<sans titre> P1110913

ITINERAIRE EFFECTUE en ARGENTINE
du 6 septembre au 16 septembre 2016
soit au total 1391 km dont 218 km de piste en 11 jours
(moyenne 126km/j)


Screenshot_2016-09-22-19-06-17


MISE A JOUR 23.09.16 et suivante

6 septembre 2016 Dayman (Ur) - Federation (Arg)

Notre prochaine étape de visite est la grande réserve marécageuse de l’Estero del Ibera, atteignable par une piste. Il ne sert à rien de se presser pour s’embourber et il faudra laisser le terrain se ressuyer pendant 2 jours avant de s’y engager. Ayant à peu près fini nos victuailles interdites d’importation, nous décidons de passer la frontière argentine.
Les bureaux douaniers des deux pays sont groupés côté argentin. Les formalités paperassières durent environ 1h 30 et… il n’y a aucune visite du camion par les fonctionnaires argentins ! Pour nous, habitués aux inspections détaillées des armoires et frigo, c’est presque une commotion.

Concordia est le centre régional d’une grande région agricole de la province d’Entre Rios. C’est une autoroute qui nous conduit ensuite en direction de Posadas. Après une cinquantaine de kilomètres nous quittons cette artère en direction de Federation, une ville située au bord du Rio Uruguay et qui n’est même pas sur toutes les cartes… Alors que nous arrivons à la tombée de la nuit, à notre grande surprise, nous parcourrons les rues animées et pleines de commerces d’une station thermale en plein développement. Les hôtels et constructions de résidences de vacances sont innombrables et la ville doit dépasser les 10'000 habitants. Après avoir dépassé les grands thermes, nous quittons le béton des avenues et nous arrêtons au départ d’une large piste pour passer la nuit sur le côté.

7 septembre 2016 Federation (Arg) - Mercedes
Notre planning de ressuyage des pistes paraît opportun et le ciel bleu, un peu venté, devrait accélérer le séchage de notre itinéraire au-delà de Mercedes. Compte tenu des nombreux commerces vus en entrant hier dans la ville, nous nous mettons à la recherche d’une quincaillerie, pour trouver un treillis plus fin que celui qui protège nos phares, afin de doubler celui-ci. Le patron sympathique du commerce me conduit chez le marchand de matériaux voisin qui me présente un treillis avec des mailles de 1 cm par 1 cm alors que celles de Babar font 3 cm par 3 cm, ce qui peut laisser passer de trop gros cailloux. Les plaques du petit treillis sont coupées sur mesure et je peux les installer directement.

<sans titre> P1110885


Nous quittons cette ville attrayante pour reprendre l’autoroute en direction du Nord. Elle est bordée de grandes zones humides consacrées aux pâturages extensifs. Parfois, lorsque le terrain s’élève un peu au-dessus du niveau de l’eau, de vastes surfaces sont consacrées aux grandes cultures ou à de plus petits vergers d’agrumes.

<sans titre> P1110864

<sans titre> P1110867

La voie est bordée de nombreuses échoppes qui vendent des produits du pays, en particuliers les oranges dont les nombreux filets constituent la devanture des boutiques. On y trouve aussi du fromage, des salamis, du miel et d’autres produits de proximité. Les oranges que nous y achetons sont douce, fruitées et juteuses, un délice. Nous quittons l’autoroute après avoir passé un deuxième péage. Ceux-ci sont très raisonnables puisque nous avons payé chaque fois l’équivalent de 2.50 CHF.
Notre route pour Mercedes quitte la 14, qui oblique vers le Nord-Ouest pour rejoindre Posadas. Dès l’entrée de notre nouvelle route des écriteaux annonce des travaux de réfection sur les prochains 60 kilomètres. La chaussée devient, en effet, vite déformée, et parfois défoncée par les camions.

