MISE A JOUR 15.05.2016
ITINERAIRE EFFECTUE du 23 au 28 mars 2016
du Paso del Maule (Chili - Argentine) à San Antonio de Areco
1322 km dont 91 km de piste parcourus en Argentine
23 mars Baños del Campanario - Malargüe
Nous démarrons vers 10 h 30 pour continuer notre ascension du Paso del Maule. Le passage de la douane chilienne, située à une altitude de 2'200 mètres, une quinzaine de kilomètres avant le col, est rapidement fait et nous quittons les grandes halles du complexe moderne pour longer le lac en direction du col.
C’est l’occasion de traverser de vastes alpages de chevaux, de bovins et de chèvres.
Les formalités administratives sont rapidement effectuées mais il faut attendre ensuite l’inspection du camion, qui se fait par groupe d’une dizaine de véhicules. Pas de remarques au niveau douanier, mais l’inspectrice du service sanitaire confisque les légumes et les œufs que Sylviane avait pris soin de cuire, conformément aux instructions lues ou reçues précédemment ! Nous ne comprendrons jamais les prescriptions alimentaires des pays d’Amérique du Sud et nous demandons si les fonctionnaires les comprennent eux-même.
Une quinzaine de kilomètres après la douane nous rejoignons la Ruta 40 dans une région beaucoup plus aride que le versant Ouest des Andes. Nous sommes à nouveau dans la Pampa sèche qui reverdit un peu à l’approche de Malargüe.
24-25 mars Malargüe – General Alvear - Banderalo
Nous attaquons la grande traversée de la Pampa argentine pour regagner l’Uruguay, à temps pour visiter les entreprises dont nous aurons besoin, pour l’entretien du pachyderme et pour nettoyer celui-ci. Nous commençons par regonfler les pneus en vue de ce long trajet sur route. Nous regagnons ensuite la Ruta 40 que nous suivons, dans la pampa sèche del Diamante, en direction de San Rafael.
Une cinquantaine de kilomètres avant cette ville, peu après les Salinas del Diamante, nous sommes accroché par un écriteau qui offre une varaiante : San Rafael par le Canyon del Atuel. Il n’en faut pas plus pour nous dérouter en direction d’une curiosité géologique, même si l’itinéraire rajoute une cinquantaine de kilomètres à notre parcours.
Le Canyon del Atuel débute à l’aval du barrage de Nihuil, au Sud-Est de la Ruta 40. Le plateau de base est de la période du Précambrien. Sur celui-ci se sont déposés, il y a entre 400 et 250 millions d’années des sédiments complétés par la suite par des résidus volcaniques. La rivière, les pluies et le vent ont ensuite sculpté le Canyon sur 42 kilomètres de longueur, entre 1'100 et 800 mètres d’altitude, avec des flancs pouvant atteindre 500 mètres de hauteur. Le paysage est somptueux et nous pouvons descendre dans les gorges en suivant une piste qui a été taillée pour la construction de 3 centrales électriques qui se succèdent au fil de l’eau.
Après une trentaine de kilomètres la piste remonte sur le plateau qui borde le canyon et offre un panorama magnifique sur un lac inférieur aux formes dentelées qui s’incruste entre les reliefs montagneux.
Nous nous arrêtons sur un emplacement spectaculaire et Sylviane, comme un aigle au regard perçant, constate que la dureté de la piste caillouteuse, combinée à la pression route des pneus, a rompu le boulon de tête d’amortisseur avant droit. Heureusement le boulon est encore partiellement en place et, après une demi-heure d’efforts, nous réussissons à le remplacer par un neuf.
Nous rejoignons ensuite une région, irriguée et verte, de vignes et vergers près de General Alvear.
Le 25, nous plongeons plein Est sur plus de 400 kilomètres, d’abord entre vergers et vignes des zones irriguées, qui nous accompagne sur une cinquantaine de kilomètres, puis dans les pâturages séchards de la Pampa Seca qui nous accompagnent sur une centaine de kilomètres avant que nous retrouvions des zones plus humides avec des grandes cultures et des estancias avec de nombreux bovins.
