et allons nous installer sur la plage plus au Sud pour la nuit.
27-28 février Detif - Quinchao
C’est sous la bruine que nous quittons la plage de Punta Detif pour remonter vers le Nord-Ouest et reprendre le ferry. Nous remontons d’abord les montagnes russes de l’isthme qui conduit à Detif par une route qui serpente sur une crête à 200 mètres au-dessus de la mer. Les étendues d’eau que nous apercevons de chaque côté sont constellées de bouées marquant les exploitations d’élevages piscicoles et conchylicoles.
Nous reprenons le ferry pour revenir sur Chiloé et nous arrêtons à Chonchi, petite ville qui compte de nombreuses vieilles maisons et une magnifique église restaurée. Le bâtiment, de style néoclassique date de 1893, c’est la troisième église construite sur le site depuis 1769. Chonchi était un centre de la mission des Jésuites vers le Sud de l’archipel.
Nous poursuivons vers le Nord et retraversons Castro en direction de Dalcahue où se situe le ferry pour aller sur l’île de Quinchao. L’étape du jour étant courte nous prenons le temps d’un arrêt à Dalcahue pour parcourir le marché et les rues du centre et naturellement visiter l’église bâtie en 1849.
Après moins d’un kilomètre de traversée en ferry nous débarquons sur l’île de Quinchao
Nous visitons l’église d’Achao, la plus ancienne puisqu’elle date de 1740.
Nous assistons, l’après-midi, au chargement de plusieurs camions remorques de moules fraîchement récoltées dans les exploitations qui irisent la mer. Elles sont acheminées à Quemchi, à 80 kilomètres au Nord, où elles seront nettoyées triées et emballées. Il y a 36 à 38 palloxes par train routier ce qui doit représenter 12 à 15 tonnes de moules.
Dimanche en fin de journée nous sommes rejoints par un sympathique couple français : Charles-Armand et Marion qui voyagent en Land Rover, avec leur fils à croquer Joseph, 2 ans, qui tombe rapidement amoureux de Babar. Nous profitons, au cours de ces deux journées, de l’excellent wifi de l’école devant laquelle nous sommes stationnés, en bord de mer.
29 février Quinchao - Lliuco
C’est par un petit crochet jusqu’à la pointe sud de l’île que nous commençons notre journée vers 10 heures. Nous avons quitté nos amis Guy et Maïté qui veulent visiter la péninsule de Rilan tandis que nous remonterons vers Quemchi avec quelques églises au passage… Notre crochet au Sud se termine devant les entrepôts d’une exploitation de produits de la mer sur une plage au large de laquelle flottent des myriades de bouées…
Mais le beau temps, légèrement brumeux, nous permet de voir plusieurs volcans du continent situés à une cinquantaine de kilomètres à l’Est. Nous remontons ensuite la quarantaine de kilomètres de la route du centre de l’île de Quinchao, jusqu’au ferry qui nous ramène à Dalcahue.
Après le casse-croûte nous regrimpons un nouveau raidillon en cherchant un raccourci en direction de l’Ouest pour nous amener à San Juan qui est à 5 kilomètres. Puis un toboggan nous précipite vers la grande bleue et nous offre une vue plongeante sur le hameau, son église et un impressionnant chantier naval qui jouxte celle-ci.
Le chantier naval vole la vedette à l’église, occupant une petite dizaine d’hommes, il rénove et construit des bateaux entièrement en bois de plus de 24 mètres de longueur et 6 mètres de largeur, faits pour affronter la haute mer. Quatre de ceux-ci sont en cours de construction à différents stades, sous un hangar, des toiles de plastiques ou à l’extérieur. L’un d’entre eux est un ferry capable de transporter plusieurs véhicules légers ! Les équipements du chantier sont pourtant rudimentaires, la plupart des machines sont portables et les pièces tirées des planches sont dégrossies avec précision à la tronçonneuse. D’autres bateaux plus petits sont en chantier pour occuper les ouvriers pendant les périodes de séchages des vaisseaux plus grands. Ces chefs d’œuvre flottants suscitent notre admiration et l’accueille ouvert et bienveillant des constructeurs notre reconnaissance.
1er mars Lliuco - Puerto Montt
C’est sur la rive, au bord d’une plage de gravier de plusieurs kilomètres et à proximité de la petite église paroissiale, que nous avons passé notre dernière nuit sur l’île de Chiloé. Demain nous avons rendez-vous au garage à Puerto Montt, à 8 h 30, et il convient de se rapprocher.
Nous reprenons la piste, puis la route, en direction de la ville de Ancud, principale cité de l’île, où nous allons refaire nos provisions pour quelques jours. Le parking au centre-ville étant difficile, je me gare à l’intérieur du vaste terrain dépôt d’un marchand de matériaux sur lequel j’avais parqué lors de notre précèdent passage. Nous partons ensuite pour le beau marché couvert, où l’on trouve des algues dont les chiliens sont friands, et le supermarché.
