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MISE A JOUR 30.10.17


ITINERAIRE en ESPAGNE
du 12 au 21 octobre 2017


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12 octobre 2017 Lesaka (E)- Roncevaux- Isaba
Alors que nous n’avions vu que 3 ou 4 véhicules passer sur notre petite route en cours de soirée, il n’y avait pas assez de moutons à compter autour de nous, puisque entre cinq heures du matin et huit heures, pas moins de quarante véhicules de chasseurs empruntaient notre petite route imaginée calme.
Après avoir maudit les disciples de Diane et déjeuner nous repartons pour une descente abrupte en direction de Lesaka et de la vallée de la Bidassoa. Ces vallées évoquent les Grisons ou le Tyrol, avec leurs entrelacs de forêts, villages et prairies. Le brouillard masque malheureusement le bas des vallées et il faut s’élever au-dessus de 500 mètres, côté Sud des Pyrénées, pour y échapper.
Nous franchissons le col d’Otxondo pour redescendre vers la frontière française et Espelette. Nos hésitations transfrontalières ont pour but de nous faire entrer une deuxième fois en Espagne par Roncevaux, sur la route de montagne des pèlerins de Compostelle. Il y a historiquement deux chemins de pèlerinage, pour gagner St-Jacques depuis le Sud de la France, contrée de rassemblement des pèlerins venus des différentes régions d’Europe. Le principal, depuis le premier pèlerinage accompli par l’évêque du Puy en Velay en 951, passe par Roncevaux et suit la base sud de la Cordilière Cantabrique en passant par Pampelune, Burgos et Leon. Une deuxième voie suit la côte Nord de l’Espagne en passant par San Sebastian et Santander. Elle était cependant moins sûre, exposant les pèlerins aux razzias des flibustiers sans scrupules qui ont longtemps écumés ces côtes. Elle a donc été historiquement moins fréquentée.
Notre valse lente franco-espagnole nous donne également l’occasion de découvrir Espelette, dont nous entendons parler des piments de légendes depuis des décennies. Un parking pour camping-car nous accueille agréablement et nous partons visiter le fameux village à vocation pimentée. Tourisme de masse oblige, les maisons du cœur du village sont toute soigneusement restaurée et repeinte et arbore de belles chaînes de piments le long de leurs façades. Des boutiques aguichantes offrent les produits régionaux à la vente et nous profitons d’un bon resto familial pour nous y essayer.

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Nous reprenons ensuite la route pour St-Jean Pied-de-Port, à la base du col de Ibañeta (1057 m) qui nous permet de retourner sur l’Espagne par le principal chemin des pèlerins.
A 1 km en-dessous du col nous arrivons à l’abbaye de Roncevaux avec une belle lumière de fin d’après-midi.

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Ce nom doit nous rappeler nos premières leçons d’histoire du Moyen-Age : Roncevaux, la chanson de Roland, première chanson de geste écrite en français, vers 1100. Ce texte glorifie la résistance des chevaliers chrétiens, constituant l’arrière-garde de l’armée de Charlemagne, qui se retirait, en 778 vers le centre de son royaume, après avoir aidé les chrétiens contre les Sarrasins. Il semble en réalité qu'il ne s’agissait pas d’un combat entre chrétiens et musulmans mais plutôt d’une vengeance des basques, navarrais et asturiens dont Charlemagne avait occupé une partie des territoires.

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Roncevaux est une église fortifiée comme le sont de nombreux édifices religieux du Nord de l’Espagne. Vers l’an 750, seul le royaume des Asturies, une petite bande côtière représentant moins de 5% du territoire Espagnol, échappait à la domination des musulmans qui avait conquis en 3 ans le reste du territoire ibérique. Deux siècles et demi plus tard, seul le Nord, soit un cinquième de la péninsule avait été reconquis. Ce n’est qu’à la fin du XIème siècle et au début du XIIème siècle que la moitié septentrionale de la péninsule, avec les villes de Lisbonne, Madrid et Saragosse était reprise aux Sarrasins. La plupart des édifices religieux était donc conçus pour résister à des combats et offrir un abri aux populations chrétiennes. L’église, consacrée en 1219 a été construite sur décision du Roi de Navarre Sanche VII le Fort (1154-1234) dont elle abrite le tombeau dans une salle capitulaire.