<sans titre> P1110874

<sans titre> P1110877

Comme les territoires que nous traversons sont souvent humides, voir marécageux, l’assise des voies de roulement est déstabilisée et nous sommes secoués généreusement. Sur les 120 kilomètres qui nous séparent de notre objectif, la moitié sont défoncés ou en travaux et notre vitesse est souvent inférieure à 60 km/h.
Nous avons changé de province et atteignons Mercedes, ville du centre de la province de Corrientes, en fin d’après-midi. La ville ressemble à de nombreuses autres cités argentines, très étendues, sans bâtiments élevés et avec un centre marqué par des bâtiments du 19ème siècle. Nous stoppons en bordure d’une place carrée, avec un parc et des arbres centenaires, qui constitue le centre-ville. Sylviane doit aller tenter sa chance au distributeur de devises afin de nous doter de pesos argentins. Elle revient non sans avoir dû laisser une juteuse commission à la machine intraitable qui crache par petits acomptes sans desserrer toutes ses dents !
L’heure étant au bivouac, et le camping municipal trop imbibé pour accueillir Babar, nous sortons de la ville et nous installons pour la nuit, à 2 ou 3 kilomètres de la cité, près d’un centre collecteur céréalier.

8-9-10 septembre 2016 Mercedes - Carlos Pellegrini
Beau temps et ciel bleu, 22°C. Jusqu’à 28°C les 9 et 10 sous un ciel uniformément bleu.
Ça commence à chauffer et nos espoirs de ressuyage de piste se confirment. Nous quittons les grands silos céréaliers de Mercedes et leur flottille de camions vers 10h15 après avoir dégonflé les pneus aux pressions piste : 4,5 devant et 6 derrière.

<sans titre> P1110886

Nous nous engageons sur la route 40 (de la province de Corrientes) qui s’ouvre avec un parfait ruban d’asphalte sur une quarantaine de kilomètres. La qualité de la chaussée est étonnante pour une route à si faible trafic. Ce sont les estancias d’élevage extensif qui domine notre environnement. Des espaces plats à perte de vue avec quelques têtes de bovins ou d’équins dispersés sur les pairies généralement maigres. Parfois une exploitation paraît mieux conduite avec des parcs plus verts, des prairies artificielles et des troupeaux plus denses.

<sans titre> P1110870

<sans titre> SER_7703

<sans titre> SER_7709

Tout à coup nous voyons au loin changer la couleur de notre tapis volant routier. A proximité d’une estancia dont les parcs et bâtiments sont bien entretenus, nous redescendons sur terre ou plutôt sur terre battue.

<sans titre> P1110889

<sans titre> P1110897


C’est la piste qui nous accueille après avoir vivement été tourmentée par les utilisateurs pendant les dernières intenses précipitations. L’environnement devient progressivement plus humide et nous brinquebalons, cherchant tantôt le bord plus sablonneux et regagnant parfois le centre à la vue des marigots latéraux. Il faut reprendre les habitudes et après avoir parcouru quelques kilomètres entre 30 et 40 km/h, nous quittons la vitesse Parkinson pour trouver la bonne fréquence de vibration qui empêche Babar de taper souvent en fond d’amortissement. Entre 50 et 60 km/h, sur cette piste, les vibrations sont plus rapprochées mais moins intenses car nos pneus surfent sur les sommets des bosses. Cette vitesse nécessite par contre une concentration plus intense du conducteur pour éviter les gros trous qui se présente de temps en temps.
Une vingtaine de kilomètres avant Carlos Pellegrini, alors que la piste c’est améliorée, nous distinguons sur celle-ci des animaux gris qui traversent ; chiens ou cochons ? C’est une famille de capybara, le plus grand rongeur existant sur la planète. Imaginez la silhouette d’un cochon, d’ailleurs ils adorent la boue et les marécages, coiffée d’une tête géante de hamster.

<sans titre> SER_7836


Le carpincho, c’est son nom local, peut atteindre une longueur de 1,3 mètres et une hauteur au garrot de 70 cm pour un poids maximum de 70 kg. Il vit en famille ou en clan dirigé par un mâle. Son aire de peuplement va du Panama aux côtes nord-argentines. Il se nourrit d’herbe, de racines et de plantes aquatiques et son repas et bruyant lorsqu’il ronge les feuilles fibreuse des joncs. C’est un excellent nageur et plongeur, qui recherche la nourriture et la sécurité des zones humides. Les femelles ont des portées de 2 à 6 petits et c’est à la traversée d’une harde que nous assistons après avoir stoppé Babar.

<sans titre> SER_7736

Nous comprenons bientôt pourquoi ils ont traversé la piste en sortant du fossé marécageux qui la borde sur la droite : un caïman de 2 mètres de long se dore sur la berge en attendant son prochain repas.

<sans titre> P1110905


Plus loin, sur la rive du canal qui suit le bord gauche de la route, nous voyons plusieurs autres sauriens dont une fratrie de 4 ou 5 jeunes de 30 à 40 cm de longueur.