A notre retour vers 13 h 20, Babar est enfermé dans le dépôt de matériaux dont les portes sont fermées avec cadenas, la pause de midi étant de 13 heures à 14 h 30. Nous devons nous réfugier sur une terrasse proche en attendant la réouverture ! Heureusement que nous ne sommes pas en Argentine, la pause de midi se prolonge en général jusqu’à 17h !!!
Nous décidons également de faire ensuite un crochet par Quetallmahue où se trouve un restaurant réputé pour manger le curranto. L’établissement est simple et sympathique, plein de recoins et de terrasse, mais le curranto du jour est épuisé. Nous nous vengeons sur un magnifique et délicieux plat de coquillages frais et un excellent poisson.
C’est ensuite le retour vers le ferry qui nous ramène sur le continent et à l’entrée de l’autoroute qui remonte vers Puerto Montt.
MISE A JOUR 12.4.2016
ITINERAIRE EFFECTUE du 2 au 11 mars 2016
Depuis Puerto Montt à Villarica
766 km dont 192 km de piste parcourus en 10 jours
(moyenne 76 km/jour)
2-3 mars Puerto Montt – Puerto Varas
Levés de bon matin nous partons vers 7 h 30 pour traverser Puerto Montt en direction du garage situé en bordure de l’autoroute à une vingtaine de kilomètres au Nord du centre-ville.
Après un véritable gymkhana dans une circulation intense, nous atteignons le début de l’autoroute puis le garage Maco, agence MAN. Notre arrivée, pourtant programmée depuis une semaine paraît surprendre les responsables… Après une demi-heure d’attente nous sommes pris en charge par le carrossier, dont l’atelier est à 300 mètres, en vue de changer d’abord les paliers amortisseurs caoutchouc de nos charnières de cabine. L’équipe se met au boulot avec un rythme qui fait plaisir à voir et à deux, par moment trois, ils déposent ailes et pare-choc, soulèvent la cabine et procèdent au changement en 3 heures de travail.
Notre retour au garage principal intervient pendant la pose et nous en profitons pour manger. Vers 14 h 30 les activités reprennent et notre attente aussi. Après plus d’une demi-heure d’attente je commence à tourner de manière insistante dans l’atelier et finalement déclenche l’intervention du chef d’atelier pour faire avancer les choses. Ma lanterne s’éclaire sur la lenteur des opérations lorsque je comprends qu’ils n’ont pas les pièces détachées nécessaires pour faire le service prévu. Heureusement le filtre à huile est disponible et la vidange peut être faite. Le phare à brouillard, qui avait eu une fracture du crâne par chute du réservoir d’huile de direction en sortant du parc Torres del Paine, n’est pas disponible. Finalement, en discutant, je comprends le revers de la médaille du choix d’un vieux camion sans électronique : la série 2000, dont la fabrication s’est arrêtée en 2003, n’a jamais été importée au Chili donc aucune pièce adéquate n’y est disponible. Vers 18 heures les opérations sont terminées et la facture réglée. Nous décidons, vu l’heure tardive, de dormir dans le périmètre gardé du garage.
La nuit est pénible pour le chauffeur qui connaît de gros problèmes de transit avec un sommeil moins qu’intermittent. Finalement nous quittons le garage pour nous traîner sur une trentaine de kilomètres jusqu’à un camping situé au-delà de Puerto Vargas, au bord du lac LLanquihue. Une fois installés, le cornac se recouche et entame une nouvelle période de sommeil intermittent qui dure jusqu’en fin de journée, avec enfin une petite sortie au soleil couchant.
4 mars Puerto Varas – Volcan Osorno
Après les 18 heures de sommeil du cornac au cours des dernières 24 heures, nous sommes fins prêts pour attaquer la région des lacs et des volcans. Le Chili compte plus de 140 volcans dont une trentaine sont ou ont été en activité au cours des 100 dernières années. La Cordillère est l’émergence de la ligne de fracture des plaques continentales et l’activité volcanique y est intense.
La rive Est que nous suivons maintenant part en pointe en direction du volcan Osorno et de son beau cône enneigé.
Notre rive est plus escarpée que la rive Ouest car elle est à la base du volcan Calbuco dont le sommet, à 2003 m, est à une quinzaine de kilomètres au Sud-Est. Après une éruption en 1972, il a récidivé de manière soudaine et spectaculaire le 22 avril 2015, expédiant 210 millions de m3 de cendres jusqu’à une hauteur de 17 kilomètres. 6'000 personnes ont été évacuées et certaines ont vu leur maison s’écrouler sous le poids des cendres. Sous l’effet des vents d’Ouest, les cendres ont perturbé le trafic aérien en Argentine et en Uruguay. Le Calbuco est considéré comme l’un des plus dangereux volcans du Chili et émet toujours des fumeroles.
Après avoir dépassé la petite localité d’Ensenada, nous nous engageons sur la petite route goudronnée et sinueuse qui permet de grimper sur les flancs du volcan Osorno, qui culmine à 2'652 mètres.