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Ses murs, qui atteignent une trentaine de mètres de hauteur côté aval, ont une épaisseur et des contreforts impressionnants qui la font ressembler à un château-fort. Son intérieur est de style gothique laissant admirer, comme la salle capitulaire, de beaux vitraux.

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L’hôtellerie, qui depuis plusieurs siècle jouxte les édifices, religieux peu abriter plusieurs centaines de pèlerins.

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Nous repartons et parcourons une quarantaine de kilomètres sur le flanc des Pyrénées, entre 800 et 1'100 mètres d’altitude. Le paysage est magnifique et les nombreux villages ou hameaux traversés se parent de belles bâtisses pluri centenaires. Les principales activités économiques sont l’élevage et l’exploitation forestière, il y a peu de culture à ces altitudes. Nous stoppons, en fin de journée, au bas du village d’Isaba dans le val Roncal qui marque l’extrémité Ouest de la Navarre.

13 octobre 2017 Isaba - Monastère de Leyre
Nous commençons notre journée par une visite de Isaba, ce vieux village de montagne (env. 850 mètres d’altitude). L’urbanisme a été bien réfléchi, le cœur historique du village aux ruelles étroites et pavées de pierres naturelles a été épargné des grosses constructions modernes qui sont groupées en contrebas. Les maisons anciennes s’agglutinent principalement autour d’une haute église forte qui est malheureusement fermée. Les murs épais sont renforcés par de gros contreforts et la porte protégée par un petit mur d’enceinte.

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Les maisons sont solidement construites en pierre, parfois toute apparentes ou parfois avec les blocs des seuls chaînages d’angle visibles. Les balcons étroits, réalisés en bois ou en pierre, sont parfois abondamment fleuris avec des géraniums qui font preuve d’une vitalité étonnante à mi-octobre à 800 mètres d’altitude.

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Les encadrements soigneusement taillés des portes, et quelques fois des fenêtres, montrent que de nombreuses maisons datent du 18ème et du début du 19ème siècle. Les ruelles pavées se transforment parfois en escaliers à longues et basses marches pour aider à franchir les fortes déclivités. Ce village nous rappelle vraiment les Grisons ou le Tyrol.
Nous poursuivons notre descente de la vallée, qui se fini par une gorge étroite de plusieurs kilomètres avant que la rivière Esca se jette dans le lac artificiel de Yesa dont le niveau d’eau est très bas. En longeant la rive Nord de celui-ci nous apercevons d’anciens termes en ruine, à cette époque émergés, fréquentés par des baigneurs. A l’extrémité du lac une nouvelle digue, plus haute que l’existante, est en construction. A proximité de ce grand chantier nous nous élevons sur les flancs de la Sierra de Leyre pour atteindre le monastère du même nom qui domine la vallée. Mentionné dès le 9ème siècle, ce monastère est devenu dès le 11ème siècle le centre spirituel de la Navarre. L’église, bâtie dans le style roman, repose sur une crypte aux piliers massifs simplement décorés. Lors de la réforme cistercienne du 13ème siècle, une partie de la nef est reconstruite avec une voûte gothique remarquable. Lieu de refuge et de retraite des Rois de Navarre, le monastère conduisait 60 villages et 70 églises et monastères. Au 12ème siècle, le rattachement de la Navarre à l’Aragon réduit fortement l’influence de Leyre qui sera même abandonné au 19ème siècle puis réoccupé à partir de 1954 par des bénédictins dont les chants grégoriens nous guident à l’occasion des vêpres.