<sans titre> SER_7713


Bienvenue dans la réserve provinciale de l’Estero del Ibera que notre piste côtoie depuis quelques kilomètres !

<sans titre> SER_8191


Nous poursuivons notre route jusqu’à l’entrée du village de Carlos Pellegrini, où se trouvent les bâtiments d’accueil du parc. De là partent deux itinéraires de balade d’une bonne demi-heure que nous parcourrons avec enchantement. Le premier est constitué de passerelles plantées au-dessus des marécages et permet de voir de nombreux oiseaux et mammifères.

<sans titre> SER_7816

<sans titre> SER_7821

<sans titre> SER_7856

<sans titre> P1110963

<sans titre> P1110959

<sans titre> P1110946

Le second s’enfonce dans la forêt côtière présentant les espèces d’arbre et permettant, outre les oiseaux, d’approcher les singes hurleurs, autre espèce endémique au parc. Nous distinguons l’un d’entre eux sur la couronne d’un arbre, mais il reste immobile et muet.
Nous passons ensuite sur une digue qui coupe la Laguna Ibera (qui signifie eau en langage Guarani) et franchissons, en son milieu, un pont bois métal, au tablier bruyant, dont le tonnage ne semble pas limité

<sans titre> P1110983


Nous atteignons l’entrée du village et son beau camping situé sur les rives de la vaste lagune dont la profondeur ne dépasse pas 4 mètres, avec une moyenne aux environs de 1 mètre. Un portique d’entrée monumental, mais trop bas, empêche cependant l’entrée de Babar et nous nous installons juste à côté en bénéficiant des infrastructures du camping bien entretenu.

<sans titre> SER_8171

<sans titre> P1110989

Nous rencontrons les 
« 6 en piste », une jeune famille française d’expatriés, qui voyagent avec leurs 4 enfants entre 2 et 8 ans, après avoir travaillé 5 ans en République Sud Africaine. Ils ont parcouru d’abord la pointe Sud de l’Afrique, avant de traverser sur Montevideo où ils sont arrivés il y a 3 semaines. Ils voyagent à bord d’une grosse Toyota 4x4, munie d’une remorque tente de camping tout-terrain, comme seuls les sud-africains savent les faire.

<sans titre> SER_8195


Nous avons juste le temps de prendre contact avant de découvrir qu’une excursion nocturne en bateau, qui ne se renouvellera pas avant mardi, débute à 19h30. Nous allons souper rapidement pour profiter de cette offre et nous nous retrouvons à 5, avec un guide maniant bateau et projecteur, sur une barque motorisée. Les départs et retour passent, pour contrôle, devant les bâtiments des guardaparques qui comptent les participants. Les conditions nocturnes, peu propices à la photographie, nous permettent de découvrir des oiseaux et de nombreux caïmans.

<sans titre> SER_8198

<sans titre> SER_7882


Au matin du 9, départ à 9 heures pour une excursion de 2 heures en barque, mais cette fois sous le soleil. Nous observons une trentaine d’espèces d’oiseaux de toutes tailles, avec des robes ou des attitudes superbes.
Parmi ceux-ci les Chaja ou Southern Screamer, sorte de grosses dindes des marécages, qui atteignent 85 cm de hauteur, que nous surprenons 2 fois en configuration familiale.

<sans titre> P1120076

<sans titre> P1120058


Le Federal ou Scarlet-headed Blackbird est une autre source d’émerveillement par le contraste entre sa tête rouge vif et son corps, d’une vingtaine de centimètres, entièrement noir.

<sans titre> P1120052

Les capybaras prolifèrent le long des rives tandis que les caïmans, de toutes tailles abondent sur les îles flottantes constituées par l’épaississement des jacinthes d’eau qui finissent par constituer une plateforme tourbeuse qui accueillent de nombreuses espèces typiques des marais, comme les oiseaux jacana et chiricote, dont les grandes pattes leur permettent de marcher sur les plantes aquatiques. Les hérons, des egrets et des cormorans, ainsi que parfois des cigognes, pêchent dans ces eaux poissonneuses qui abritent aussi des piranhas.