Celui-ci est plus calme que son voisin et n’est pas entré en éruption depuis 1869. Cela a permis d’installer une station de ski sur ses flancs, entre 1250 et 1650 mètres. La petite route nous permet d’atteindre la base des télésièges en nous offrant peu à peu, dans des brumes qui se dissipent, un panorama époustouflant sur le lac Llanquihue et les montagnes environnantes.
Après le casse-croûte, je décide de monter au sommet du télésiège à pied pour digérer mon indigestion. Je « la rote » comme un crétin qui a cru qu’il serait en pleine forme pour gravir de fortes pentes, en partie constituées de scories fines ou de sable qui ramènent le pied presque au niveau d’où il a décollé.
Heureusement le paysage est superbe et j’envoie un petit message à Sylviane pour qu’elle me rejoigne en haut en télésiège. Je mets finalement 1 heure ¾ pour gravir ces 400 mètres en pensant à Guillaume, capable de gravir plus de 1'000 mètres dans le même temps. Mais on n’a jamais l’âge de ses enfants !
5 mars Volcan Osorno – Lago Ranco
Après avoir hésité à rester un jour de plus, nous quittons finalement notre belvédère en début d’après-midi. Nous parcourons une cinquantaine de kilomètres sur la rive Nord-Est du lac Llanquihue avant de prendre une route qui part plein Nord dans une région de grands domaines de pâturages ou de cultures.
Nous poursuivons ensuite vers le lac Puyehue, puis toujours au Nord, parfois sur des pistes, vers le lac Ranco. La plaine est occupée par une alternance de grands et de petits domaines.
6 mars Lago Ranco - Futrono
Nous démarrons, sous un temps maussade qui nous empêche d’apprécier le paysage. La route, qui permet de faire le tour du lac Ranco, qui a des formes découpées dans un diamètre de 25 kilomètres, est en excellent état. La rive Sud, que nous suivons en direction des Andes, est assez abrupte car elle longe les contreforts du Cordon Caulle. Après quelques kilomètres je freine énergiquement après avoir vu un fantôme entre les arbres… une batteuse est dans un petit vallon qui longe la route. Pas une moissonneuse batteuse, mais une grande batteuse en bois à deux essieux comme celle qui occupait encore le bas du battoir de Le Vaud dans mon enfance, avant l’apparition des premières moissonneuses-batteuses automotrices dans les années 60. L’ancêtre est au milieu d’une prairie, à proximité d’une petite ferme dissimulée par les arbres, et derrière elle un grand tas de paille battue indique qu’elle a récemment fonctionné.
Nous reprenons ensuite à nouveau en direction des Andes pour nous enfoncer dans une vallée qui nous conduit, d’abord par une route goudronnée puis par une piste, au lac Maihue.
Ce petit lac d’une quinzaine de kilomètres de long par 5 ou 6 de large est longé par une petite piste en cul de sac qui nous amène au bout du monde. En effet après avoir longé de grandes estancias de cultures et de pâturages boisés, l’asphalte se termine et le paysage devient plus escarpé avec un itinéraire qui oblique vers le Sud dans un milieu principalement boisé.
Ce sont ensuite de petites exploitations agricoles qui occupent les espaces défrichés qui surplombent le lac. Les gens d’ici vivent sans doute modestement, la taille de leurs maisons en témoigne, quelques cabanas à louer pour les vacances complétant leurs revenus.
Nous rebroussons chemin peu avant la fin de la piste qui longe le lac et quittons cette belle vallée pour regagner la route périphérique du Lago Ranco.
7 mars Futrono - Choshuenco
Nous quittons le port de la petite ville touristique de Futrono, prenons la direction Nord-ouest pour contourner par les plaines la Cordillera Negra qui nous sépare, avec ses sommets à 1'500 mètres des lacs situés plus au Nord. Une soixantaine de kilomètres de routes et pistes nous séparent de Los Lagos, où nous pourrons obliquer à nouveau en direction du Nord-Est pour atteindre les prochains lacs que nous voulons voir, les Lagos Rinihue et Panguipuli.
De vastes zones plus vallonnées sont consacrées à la sylviculture et plantées d’eucalyptus destinés à la pâte à papier et de pins ou de Douglas.
Nous atteignons Panguipuli par la rive Nord du lac. Là encore le paysage est magnifique sous un ciel qui s’éclaircit. Les coteaux sont occupés par des arbres fruitiers dont certains sont difficiles à identifier.
Après une balade dans cette ville fort plaisante nous poursuivons notre tour du lac Panguili sur la côte Nord-Est en nous dirigeant vers le village de Chosuenco qui marque l’extrémité du lac au pied des deux volcans jumeaux Mocho et Chosuenco qui s’élèvent à 2'400 mètres et dont la dernière éruption remonte à 1864.