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14 octobre 2017 Monastère de Leyre - Pamplona
Nous quittons le monastère vers 9 heures du matin pour nous diriger vers Pamplona, Pampelune, capitale du royaume puis de la province de Navarre. Nous désirons atteindre Pamplona assez tôt, en ce samedi, pour visiter la ville avant que les commerces ne soient fermés. A l’instar d’autres villes espagnoles, la capitale de Navarre, a prévu un parking pour résoudre le séjour des casas rodante. Une quarantaine de places sont offertes, avec connection électrique et eau, ainsi que la possibilité de vidanger les eaux sales et déposer les ordures. Nous accédons facilement à ce parking, situé à côté de la caserne de pompier et proche du centre-ville. Le séjour coûte 15 euros par jours pour un maximum de 48 heures. Nous déposons Babar et partons visiter la vieille ville.
La ville, de 200'000 habitants, a été fondée sur le site d’un village vascon, par Pompée en 75 avant notre ère. Les Maures occupent la ville au 8ème siècle et en sont chassés avec l’aide de Charlemagne qui profite de démonter les remparts. Les navarrais participent donc à la vengeance de Roncevaux dont Roland et ses troupes paieront le prix. Au 10ème siècle, Pampelune devient capitale de la Navarre. Toute la période du Moyen-Age est troublée par des luttes entre ces trois principaux quartiers issus de vagues d’immigration différentes. La ville est finalement incorporée à la Castille au début du 16ème siècle qui sera celui de sa fortification. Le siècle suivant voit son fort développement économique et la construction de ses grands édifices. Elle subit le passage des troupes napoléoniennes puis les guerres intestines au Royaume espagnol au 19ème siècle, en s’engageant fermement pour défendre ses privilèges et son régime fiscal.
Aujourd’hui la ville est célèbre pour les Sanfermines, fêtes qui honorent le natif Saint-Firmin, devenu évêque d’Amiens. La fête dure une semaine dès le 7 juillet avec tous les matins les fameux encierros, les lâchers de taureaux dans la ville, à 8 heures du matin, pour une course effrénée de 800 mètres jusqu’à l’arène où ils combattront l’après-midi. Les mozos, jeunes gens vêtus de blancs avec foulard et ceinture rouge, défient les seigneurs à cornes dans une course folle et dangereuse qui compte chaque année son lot de blessés.

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La vieille ville est située en surélévation dans une boucle du Rio Arga et est encore partiellement ceinturée de remparts. A ceux-ci ont été ajoutés, au début du 17ème et du 18ème siècle des bastions à la Vauban qui sont devenus de grands espaces verts, poumons du centre-ville. Les ruelles du quartier historique sont étroites, entre 3 et 5 mètres, et bordée d’immeubles en contigu de 4 à 5 étages. De petits balcons étroits, bordés de grilles en fer forgé, ponctuent les façades.

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Sur les place et dans les ruelles mieux éclairées, les balcons vitrés typiques des villes ibériques s’empilent les uns sur les autres pour offrir davantage de lumière et de confort aux habitants. Le rez-de-chaussée des immeubles est le plus souvent occupé par des commerces, animés en ce samedi. La grande place del Castillo accueille, sous des tentes, un marché de produits bio très fréquenté, animé par des groupes de musique folklorique et des marionnettes géantes.

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Après une agréable pose terrasse nous cherchons un resto pour déguster des mets régionaux et nous trouvons un établissement typique, au 1er étage, fréquenté par les autochtones. Il comprend au milieu de la salle où nous nous installons un grand four à bois hémisphérique et une façade de fût de bois où chacun va tirer son cidre pression. Un menu avec, à chaque étape, 3 ou 4 choix nous est proposé pour une vingtaine d’euro, y compris une bouteille de vin blanc rouge ou rosé ou le cidre pression… Nous nous régalons en assistant au travail soutenu du cuistot, qui cuit des jambons de devant dans son four, tout en aidant le serveur. La clientèle est nombreuse, de joyeuse humeur, et tire volontiers le cidre qui est fourni à forfait.

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Une mention particulière est à relever pour la cathédrale Santa Maria La Real construite aux 14ème et 15ème siècles, dans le style gothique, sur l’emplacement d’une église romane. La façade principale fut réédifiée dans le style baroque à la fin du 18ème siècle. Heureusement l’intérieur a gardé des lignes très pures et les grands murs, principalement nus, mettent en évidence les autels et tableaux qui y sont adossés. Devant la grille du cœur est posé le tombeau, en albâtre finement sculpté, du Roi Charles III le Noble, fondateur de la cathédrale et de son épouse. Cet ouvrage d’une finesse exceptionnelle a été réalisé dès 1416, par le sculpteur bourguignon Janin Lomme. Une atmosphère, de grandeur, d’élégance et de sobriété propice au recueillement, se dégage de cet édifice exceptionnel.