<sans titre> P1120095

<sans titre> P1120061

<sans titre> SER_7973

<sans titre> P1120126

<sans titre> SER_7999

<sans titre> SER_8121

<sans titre> SER_8127

<sans titre> P1120101

Le ciervo de los pantanos est le plus grand des cervidés d’Amérique du Sud, il peut atteindre 1,3 mètre au garrot et peser jusqu’à 150 kilos. Ses fines pattes lui permettent de marcher facilement dans 60 cm de vase et c’est dans un tel milieu, où il pâture les plantes des marais, que nous admirons une femelle.

<sans titre> SER_8117


Après cette croisière exceptionnelle, dans une nature qui ne l’est pas moins, protégée par une réserve qui s’étend sur plus de 12'000 km2, nous regagnons le camping.

<sans titre> P1110989


La fin de l’après-midi, ainsi que la journée du 10, toujours sous un soleil étincelant, sont consacrées à la lecture, à l’écriture du journal, au traitement des photos et à de sympathiques échanges avec les « 6 en piste ».
Nous sommes rejoints, en début de soirée du 10, par Rodolfo et Tiziana (rencontrés en mars à Villarica) avec leur Unimog, accompagnés de leurs amis Lorenzo et … à bord d’un Iveco. Un apéritif, puis une bonne soupe aux pois et pâtes nous permet de raviver notre amitié et d’échanger nos projets.

<sans titre> SER_8205


MISE A JOUR 26.09.16

11 septembre 2016 Carlos Pellegrini - Ituzaingo
Démarrage vers 9 h 45 pour partir plein Nord-Ouest, en direction du Rio Parana et de Posadas. Nous poursuivons sur la piste No 40 qui est plutôt sablonneuse mais avec des tronçons plus terreux qui sont marqués par les sillons creusés par les roues des véhicules au cours des jours pluvieux antérieures.

<sans titre> P1120136

<sans titre> P1120140

<sans titre> P1120159

Peu après avoir quitté le village nous prenons un petit homme au regard fuyant, et son fils de 7 ou 8 ans, en autostop. Leurs vêtements et leur bagage témoignent de leur pauvreté mais leur intérêt à monter dans le camion éclaire leurs visages d’un beau sourire. Ils parcourront une trentaine de kilomètres avec nous avant de nous demander de stopper à proximité de deux petites maisons en banco, situées à une trentaine de mètres de la piste. Un enclos avec quelques moutons entoure les maisonnettes et une femme qui fait la lessive leur réserve un accueil sans élan.

.<sans titre> P1120167

La piste traverse des zones d’estancias d’élevages avec parfois de plus petites exploitations aux bâtiments modestes et souvent en mauvais état d’entretien. Par secteur, de nombreuses termitières font penser que la prairie a attrapé la varicelle. La prairie est généralement sèche, pourtant de petits marécages bordent souvent la piste permettant de voir caïmans et oiseaux. Les bâtiments des exploitations plus importantes sont parfois entourés de grands arbres qui apportent des touches d’ombre et de verdure dans cette vaste plaine, en hiver très humide, mais dont le début du printemps a déjà desséché la surface. L’humidité semble ainsi se concentrer aux abords de la piste et parfois un peu sur celle-ci…

<sans titre> P1120199

<sans titre> P1120196

<sans titre> P1120162

<sans titre> P1120205

Nous sommes bientôt intrigués par des tonneaux en plastique bleus, d’une centaine de litres, à l’allure « pedzante », qui sont encolonnés au bord de la route. Compte tenu des grandes plantations de pins à proximité nous pensons qu’ils sont destinés à la récolte de la résine. Ceci se confirme à l’occasion d’un arrêt sondage dans les récipients. Une petite excursion dans la plantation voisine permet de voir les saignées sur les arbres d’une trentaine de centimètre de diamètre, qui sont saignés par une balafre d’une quarantaine de centimètres de hauteur par 15 de large au bas de laquelle est fixée une poche en plastique de 2 ou 3 litres qui recueille la sève. Celle-ci est ensuite déversée dans les tonneaux bleus et récoltée par un camion pour être acheminée dans une usine qui fabrique une douzaine de produits différents dont, en particulier, de la térébenthine, issue de la distillation de la résine, et du savon ou du linoléum avec les sous-produits de cette distillation.