8 mars Choshuenco - Liquine
Nous remontons une vallée en direction de l’étroit Lago Pirihuelco qui se faufile sur une vingtaine de kilomètres, entre des montagnes de plus de 1'500 mètres, pour se rapprocher à une dizaine de kilomètres de la frontière argentine. Nous atteignons Puerto Fuy, terminus de la piste et port d’un ferry qui permet d’embarquer voitures et camions en direction du pays voisin.
Nous y retrouvons Dominique et Yannick, un couple valaisan et buvons un café ensemble pour faire plus ample connaissance. Ils voyagent, pour 18 mois, avec un Kangoo sur lequel est arrimé leur premier véhicule : un tandem. Après quelques centaines de kilomètres avec ce moyen plus poétique, ils ont renoncé et loué leur fourgonnette dans laquelle ils peuvent dormir.
Je suis admiratif des belles constructions en bois, comme par exemple cette magnifique halle de fête posée sur de gros fûts d’arbres locaux.
Puerto Fuy et son voisin Neltume, ont été le siège d’une scierie géante, propriété du beau-fils du général Pinochet qui avait obtenu une concession pour exploiter les forêts natives de la région. Les alerces et autres arbres ancestraux de qualité ont ainsi été décimés pour être exporté essentiellement vers le Japon, friand de bois nobles et durables.
En redescendant nous nous arrêtons à l’entrée de la réserve de Huilo Huilo qui a pour but de préserver les derniers survivants des géants de la forêt et leurs descendants. Deux hôtels originaux balisent cet endroit, et en particulier le Nothofagus hôtel et spa qui est construit au milieu de la forêt en forme de cône inversé sur 8 étages. Le bois et surtout les fûts porteurs de grands arbres sont en vedette dans l’établissement qui marie ces structures avec de grandes baies vitrées.
9 mars Liquine – Conaripe
Le moteur de Babar rugit vers 10 h 30 pour redescendre la vallée du rio Carranco en direction de l’extrémité Est du lac Calafquen qui est elle aussi entourée de termes. Ce bassin constitue le versant sud du volcan Villarica, 2840 mètres, beau cône sucré que nous avons eu l’occasion d’admirer depuis la ville qui porte son nom il y a 2 semaines. La dernière éruption du géant de 100 km2 a nécessité, en mars 2015, l’évacuation de plus de 3'000 personnes. Sa dernière « grande éruption » a produit en 1971 30 millions de m3 de lave. Il en faut cependant plus pour effrayer les chiliens qui ont installé une station de ski sur les pentes Nord du volcan, au-dessus de Pucon.
Conaripe, bourgade touristique qui marque la pointe du lac, est le point de départ d’une piste qui s’élève sur les contreforts du volcan où se trouvent successivement trois établissements termaux. Nous avons l’intention d’aller aux thermes Géometricas, recommandés par les guides et dont l’aménagement ressemble à un jardin japonais. Après une quinzaine de kilomètres de grimpée sur une piste sinueuse nous sommes à l’entrée du chemin de ces termes, malheureusement barrée par un passage canadien dont les petites poutrelles ne peuvent supporter un éléphant.
Déçus nous rebroussons chemin, mais décidons de poursuivre jusqu’aux troisièmes thermes. Deux kilomètres plus haut, après une manœuvre sur le petit parking des thermes El Rincon, marqué par une magnifique machine à vapeur de 1912, c’est l’enchantement.
Un portail de bois marque l’entrée des termes et s’ouvre sur un sentier à flanc de coteaux d’un vallon boisé et qui surplombe une rivière. Après une centaine de mètres il aboutit à la caisse, et à la cafeteria, bâties en bois sur une esplanade qui ouvre une perspective entre arbres et buissons sur une grande cascade située à 200 mètres.
Devant cette place sont installés de vastes cuves en bois de 3 mètres de diamètres où coule une eau chaude et limpide. On distingue plus loin d’autres cuves, disséminées au long de sentiers forestiers, qui attendent les baigneurs.
En suivant le sentier on passe d’abord devant un coin bibliothèque, aménagé sur une esplanade en bois, devant les vestiaires de même architecture, puis au-delà, le sentier devient escalier et permet de descendre près de la rivière et de la cascade, en offrant des bassins d’eau thermale aménagés avec pierres, sable et bois.
Quelle plaisir extraordinaire de se plonger dans l’eau chaude, perdus dans la forêt, à une trentaine de mètres du pied d’une cascade impétueuse de 25 mètres de hauteur qui alimente la rivière qui longe les bassins. Le toute est noyé dans la végétation sylvestre et les aménagements ont été intégrés en respectant le milieu naturel. Pour compléter notre ravissement, notre parcours de bassins en cuves s’achève à la cafeteria où l’on peut déguster d’excellents gâteux aux fruits, confectionnés sur place, dans le potager à bois de la petite cuisine. Un vrai jardin d’Eden …
10 - 11 mars Conaripe - Villarica
Nous reprenons ensuite la route au Nord en direction de Villarica, sur un parcours que nous avions partiellement fait en chemin vers le Sud. Villarica est certainement la ville la plus agréable que nous ayons visité au cours de notre périple et c’est avec plaisir que nous retrouvons la petite péninsule au bord du lac, légèrement à l’écart du port mais près du centre-ville. A 20 mètres de la rive, et face au majestueux volcan Villarica, nous dégustons le paysage et la quiétude de cet emplacement qui a vu disparaître, avec la fin des grandes vacances les loueurs de jet ski présents il y a 3 semaines.