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15 octobre 2017 Pamplona - Puerto de Iturburu
Nous quittons Pampelune vers 10 heures après la fin des ablutions de Babar (plein et vidange des eaux). Nous partons plein Ouest par une route provinciale qui devient bientôt en corniche pour gravir le col Alto de Etxauri, qui sélève à 840 mètres, dominant la vallée fertile du Rio Arga.
J’interpelle bientôt la navigatrice en lui disant : » regarde ce talus tout blanc, on dirait qu’ils gardent de la neige sous une couche de terre ! ». L’explication arrive bientôt avec notre arrivée vers les salines de Salinas de Oro. La petite vallée contient une source d’eau saumâtre, la seule résurgence de ce type en Espagne. La salinité de cette eau est semblable à celle de la mer Morte, soit environ 250 g de sel par litre. Le fond de vallée est occupé par des grandes surfaces en damiers et escaliers, de petits bassins peu profonds, remplis d’eau puis laissés à évaporation, par le soleil et le vent, jusqu’à la fin de formation des cristaux. L’exploitation a débuté dès l’époque romaine et n’a jamais été interrompue. Une partie de la production a obtenu le label Bio reconnu au niveau européen.

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Nous poursuivons ensuite notre belle route en direction de la ville d’Estella-Lizarra (14'000 habitants). Cette ville est une vraie étoile sur le chemin de St-Jacques par la qualité de ses bâtiments historiques. La ville a été fondée avant l’an 1000 sur les rives de la rivière Ega. Elle est devenue une étape importante du chemin de pèlerinage vers Compostelle puisque deux branches de l’itinéraire intérieur (Sud) se réunissaient une vingtaine de kilomètres avant la ville. Sur la rive Sud de l’Ega, après l’accord de privilèges en 1076 par le roi de Navarre, de nombreux commerçants et aubergistes appelés « francos », car majoritairement issus du Puy en Velay, s’installèrent. Ils étaient à proximité du palais royal et au pied du château aujourd’hui disparu. Un siècle plus tard, des Navarrais obtinrent les mêmes privilèges et s’installèrent sur l’autre rive. L’église San Pedro, avec de remarquables parties romanes du 12ème et 13ème siècle, dont un cloître roman exceptionnel, est établie sur les contreforts où se trouvait autrefois le château. Le pèlerinage a été un moteur essentiel du développement de la ville et de nombreuses églises et hospices ont été construits au fil des siècles.

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16 - 17 0ctobre 2017 Puerto de Iturburu - Gernika

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Nous quittons notre plateforme panoramique pour pénétrer plus profondément dans le district de Gipuzkoa qui a vu naître un personnage exceptionnel : Ignace de Loyola.
C’est en effet à Azpeitia qu’est né le fondateur des Jésuites, dans une famille de vieille mais petite noblesse. C’est vers cette localité que nous nous dirigeons pour visiter la basilique construite par les Jésuites à la fin du XVIIème siècle.
Là c’est le choc : l’édifice est imposant, peut-être à la mesure de celui à qui il est consacré.

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Mais le style baroque hispanique de la basilique circulaire est, pour moi, ostentatoire et trop luxueux, en complet décalage avec les vœux et la vie de Loyola qui prônait la rigueur et le dénuement. Il faut dire que j’ai lu, avant et pendant notre voyage en Amérique du Sud, plusieurs centaines de pages décrivant la fondation de l’ordre et son œuvre dans les continents au XVIème et au XVIIème siècles. J’ai perçu Ignace et ses successeurs comme des réformateurs de l’Eglise catholique, attachés à un recentrement de celle-ci sur les valeurs spirituelles plutôt que temporelles et sur l’engagement au service d’autrui. Le décalage, dans l’esprit, entre les fondateurs de l’ordre et leurs successeurs deux siècles plus tard est stupéfiant. On comprend peut-être pourquoi, face à une manifestation de puissance comme la construction de cet édifice, les Jésuites ont été perçus comme une menace par certains monarques européens qui ont poussé le pape à supprimer la compagnie en 1773. A ce moment l’ordre comptait 23'000 membres, plus de 300 missions et plus de 700 collèges dans le monde. L’ordre fut rétabli en 1814 et c’est pendant le XIXème siècle que le bâtiment fût achevé. L’impression d’étouffement de l’esprit originel est renforcée par l’une des ailes de la basilique qui enserre jusqu’à son sommet et sur tout son pourtour, la demeure fortifiée qui a vu la naissance d’Ignace, dans l’étau de ses propres façades (2 à 3 mètres de distance au maximum). L’édifice, qui est le centre d’activité des Jésuites dans le Nord de l’Espagne, a une façade de 150 mètres de long !