<sans titre> P1120185 <sans titre> P1120184

<sans titre> P1120180

<sans titre> SER_8208

<sans titre> SER_8211

A 80 kilomètres de Carlos Pellegrini, une piste qui paraît bien entretenue fend les plantations de pins en direction de l’Est. Je décide cependant de poursuivre direction Nord, le long de l’Esteros del Ibera sur un bourbier désséché marqué de nombreuses ornières de camion qui ont 30 à 40 cm de profondeur. J’imagine qu’après quelques kilomètres la piste s’améliorera. Cette imagination débordante n’améliore cependant pas l’état de la voie tourmentée que nous suivons et l’équillibrisme, consistant à essayer de rester perché entre les ornières profondes durera plusieurs dizaines de kilomètres. Babar est passablement secoué et la navigatrice ne me félicite pas pour ce voyage par moment parkinsonnien.

<sans titre> P1120204

<sans titre> P1120211

Nous débouchons (enfin) en fin de journée sur l’asphalte de la route nationale 12 qui longe le Rio Parana en direction de Posadas. Ce fleuve marque la frontière entre l’Argentine et le Paraguay, il borde la province de Misiones à l’Ouest tandis que le Rio Uruguay délimite son flanc Est. Il recueille les eaux du rio Iguazu quelques kilomètres à l’aval des fameuses chutes. Nous trouvons un petit camping au bord des rives du lac du barrage de Yacyreta.

<sans titre> SER_8220

<sans titre> SER_8223


12 septembre 2016 Ituzaingo - San Igniacio Mini
Démarrage en direction de Posadas, ville de 120'000 habitants, chef-lieu de la province de Misiones et point de passage vers le Paraguay. Nous devons y faire les pleins et une escale ravitaillement alimentaire.

<sans titre> P1120215

Ce ne sont pas les chutes d’Iguazu, déjà visitée à notre retour d’Antarctique en 2013 qui nous ont attirés ici, mais les missions implantées, dès la première décennie du 17ème siècle, dans la selva (forêt) territoire naturel du peuple Guarani. Les premiers missionnaires Jésuites ont remonté les fleuves, dans la trace des conquistadores espagnols, depuis le Rio de la Plata, base de départ de l’expansion espagnole en terre Sud-américaine.
Les guaranis de la région d’Ascuncion ont bien accueilli les premiers Espagnols en 1537, voyant, dans ces hommes débarquant de grands bateaux, des alliés pour lutter contre les redoutables guerriers Guaycuru qui les attaquaient régulièrement depuis le Chaco (Est du fleuve Parana). Ils offrent leurs femmes aux nouveaux alliés qui se constituent bientôt de véritable harem et donnent naissance à une société métisse. Ascuncion supplantera même Buenos Aires, naissante, comme capitale de la province du Rio de la Plata dès 1541. Les espagnols ont obtenu du Roi le privilège d’élire leur gouverneur et jouissent d’une autonomie que le souverain peine à contrôler. En 1556, Le gouverneur Irala répartit les terres, et 20'000 indiens entre 320 espagnols. L’encomienda (travaux forcé) est mise en place et va peu à peu détériorer les relations entre les Guaranis et les colons. Des révoltes vont éclater, incitant le Roi à envoyer d’abord des Franciscains, puis des Jésuites pour évangéliser et pacifier les indiens. Alors que les premiers encadrent les indiens le temps nécessaire à leur évangélisation et à leur soumission aux travaux forcés de l’encomienda les Jésuites développent un projet plus durable d’évangélisation et de pacification des Guaranis. Ils obtiennent du roi la dispense de soumission à l’encomienda pour les indiens qu’ils prennent en charge. Ils développent alors les missions ou réductions comme des systèmes autonomes appelés à durer pour conduire les populations indigènes vers la civilisation.
Les missions sont implantées, dans le bassin du Rio Parana, d’abord 200 à 300 km au Nord-Ouest de leurs emplacements définitifs. Elles sont cependant exposées aux raids des « mameloucos », chasseurs d’esclaves envoyés par les colons portugais de la région de Sao Polo, pour ramener de la main d’œuvre pour les plantations. C’est sous cette pression qu’une quarantaine d’années après leur fondation, les missions émigrent en une longue marche vers le Sud-Ouest pour échapper à ces agressions.
Nous visitons d’abord
Santa Ana et Loreto, situées une quarantaine de kilomètres à l’Est de Posadas. Ces deux missions sont noyées dans la forêt et rappellent Angkor au temps de sa découverte. Une partie des ruines, en particulier celles de l’église, ont été dégagées et restaurées, mais les autres bâtiments sont envahis par les arbres. On distingue cependant clairement les habitations des indiens avec des murs entre 1 et 2 mètres de haut qui marquent des plis dans la végétation. Santa Ana, qui a migré en 1660 à cet endroit a compté jusqu’à 7'000 guaranis encadrés par deux pères Jésuites.