Nous sommes rejoints, un peu plus tard, par un Unimog rouge à cellule blanche que nous avions déjà aperçu, de loin, au camping du Lago Roca, près du Perito Moreno. C’est l’occasion de faire connaissance avec Rodolfo et Tiziana, deux très sympathiques bergamasques. Rodolfo a une grande expérience des grands raids et a participé, entre autre, plusieurs fois au rallye des Pharaons et au Paris-Dakar. Son véhicule était préparé pour participer à de telles courses et aligne près de 300 CV et une vitesse de pointe adaptée.
Le 11, avec un temps splendide nous nous baladons en ville et faisons table commune sur la rive avec nos amis transalpins. Les partages d’expériences sont nombreux et nous apprenons qu’ils ont possédés un Grand Erg, le véhicule qui nous faisait rêver lorsque nous sommes partis en Afrique avec Babar I. Nous passons de beau moment de partage et d’amitié et promettons de nous revoir, ici ou là-bas.
MISE A JOUR 24.4.2016
ITINERAIRE EFFECTUE du 12 au 22 mars 2016
Depuis Villarica au Paso del Maule (passage en Argentine)
1241 km dont 250 km de piste parcourus en 11 jours
(moyenne 113 km/jour)
12-13 mars Villarica – PN Conguillio
C’est un autre volcan, le Llaima qui est notre objectif.
La piste que nous souhaitions prendre débute par un pont en bois limité à 5 tonnes qui nous prive d’un itinéraire montagneux et du Lago Colico.
Nous retournons 6 kilomètres en arrière pour prendre une piste plus petite sur la carte mais qui a vu tous ses ponts et aqueducs rénovés.
Le goudron retrouvé nous progressons rapidement en direction de l’Est jusqu’à Melipeuco. La masse impressionnant du volcan, avec ses doubles cratères, domine la vallée et les collines boisées.
Cinq kilomètres après la localité nous nous engageons plein Nord sur la route qui contourne le volcan côté Est et qui entre dans le parc national Conguillio. Après quelques kilomètres la forêt est échancrée par de grands champs de lave.
Dès l’entrée du parc la route devient piste. Nous demandons au Guarda parque s’il y a des ponts en bois qui ne supporteraient pas Babar et il nous répond par la négative. Nous prenons note des grands écriteaux qui nous indiquent que nous rentrons dans une zone de danger volcanique.
Le volcan LLaima, qui nous domine de ses 3'125 mètres, comprend un sommet secondaire à 2920 mètres. Il est l’un des plus actifs avec une dernière éruption en 2008-2009, son activité est attestée depuis le 17ème siècle et il a connu 37 éruptions depuis 1852. Le parc Conguillio est un territoire de 608 km2 inscrit autour du volcan. La piste que nous suivons borde le côté Est du parc, à une douzaine de kilomètres du sommet du volcan, elle traverse pourtant souvent des coulées de laves qui ont détourné la rivière et formé des lacs. Les zones de cendres offrent des contrastes prononcés avec les arbres et touffes d’herbe qui y reprennent pied. Au-delà de la Laguna Verde, la piste s’encaisse entre les arbres et devient sablonneuse, taillée dans les couches de cendres successives émises par le volcan.
Il est difficile de croiser et de grands coihües se penchent pour nous barrer le passage. Ils sont parfois des deux côtés du chemin et dans des virages et il ne reste que 10 centimètres de chaque côté entre les troncs et le haut de notre cellule. La concentration est totale et les rétroviseurs indispensables pour contrôler les angles de fuite.
Nous croisons au moins une vingtaine de véhicules durant ces 3 kilomètres de cheminement difficile avant de déboucher dans zone de magnifiques araucarias qui nous laissent avec leurs troncs bien verticaux davantage de place pour notre grand gabarit.
Nous arrivons au soleil couchant sur le parking du Lago Conguillo, où se trouve la maison des gardes du parc.
Le 13 est consacré à une belle balade autour du lac, dans les araucarias, et à grimper, entre des coihües géants, au premier observatoire sur le chemin de la Sierra Nevada.
14 mars PN Conguillio – Volcan Lonquimay
Nous repartons vers 10 h 30 en direction du Nord-Ouest. La piste est à nouveau étroite, mais cette fois encaissée dans le terrain sablonneux entre les racines des grands coihües. C’est une tranchée de 2 à 3 mètres de profondeur et d’un peu plus de 3 mètres de largeur qui nous conduit à travers les vallonnements forestiers du parc. Là il ne serait pas possible de croiser et nous serions confrontés à de longues marche-arrières. Heureusement il n’y a pas de trafic et nous atteignons la sortie du parc sans encombre.