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Nous quittons l’écrin de montagne qui entoure Azpeitia pour nous diriger vers Deba et les petites routes de la côte basque.

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Après avoir admiré les verts vallons, parsemés de belles maisons et bergeries en pierre, nous allons suivre la côte de la mer cantabrique. Celle-ci est souvent escarpée, plongeant abruptement de 100 à 200 mètres dans les eaux bleus.

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Certains villages sont perché un peu en retrait sur le plateau côtier tandis que d’autres sont blotti au fond de criques ou dans les estuaires formés par des rivières.

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La route est étroite, souvent taillée en corniche dans des plantations d’eucalyptus, et nous sommes contents du faible trafic. Les points de vue sont magnifiques mais dès qu’un débouché de vallée élargi l’ouverture sur la mer c’est un foisonnement d’immeubles d’hébergement touristique qui marque la côte et forme une station balnéaire. Après plusieurs tentatives sur des routes vertigineuses pour descendre sur le littoral et trouver un endroit de bivouac, nous finissons par trouver une petite plage de rêve à proximité de Guernica (Gernika). La plage sablonneuse d’un kilomètre de longueur est terminée à chaque extrémité par des rochers et elle offre, hors saison, un parking ouvert aux camping-cars alors qu’ils sont bannis en haute saison. Nous y restons volontiers un jour supplémentaire, pour tremper les pieds, admirer les surfeurs et nous consacrer au journal et aux photos.

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18 octobre 2017 Gernika Lumo - Gorliz

Guernica est située à une douzaine de kilomètres en retrait de la mer, au fond de l’estuaire marécageux du Rio Oka. La ville est devenue tristement célèbre en avril 1937, lors de la guerre civile d’Espagne, lorsque les bombardiers allemands de la Legion Condor, venus en soutien au général Franco, détruisirent plus de la moitié de la cité de 7'000 habitants. On compta plus de 1'600 morts et 800 blessés et les incendies, déclenché par les bombes incendiaires, détruisirent 2/3 de la ville. Ce bombardement a été retenu dans l’histoire comme le premier de l’aviation militaire moderne contre une population civile.
Du centre historique de Guernica, fondée en 1336, seuls quelques bâtiments anciens, situé sur la colline un peu à l’écart du centre ont réchappé. Parmi ceux-ci, le parlement de Biscaie, qui était le lieu de prestation de serment des seigneurs de la région, puis des rois de Castille. La cérémonie se déroulait sous un chêne, conformément aux coutumes médiévales et aux origines celtiques de la population basque. Les seigneurs régionaux avaient historiquement obtenu une certaine autonomie dans le cadre du Royaume puis de l’Etat espagnol moderne. Le parlement basque a été construit vers 1830 à proximité du chêne planté en 1742, succédant à un arbre de même espèce. Il a été remplacé en 2015 et une partie de son tronc est conservée sous une toiture à colonnade circulaire dans le jardin du parlement.

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Le parlement est en réunion le jour de notre visite et nous ne pouvons malheureusement pas y accéder.
Nous quittons la ville après le casse-croûte pour poursuivre notre cheminement côtier entre brouillard et éclaircies. Un besoin logistique nous pousse finalement à nous arrêter dans un camping à Gorliz, une vingtaine de kilomètres avant Bilbao. L’endroit, situé au fond d’un vallon à côté des installations sportives, n’est pas idylique, mais doté d’une machine à laver et d’un réseau wifi.

19-20-21 0ctobre 2017 Gorliz - Bilbao
Le beau temps est revenu, après une nuit pluvieuse, pour notre entrée à Bilbao. Celle-ci s’apparente à une corrida, puisque après avoir dormi à une vingtaine de kilomètres du centre-ville nous parcourrons 55 km pour atteindre le parking conçu spécialement pour les camping-cars. Mais Bilbao, située à une quinzaine de kilomètre en retrait de la mer, sur les rives du Rio Nervion, compte plus de 350'000 habitants. La ville occupe tout le fond de la vallée et déborde sur la base des flancs de collines s’élevant à 200 ou 300 mètres au-dessus du niveau de la mer. Le trafic engendré par une telle agglomération, et son port marchand de niveau international, a nécessité la construction d’un réseau routier et autoroutier qui tient de la pelote de laine emmêlée.