Nous cherchons un endroit éloigné de la route pour passer la nuit et trouvons finalement celui-ci près du cimetière de Banderalo, une bourgade céréalière dont certaines maisons témoignent de la prospérité économique. Repos bienvenu après une longue étape, les voisins ne nous dérangent pas… A une heure et demie du matin un petit chuintement de sirène, timide puis insistant nous réveille. Ce sont des policiers qui veulent contrôler notre identité. Ils repartent finalement en s’excusant de nous avoir dérangés et nous cherchons à retrouver les bras de Morphée découragée.
26-27-28 mars Banderalo- San Antonio de Areco
Le 26, nous quittons la quiétude du champ du repos éternel pour retraverser Banderalo et retrouver la nationale 188 et son bon revêtement. Les grands champs de maïs, de sorgo, de soya, deviennent nos compagnons de route, de même que les grands silos de stockage de récolte. Les machines agricoles touchent au gigantisme nécessaire pour cultiver des parcelles qui dépassent facilement les 50 hectares. Les barres de coupe des moissonneuses atteignent 8 à 10 mètres, tant pour le maïs que pour les céréales.
Parfois des lagunes bordent la route, offrant gîte et couvert à de nombreux oiseaux. Les cultivateurs affichent souvent les panneaux publicitaires de leurs semences sur les clôtures qui bordent leurs champs. Cette publicité pour les multinationales agrochimiques, qui ont breveté les plantes génétiquement modifiées cultivées ici, est comme un piège qui se referme sur l’agriculture traditionnelle et familiale. Ce sont d’ailleurs de plus en plus souvent de grands groupes agroalimentaires qui possèdent de vastes domaines.
L’abondance de produits chimiques utilisés ne semble pas décourager les nombreux pêcheurs qui trempent leurs lignes dans les lagunes qui bordent la route.
Après 360 kilomètres nous quittons l’asphalte, à Carmen de Areco, pour prendre une piste d’une quarantaine de kilomètres qui doit nous permettre d’atteindre San Antonio sans faire un détour routier. La piste est marquée par de profonds sillons de véhicules agricoles lourds ayant circulé par temps de pluie. Ces multiples ornières durcies par le séchage au soleil, sont un vrai supplice. Après 3 kilomètres, nous nous arrêtons auprès de passants pour demander si la piste s’améliore plus loin et cela nous est confirmé… Au pays des crédules le mensonge est roi et ce n’est qu’une vingtaine de kilomètres plus loin que nous quittons ce bourbier fossilisé.
San Antonio de Areco est une ville d’une vingtaine de milliers d’habitants, nichée au coeur de la Pampa humide à 80 kilomètres au Nord-Ouest de Buenos Aires, date du début du 18ème siècle et comprend de nombreux bâtiments anciens qui confèrent beaucoup de charme à ses rues.
Le 27 et le 28 sont consacrés à la visite de la ville, du musée consacré aux gauchos et à l’écrivain Ricardo Güiraldes, construit dans les années 30 sur le modèle d’une estancia, et à celle de la vieille auberge qui le jouxte entre les grands arbres pluri centenaires, parmi lesquels des Ombus aux troncs boursouflés par le départ des racines.
Le musée présente de magnifique objets usuels des gauchos en argent et aborde l’histoire de ceux-ci. Dans la présentation consacrée aux gauchos recrutés comme soldats, pour la « campagne du désert » dans les années 1880, il qualifie lucidement celle-ci : « une expérience de génocide indigène menée par un état élitiste et conservateur ».
Le 28 en fin de matinée nous sommes rejoints par Albert, un ami suisse de notre région qui vit à mi-temps en Argentine, à Buenos Aires. Après un repas dans un resto de la ville, et une visite de Babar, nous passons une partie de l’après-midi à parler, assis au soleil, de l’Argentine.
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