<sans titre> P1120216

<sans titre> SER_8240

<sans titre> P1120222 <sans titre> SER_8245

<sans titre> SER_8246

<sans titre> SER_8256


<sans titre> SER_8261 <sans titre> SER_8271

<sans titre> SER_8289

<sans titre> SER_8285

En fin de journée nous reprenons la route jusqu’à San Ignacio Mini où nous nous installons sur une parcelle verte à proximité des ruines et de maisons du village. L’accueil est sympathique.

<sans titre> SER_8418

<sans titre> SER_8417

13 septembre 2016 San Igniacio Mini
Beau temps, 25°C, 34°C à 18 heures.
Nous avons passé une excellente nuit, en bordure du périmètre clôturé des ruines de San Igniacio Mini. La mission porte ce nom pour la distinguer de sa grande sœur San Igniacio Guazu (grande), qui est située au Paraguay.
Les Jésuites ont développé une approche sensible des Guaranis et ont rapidement établi un dictionnaire qui leur a permis d’apprendre la langue pour approfondir les contacts avec ce peuple qu’ils ont approché de manière respectueuse tout en supprimant les péchés les plus graves aux yeux de la religion chrétienne : la polygamie et la cannibalisation des prisonniers de guerre. La religion des Guaranis évoquait un être suprême appelé Tupa et un Royaume de la Paix que les indiens recherchaient. Les Jésuites développèrent leur action évangélique en utilisant ces éléments pour faire passer leur message. Ils utilisèrent les compétences artistiques des indigènes pour construire et décorer les missions. Les bâtiments, d’abord en bois, furent peu à peu remplacés par des bâtiments en pierre, constitués de blocs taillés dans le gré rose de la région. L’art décoratif des bâtiments centraux mélange harmonieusement les images chrétiennes et la flore des forêts environnantes.

<sans titre> SER_8302

<sans titre> SER_8299

<sans titre> SER_8308

Le plan de base des missions jésuites est constant : le centre est constitué d’une grande place de 100 à 150 mètres de côté au centre de laquelle est dressée une statue du Saint patron de la mission. Un des côté est bordé par la façade d’entrée majestueuse de l’église qui peut atteindre des dimensions considérable. Les longueurs de nef varient de 40 à 70 mètres pour des largeurs de 20 à 25 mètres. Les murs, épais de plus de 1 mètre, sont en pierre taillée, de même que la base des colonnes qui soutiennent la charpente en bois recouverte de tuile. L’église est flanquée d’un côté d’un cloître carré de grande dimension (au-delà de 50 m x 50m) qui abrite le logement des pères, la bibliothèque et les salles de catéchisme et d’enseignement. Ce quadrilatère est prolongé par un autre carré aux dimensions semblables qui regroupe sur ses côtés les ateliers : taille de pierre, ferronnerie, menuiserie, bijouterie, sculpture du bois, travail du cuir, etc.. De l’autre côté de l’église est généralement implanté le cimetière, lui aussi clôt par des murs. La place est bordée de quelques bâtiments à usage commun, puis entourée de 3 côtés par les casa de indios, les maisons où logent les familles guaranis. Celles-ci sont alignées en 3 ou 4 rangs, parallèles aux côtés de la place centrale, tout en laissant une avenue déboucher perpendiculairement au milieu de chaque côté de la place. Ces maisons, aux épais murs de bloc taillés, ont une taille semblable de 40 à 50 mètres de longueur pour une largeur de 8 à 9 mètres. Elles sont couvertes d’une charpente en bois avec tuiles, dont les côtés débordent largement des façades pour venir reposer sur des colonnes et constituer ainsi des patios périphériques de 2 à 3 mètres de largeur. Chaque famille disposait d’une pièce de 30 à 40 m2, pourvue d’une porte ouvrant en direction de la place centrale et d’une fenêtre sur la face opposée. Des mezzanines de bois pouvait être aménagées, les indiens dormant, selon leur coutume, dans des hamacs.