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Contraints par l’environnement montagneux, les ingénieurs ont dû concevoir des échangeurs routiers qui s’empilent parfois sur trois étages, faisant perdre son latin à notre GPS et à la navigatrice. A cela s’ajoutent les nombreuses interdictions aux poids lourds, qui nécessitent souvent un rebroussement de chemin, dans nos efforts pour atteindre l’autre côté de la ville où se situe notre parking… Inutile de dire que la température monte dans la cabine, ce qui n’était pas arrivé depuis longtemps ! Finalement, après une heure d’efforts, de demi-tours, de recherche d’échappatoire, nous suivons une grande et montagneuse ceinture autoroutière qui nous permet de poser Babar à destination. La destination nous console de nos errances routières par sa position privilégiée, à flanc de coteau à plus de 100 mètres au-dessus du centre-ville, ce qui nous donne une vue panoramique sur la cité. Le quartier est calme, principalement constitué de prairie. L’aire pour camping-cars n’est pas un camping, mais une place de stationnement sur deux étages à flanc de coteau, offrant de la place et des raccordements électrique et d’eau pour 80 véhicules habitables. Un point de vidange des eaux sales et W-C complète cette place sur laquelle le temps de stationnement est limité à 2 ou 3 jours. Une ligne de bus, qui conduit au centre-ville en 15 minutes, comprend un arrêt à 200 mètres, bref le rêve pour approcher une telle ville.

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Après avoir confortablement installé Babar sur la plus grande place qui nous a été attribuée, et qui nous donne un accès direct au wifi, nous prenons le casse-croûte avant de partir pour une première visite en ville.

Bilbao a été fondée en 1300 par Diego de Haro, seigneur de Biscaye, à proximité d’une petite église et d’un gué qui traversait le Nervion, peu avant le début de son long estuaire vers la mer. Le gué fut bientôt équipé d’un pont, tandis que la ville aux sept rues, selon le plan établi par son fondateur, fut équipée d’une muraille. Elle développa bientôt le commerce maritime, favorisée par son port protégé au fond de l’estuaire. Dès le 16ème siècle elle bénéficia du régime particulier d’un consulat qui stimula son développement économique, lui permettant de développer des échanges maritimes avec le Nord de l’Europe, France, Flandres et Angleterre. La révolution industrielle dynamisa, dès le dernier quart du 19ème siècle, le développement économique de la ville située dans une région de mines de fer. Les bateaux partaient chargé de minerai en direction de l’Angleterre et rapportaient du charbon qui permis le développement d’une importante industrie sidérurgique, au long du Nervion, en direction de la mer. Le port, dimensionné au développement de la taille des cargos, se déplaça à 2 kilomètres en aval de la ville historique puis progressivement au-delà. Dans la même période, celle-ci développa un nouveau quartier commercial et industriel sur la rive gauche du fleuve, dans l’intervalle qui séparait le centre historique de la plateforme portuaire. Ce quartier de 3 à 4 kilomètres carrés, appelé « Ensanche » (élargissement), accueilli rapidement les immeubles imposants des industriels, banquiers et autres commerçants attirés par le succès de la ville.
Dans les années 1970-1980, la crise de l’industrie minière et sidérurgique toucha de plein fouet Bilbao. Les usines fermèrent et l’activité portuaire diminua, laissant de larges friches industrielles à l’aval de la ville. Les autorités eurent le génie de tenter une reconversion inattendue dont le musée Guggenheim, devenu symbole de la ville fut la première pierre. Depuis, les bâtiments conçus par des architectes créatifs et prestigieux ont conquis, entourés de parcs et promenades édifiés par la ville, les zones libérées par l’industrie. La ville est devenue un symbole de la créativité architecturale et artistique contemporaine.

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Notre première après-midi est consacrée à parcourir l’Ensanche et ses immeubles de la période art-déco. Nous visitons l’Azkuna Zentroa, les anciens chaix de la ville, construit en 1909 en forme de château belle-époque. Le bâtiment a été vidé complètement sous l’impulsion du designer français Philippe Starck qui a reconstruit à l’intérieur 3 immeubles en brique soutenu par 43 colonnes représentant chacune une civilisation à un temps donnée. Le vaste atrium de l’entrée principale est surplombé par un écran géant qui projette l’image filmée du soleil.