Le poste de contrôle est situé en lisière de forêt juste avant une vaste coulée de lave qui offre une vue magnifique sur le sommet du LLaima.
Nous retrouvons le goudron une vingtaine de kilomètres avant la petite ville de Curacautin où une grande route part plein Est en direction de notre prochain sujet volcanique.
Après une quarantaine de kilomètres nous prenons une petite route, déconseillée aux camions, qui nous amène à la réserve nationale de Malalcahuello et à la station de ski de Corralco. Celle-ci développe ses pistes sur les flancs du volcan Lonquimay, 2'736 mètres.
Peu avant l’hôtel et le chemin menant au départ des remontées mécaniques, à la sortie de beaux massifs d’araucarias, nous obliquons à droite pour prendre une piste qui monte à flanc de coteau dans le sable volcanique, sur le flanc opposé à celui des pistes. Notre but est de nous rapprocher du cratère Navidad, sur le flanc Est du volcan.
Le volcan Lonquimay a connu 3 éruptions dans les temps récents : une en 1887, une en 1933 et la dernière, qui a donné naissance au cratère Navidad, le 25 décembre 1988. Cette dernière éruption n’a pas touché le sommet du volcan et la région des pistes de ski, mais a produit, à partir du cratère Navidad et de cratères secondaires une énorme coulée de lave sur le flanc Nord-est du volcan. L’éruption a duré 13 mois et la lave a recouvert la vallée du Rio Lolco sur une dizaine de kilomètres.
La piste, large et sablonneuse, nous conduit jusqu’à une altitude de 1850 mètres, qui offre un magnifique panorama sur le volcan et le cratère Navidad. En poursuivant en direction du Nord-Est nous sommes juste au-dessus de deux cratères secondaires et découvrons l’ampleur de la coulée de lave en direction de la vallée. Nous stoppons au point d’observation qui est juste au-dessus du 2ème cratère et nous installons pour la nuit à moins de 200 mètres de l’endroit où les entrailles de la terre se sont ouvertes en 1988.
Au loin, à une cinquantaine de kilomètres, nous pouvons voir les fumeroles du volcan Copahue, 3'001 mètres, et le sommet du volcan Callaqui, 3'164 mètres, qui émettra des fumeroles depuis le matin suivant.
15 mars Volcan Lonquimay – Laguna Malleco
Nuit sans soubresauts volcaniques, et aube ensoleillée, nous incitent à nous balader encore un peu autour du champ de lave qui bénéficie d’un meilleur éclairage le matin.
Nous rebroussons chemin sur notre piste à flanc de coteau et regagnons l’entrée de la réserve au-dessous de la station de ski.
Quelques kilomètres au-dessous nous prenons la piste plein Ouest en direction de Lonquimay par la montagne.
Nous nous élevons dans la forêt entre buissons, coihües et araucarias et apercevons de temps en temps de petites maisons en bois construite au milieu de prés ou entre les arbres.
Nous sommes en territoire Mapuche et des familles semblent coloniser cette région. Nous avons déjà parlé des réductions mapuches, ces territoires totalisant environ 5'000 km2 qui ont été laissé aux populations autochtones après l’incorporation des 100'000 km2 qu’ils occupaient dans la république chilienne. Ces restitutions de terres sont issues d’un long processus initié au début du 20ème siècle et poursuivi de manière aléatoire selon les orientations politiques des gouvernements successifs. Les restitutions ont d’abord été collectives, la gestion et la répartition des territoires rendus revenant aux chefs traditionnels. Ces territoires étant limités, les capacités de distribution des caciques, et en conséquence leur autorité, se sont amenuisées. Ceux-ci se sont alors cherché une nouvelle légitimité et tourné vers les mouvements pentecôtistes venus d’Amérique du Nord, au sein desquels ils sont souvent devenus pasteurs et missionnaires, substituant à leur influence matérielle disparue une influence morale et spirituelle (article de Bastien Sepulveda dans la revue Espace Population Société 2012/1 voir sur » revues.org »).
Nous montons jusqu’à une altitude d’environ 1'400 mètres, presque à la limite des arbres, et apercevons encore des constructions où des familles mapuches semblent vivre à l’année.
Nous retrouvons bientôt le goudron qui nous fait descendre « en toboggan » vers Lonquimay. Cette localité nous a attirés car son plan d’urbanisme est original avec une rue qui décrit un cercle elliptique autour du centre… Il n’y a malheureusement rien de particulier dans cette bourgade que nous quittons bientôt en direction de l’Ouest.