<sans titre> SER_8341

<sans titre> SER_8351

<sans titre> P1120258

<sans titre> P1120259

<sans titre> P1120287

<sans titre> SER_8401

<sans titre> SER_8372

La mission de San Igniacio, qui a abrité jusqu’à 4'000 Guaranis, a été redécouverte en 1897 et restaurée entre 1940 et 1948. Elle a été suffisamment déboisée pour protéger les monuments et permettre de lire clairement le plan typique de l’urbanisme jésuite. Elle permet d’admirer le talent des artisans et le mélange harmonieux de deux cultures sous l’inspiration des pères.
Après avoir perçu un échantillon de l’œuvre admirable des Jésuites dans la région nous nous baladons dans la petite ville de 7'000 habitants.

<sans titre> SER_8425

<sans titre> SER_8426

<sans titre> SER_8428


14 septembre 2016 San Igniacio Mini - El Soberbio
Après la journée caniculaire d’hier et une nuit pénible à 28°C, nous quittons les missions jésuites argentines pour nous diriger à l’Ouest de la province qui porte leur nom, au bord du Rio Uruguay.
Nous souhaitons visiter une autre chute importante de la province, le Salto Mocana, situé à 200 km à l’Est de San Igniacio.
Pour ce faire nous devons traverser La Sierra de Misiones, une chaîne de montagne qui s’élève à 500 mètres et sépare les bassins des fleuves Parana et Uruguay. Les routes que nous parcourrons, sont bonnes et vallonnées. Elles permettent de découvrir un paysage vert, constitué d’abord d’estancias, puis de cultures maraîchères et, plus proches des sommets, de magnifiques plantations de thé et vergers d’arbustes à maté.

<sans titre> P1120358

<sans titre> P1120361

<sans titre> P1120295

<sans titre> SER_8433

<sans titre> P1120314

<sans titre> P1120336

Le yerba maté est un arbre de la famille du houx, l’ilex paraguensis, dont on récolte les feuilles pour en faire des infusions.

<sans titre> SER_8443

Il est riche en oliguo éléments et en vitamine ainsi qu’en matéine, substance qui provoque un effet dynamisant semblable à la caféine… sans provoquer d’énervement. Nous ne pouvons que confirmer ce dernier point puisque les innombrables consommateurs croisés sur notre chemin dans le cône méridional de l’Amérique du Sud n’ont jamais parus excités. Cette boisson est répandue dans toutes les classes sociales, sous toutes les latitudes du sous-continent et à toutes les heures de la journée. Ces petits étuis en cuir à couvercle et poignée, typique de l’Argentine et des pays qui l’entoure, ne sont pas faits, ici, pour y mettre deux bouteilles de vins, mais un thermos et un ou deux bols à maté avec la pipette assortie. Ainsi l’on peut préparer et suçoter son infusion partout et à toute heure de la journée, d’autant plus que de nombreuses échoppes vendent l’eau chaude pour « recaper » le thermos.
Nous arrivons finalement, en fin de journée, à El Soberbio où le beau camping de Puerto Mario, riverain du rio, nous accueille. Les rayons du soleil couchant, éclairant la rive brésilienne du fleuve distante de 200 mètres, terminent la journée en créant un beau tableau.

<sans titre> SER_8449

15 septembre 2016 El Soberbio - Salto del Mocoña - 25 de Mayo
Après une nuit rafraîchissante, due sans doute à l’humidité du Rio Uruguay, nous nous réveillons dans un léger brouillard, typique de l’aube dans les vallées de ces régions. Lorsque nous partons vers 10 heures, l’humidité a disparu laissant place à un ciel bleu légèrement venté.
Nous sommes à une soixantaine de kilomètres du Salto del Mocana et la route longe le Rio Uruguay en s’en écartant pour gravir par des rampes éprouvantes les contreforts escarpés des montagnes qui bordent le fleuve. Peu à peu la forêt prend le pas sur les petits villages et les exploitations agricoles pour devenir monopolistique une vingtaine de kilomètres avant les chutes.

<sans titre> P1120376

<sans titre> P1120377

<sans titre> P1120430

L’exploitation du bois à l’intérieur de la réserve, dans laquelle nous entrons, est autorisée, mais un poste de contrôle examine tous les camions de grumes qui en sortent. Des plateformes mirador, offrant de belles vues sur la vallée du Rio ou de ses affluents, et sur la canopée de la forêt originelle, sont aménagées sur les crêtes gravies par la route. Un vieux pont étroit, heureusement en béton, traverse un rio d’une trentaine de mètres de large.