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La variété des formes et structures des immeubles du quartier, les contrastes entre leurs époques donnent une riche image de l’architecture du XXème siècle.

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Nous terminons notre parcours au musée Guggenheim, œuvre architecturale extraordinaire de l’américain Frank O. Gehry. Ce grand bâtiment ressemble à un paquet de verre et de calcaire jaune dont le vaste ruban cadeau de titane, aux mille reflets, aurait débordé de manière exubérante. L’édifice, posé au bord du Nervion, a acquis une célébrité mondiale méritée et est devenu le diamant de la ville. Le grand chien végétal de Jeffe Koons, qui devait être une œuvre éphémère pour l’inauguration du musée, ne nous mord pas et nous pouvons accéder aux collections exposées. La fondation Guggenheim a pour objectif de mettre en valeur l’art et les artistes du XXème siècle. Les volumes d’expositions et de déambulation sont immenses, peut-être inversement proportionnels au goût que nous avons pour les œuvres exposées… Sommes-nous ignares, rétrogrades ou réfractaires à l’art contemporain? la question reste ouverte…

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Notre deuxième journée est consacrée le matin à la découverte de la vieille ville que nous abordons par le pont et l’église San Anton, qui ont ancré son développement et qui figurent sur ses armoiries.

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Les sept rues de la cité originelle sont étroites, pavées et bordées de maisons à 4 ou 5 étages. Les petits commerces foisonnent dans les rez-de-chaussée rendant ce quartier historique vivant et animé.

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Les vitrines de produits régionaux sont alléchantes et le Mercado de la Ribera, qui borde le Nervion, nous fait saliver sans mesure.

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Ce marché couvert rénové propose, outre des étalages aguichants, de nombreux petits restaurants et c’est là que nous découvrons un paradis de pintxos.

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Ces spécialités du pays basque et du nord de l’Espagne sont des canapés présentés sur une tranche de pain à base d’ingrédients frais et appétissants comme des crustacés, jambon séché, thon-mayonnaise, anchois, fromage ou autres produits régionaux. Ils sont généralement consommés à l’apéritif, que les indigènes savent arroser de bons vins de leur pays, et faire durer avec un plaisir évident. Ces hors d’œuvres appétissant doivent d’ailleurs souvent supplanter le repas de midi, ou plutôt de 13 ou 14 heures. Les bars et restos spécialisés alignent dès la fin de la matinée des mosaïques impressionnantes et aguichantes de pintxos, déclinés en 10 ou 15 compositions différentes. C’est sous les arcades de la magnifique Plaza Nueva, une grande place carrée de bâtiments à arcades en pierre de taille, élevés au 19ème siècle, que nous passons de la contemplation à la délectation.

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Le forfait 8 pintxos avec une bouteille de bon blanc de Navarre, pour 25 Euros, nous convient parfaitement et nous ne renouvelons que les deux meilleurs pour accompagner notre dernier verre. Eglises et musée historique de la Biscaye, ainsi qu’une petite croisière sur le Nervion, à la découverte des nouveaux quartiers et friches industrielles, complètent notre journée avant de reprendre de la hauteur pour la nuit. A noter que cette rivière paisible peut se transformer en fleuve impétueux puisque, une plaque rappelle dans la cathédrale, située au coeur de la vieille ville, que l’eau y est montée jusqu’à 3,45 mètres le 26 août 1983 !

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Notre troisième jour dans cette belle ville est consacré aux vitrines et commerces pour Sylviane et au musée des Beaux-Arts pour Serge. Là je retrouve goût pour l’art, y compris pour certaines œuvres contemporaines qui n’ont pas besoin d’une explication alambiquée pour être comprise. Une exposition spéciale de la collection Alicia Klopowitz, riche femme d’affaire espagnole complète, les collections permanentes. Parmi celles-ci, j’apprécie plusieurs toiles du peintre basque Arrue que j’accrocherai bien dans mon salon. Nous nous retrouvons, en début d’après-midi, au marché de la Ribeira pour faire front à un nouveau forfait pintxos tout aussi délicieux que celui de la veille.

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Après quelques courses en ville nous regagnons Babar, enchantés par la richesse patrimoniale, architecturale, culturelle et gastronomique de cette ville qui est l’une des plus belles et agréables que nous ayons visité.

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