16-17 mars Laguna Malleco – Salto del Laja
Notre piste, en milieu forestier naturel, a obliqué plein Ouest et nous nous élançons vers 9 h 30 avec l’idée de nous rapprocher de la mer. Un nouveau pont de bois limité à 10 tonnes, dont les culées sont instables et les madriers altérés, nous force à prendre le passage à gué très rocailleux qui le jouxte. Après quelques déplacements de pierres Babar fait front avec une souplesse de croisement de pont qui fait apprécier l’articulation de sa cabine. Cependant lorsque nous nous élançons à nouveau sur la piste un petit chant de courroie nous inquiète…
La forêt native est remplacée au bout d’une dizaine de kilomètres par des plantations, principalement d’eucalyptus et parfois de pins ou de douglas. Les plantations à grande échelle d’eucalyptus sont utilisées pour la production de bois pour la pâte à papier et plusieurs grandes usines sont présentes dans cette région centrale du Chili. L’eucalyptus planté ici a une particularité : les jeunes arbres ont des feuilles plutôt ovales de couleurs vert argenté mat tandis qu’en grandissant ils muent pour se couvrir de feuilles tombantes longues et fines d’un vert brillant. Les arbres « adolescents » regroupent les deux types de feuillage sur la même plante.
De rares estancias percent parfois les étendues boisées et montrent une motricité variée qui va de l’attelage de bœuf pour les plus petites au grand tracteur de plus de 100 Cv pour les plus grandes.
Nous croisons de très nombreux camion remorques de transport de bois qui font d’incessants va et vient pour acheminer le produit des coupes jusqu’à une vaste place de transbordement qui contient plusieurs milliers de m3 de bois.
Les arrêts photos sont l’occasion pour notre courroie de donner de plus en plus fréquemment de la voix et il faudra songer à intervenir. Heureusement nous rejoignons l’autoroute au-dessus de la ville de Victoria et partons plein Nord pour traverser le plateau médian et légèrement vallonné qui sépare la Cordillère des Andes de la Cordillère de Nahuelbu qui marque la zone côtière. Le paysage est monotone et, à notre étonnement, occupé par des plantations forestières et rarement par des zones de cultures.
Nous décidons de nous arrêter à proximité du Salto del Laja où un ou deux campings se trouvent à proximité des chutes, fortement dépourvues d’eau à cette saison.
C’est à cet emplacement calme et ombragé que je bascule la cabine, le 17, pour examiner ma courroie cantatrice. Le diagnostic est simple : le boulon de tension de l’alternateur a disparu et je dois le remplacer. Je profite de cette escale technique pour faire le service 3'000 et resserrer le frein à moteur à nouveau ébranlé par les pistes.
18 mars Salto del Laja – Mela
Babar ne chante plus et nous remontons sur l’autoroute vers 11 heures pour poursuivre notre alternance entre montagne et mer et nous dirigeant pour quelques jours vers cette dernière.
Les terres traversées par l’autoroute sont très différentes de celles situées plus au Sud. Ces vastes plaines sont couvertes de grandes cultures et de cultures fruitières, souvent arrosées ou irriguées.
Nous quittons l’autoroute après une quarantaine de kilomètres, à Bulnes, pour nous diriger vers Quillon où nous devrions apercevoir nos premières vignes chiliennes.
Nous nous arrêtons pour observer un homme dans une prairie qui foule la paille, en tournant autour d’un grand tas, avec deux chevaux qui le tracte sur une sorte de traineau. Plus loin nous croisons un livreur de pommes de terre avec son chariot à roue cerclée tiré par deux bœufs. Ces scènes sont les prémices de ce que nous avions imaginé en étudiant la carte, nous débouchons sur une côte du Pacifique sauvage, occupée par un ou deux petits villages qui regroupent des pêcheurs et des petits paysans.
De nombreuses maisons anciennes, en briques de pisé et à toiture à 4 pans, bordent la piste. Elles sont souvent dans un état vétuste mais montre l’habitat historique de la région.
Le Pacifique est agité à son habitude et ses rouleaux meurent sur d’infinies plages de sable.
19-20 mars Mela - Loanco
Après une nuit bercée par les vagues nous démarrons vers 11 h pour suivre la côte sauvage et peu habitée sur une trentaine de kilomètres. De petits villages ou hameaux paysans parsèment le bord de l’océan et l’arrachage des pommes de terre, aliment de base de la région, est en cours.
Peu avant le village de Taucu un écriteau indique la baie des pêcheurs de Punta Achira et nous bifurquons sur la petite piste qui suit, sur un kilomètre, une belle plage jusqu’à une petite baie protégée par la pointe.
Une halle a été construite sur une esplanade, légèrement en retrait de la plage, et abrite des stands de vente de produits de la mer. Nous découvrons en particulier des petits gobelets appétissants remplis de « ceviche « toute fraîche. La ceviche est une marinade froide de poisson ou de crustacés trempés dans du jus de citron assaisonné d’ail et de coriandre. Du producteur au consommateur, nous dégustons sur la plage deux excellentes portions, l’une de crabe et l’autre de vénus, préparées par un couple de pêcheurs souriants.
C’est l’occasion de voir plusieurs familles locales venir se détendre sur la plage, déguster des ceviche et ramasser des algues amenées par l’océan. Les chiliens sont en effet friands de grandes algues avec des tiges rondes de plusieurs mètres que l’on trouve sur de nombreux marchés, mais qui se ramasse en bord de mer comme nous cueillons les champignons chez nous.
Nous partons finalement sur une petite route de 4 kilomètres en direction de Loanco, petit village échelonné au flanc de la moraine côtière au-dessus d’une grande baie bordée d’une large plage de sable. C’est là que nous passons une fin de journée grise, comme le lendemain consacré au site Internet, au journal et au repos. La grisaille est cependant égayée par deux sorties aux restos pour déguster d’excellents produits de la mer et l’observation de nombreux dauphins qui jouent au loin dans la baie.
21 mars Loanco – San Rafael
Notre voyage atteint son tournant, après une trentaine de kilomètres jusqu’à Constitution nous allons prendre durablement une direction générale Est en vue de notre retour en Suisse.
Constitution est une ville industrielle dans laquelle la mise en valeur du bois est un secteur principal. Elle a vu naître le groupe multinational Arauco y Constitution qui possède les usines de cellulose dans ces deux villes et celle de Nueva Aldea aperçue dans les vignes il y a une semaine. Le groupe fait une chiffre d’affaire de plus de 5 milliards, possède 1,6 million d’hectares de plantations forestières au Chili (68%), en Argentine (16%), au Brésil et en Uruguay et 400'000 hectares de forêts native qu’il entend protéger. Il produit annuellement 3,9 millions de tonnes de cellulose, 2,9 millions de m3 de bois scié et 5,9 millions de m3 de panneaux au Chili, en Argentine et au Brésil ainsi qu’aux Etats-Unis et au Canada. Le groupe est également fortement engagé dans l’éducation et la formation professionnelle dans les régions et pays où il produit et travail sa matière première. Il emploie plus de 13'500 collaborateurs et ses sous-traitants plus du double. Il coupe annuellement entre 50'000 et 60'000 hectares de forêt et replante légèrement plus.
Nous pénétrons dans la ville de 50'000 habitants par un boulevard sinueux entre immeubles et lotissements de banlieue. Nous suivons la direction du port, près de l’embouchure du Rio Maule, jusqu’à hauteur de l’usine de cellulose puis remontons en parallèle aux rives de la rivière en traversant les vieux quartiers du centre-ville. Il n’y a guère d’attrait bucolique dans cette cité résolument industrielle et nous ressortons après une brève escale ravitaillement.
Nous découvrons nos premiers vignobles de la région du Maule après une cinquantaine de kilomètres est arrivons dans la région de Talca, ville de 200'000 habitants, chef-lieu de la région. Mais notre but n’est pas urbain, il est vinicoles. Nous souhaitons voir le domaine de Corral Victoria qui produit un excellent Carmenere.
Il est encore juste temps pour être accueillis par 3 employés qui finissent leur journée. Nous visitons rapidement les locaux de cette exploitation une quinzaine d’hectares et emportons une douzaine de bouteilles. Nous serons des exportateurs pionniers puisque l’entier de la récolte est commercialisé dans le pays.
22 mars San Rafael – Baños del Campanario
Nous effectuons un petit crochet en direction du Nord parmi les vergers de noisetiers, de pommiers et autres fruitiers qui occupent de grandes surfaces de cette région. Nous obliquons ensuite en direction du Sud, sur une route parallèle à la Cordillère, pour rejoindre le Rio Maule et la route qui conduit au Paso del Maule.
Nous nous arrêtons pour le casse-croûte près d’un hameau qui se nomme La Suiza et qui comprend quelques maisons bâties partiellement en pierre dans un style suisse.
A l’arrière de celles-ci les ruines de grands bâtiments et une cheminée d’usine dépassent des arbres. Nous interpellons un habitant pour lui demander des renseignements historiques sur l’endroit et son nom mais il ignore tout. Nous apprendrons, en fin de journée, qu’il y a un siècle des suisses avaient installé une mine.
En poursuivant notre montée nous découvrons un énorme chantier hydraulique qui vise à la construction d’une centrale d’une puissance de 150 MW, alimentée par un tunnel de 12km de long depuis la Laguna del Maule située à proximité du col. Les moyens engagés sont considérables, une usine de préfabrication d’éléments en bétons, pour le tubage de la conduite, a été installée et trois hélicoptères sont engagés à demeure, en plus des innombrables machines conventionnelles, pour installer la ligne à haute tension et relier les différents sites du chantier, dont les puits de forage des cheminées perchés sur les montagnes. L’entreprise suisse Zublin est en pointe sur ce chantier impressionnant.
Nous nous arrêtons une dizaine de kilomètres avant la douane de sortie du Chili et nous installons au bord de la rivière près des Baños del Campanario. Nous marchons 1 heure, en fin d’après-midi, jusqu’à ces petits bassins d’eau chaude, perdus en pleine nature au bord du lit d’une rivière. Une petite trempette conclu la journée du chauffeur.
Notre nuit sera paisible dans un magnifique paysage de montagnes aux formes et coloris variés.
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