<sans titre> P1120410
<sans titre> P1120427

Le Salto del Mocoña est, avec plus de 2 kilomètres, l’une des plus longues chutes du monde, même si sa hauteur, qui dépend fortement du volume du rio, n’est pas très importante, entre 2 et 15 mètres.

<sans titre> SER_8456

La particularité de cette chute est sa situation longitudinale dans le fleuve. Le rio s’engouffre à cet endroit dans une faille géologique qui atteint plus de 100 mètres de profondeur pour quelques mètres de largeur. Le fleuve est ainsi partagé en deux niveau, l’un des bords de la faille offrant à l’eau un cours plus élevé, jusqu’à 15 mètres, que l’autre bord. Ce demi-fleuve supérieur se déverse dans des longues chutes latérales pour rejoindre la partie basse du rio.

<sans titre> SER_8469

Nous embarquons pour une croisière en hors-bord d’une vingtaine de minutes, remontant au long des chutes sur 1,5 kilomètres. Comme le volume de l’eau est élevé les cascades ont une hauteur de l’ordre de 3 mètres, mais leur longueur est impressionnante et elles provoquent de beaux remous au-dessus de la faille submergée.

<sans titre> SER_8499

<sans titre> SER_8502

Nous retrouvons ensuite Babar parmi les papillons et les oiseaux et gravissons la rampe avant de prendre une assiette au restaurant qui borde le parking supérieur.

<sans titre> SER_8510

Le retour en direction du Sud-Ouest, par la même route vallonnée longeant le fleuve Uruguay, nous offre de beaux paysages de soleil couchant et de rencontrer plusieurs paysans qui rentrent à la maison sur leurs charrettes tirées par des bœufs.

<sans titre> SER_8534

<sans titre> P1120476

<sans titre> SER_8548

Notre volonté de rentrer par la ville d’Obera est à nouveau contrariée par une limite de poids à 3 tonnes imposées sur un grand pont à l’aval de Santa Rita. Après avoir rebroussé chemin, nous devons regagner le milieu de cette mésopotamie, entre Parana et Uruguay, par le chemin suivi à l’aller. Nous stoppons à la nuit tombante dans le bourg de 25 de Mayo et trouvons un endroit calme derrière une nouvelle halle polyvalente.

16 septembre 2016 25 de Mayo (Ur) - Trinidad (Par)
Nous reprenons la route, à travers plantation de thé et d’arbustes à maté, vers 9 h 30.

<sans titre> P1120486

Les températures élevées rencontrées nous poussent à rouler, dès midi, avec la climatisation de la cellule qui nous permet de garder celle-ci entre 22 et 23 °C pendant notre trajet. C’est à ce moment que nous produisons l’énergie nécessaire à la clim tout en continuant à recharger nos batteries.
A la hauteur de Aristobulo del Valle nous obliquons en direction de la nationale 12 qui longe le Rio Parana. La route descend des hauts plateaux de la Sierra de Misiones en quelques kilomètres pour déboucher sur une plaine forestière vraisemblablement occupée par des Guaranis auxquels ont été attribués certains territoires. Leurs maisons en bois sont petites et assez dispersées aux environs de la route. Il y a parfois de petites échoppes qui proposent des sculptures en bois ou des tissages de feuilles sèches.

<sans titre> P1120505

<sans titre> P1120492

Après avoir rejoint la route puis semi-autoroute 12 nous fonçons vers Posadas, non sans croiser Rodolfo et Tiziana qui roulent eux en direction d’Iguazu. Nous voulons échanger notre bonbonne de gaz, qui est presque vide, avant de quitter l’Argentine. Malgré nos efforts nous arrivons, vers le distributeur de gaz repéré à l’aller, pendant la pause de midi, mais un employé vient aimablement nous servir. Après l’échange de bouteille nous nous dirigeons vers le bord du Parana pour le casse-croûte tandis que mes neurones commencent à chauffer… Je n’ai même pas demandé si c’était du propane ! Il est vrai qu’en Patagonie, à Esquel, il n’y avait que du propane, mais ici les températures sont différentes et le gel aux abonnés absents. Retour chez le marchand embouteilleur après le repas. L’aimable employé me confirme qu’il s’agit de butane et je lui explique aussitôt que nous allons vers la Cordillera avec des températures de -10°C. Après m’avoir dit qu’ici il n’y avait que du butane, il accepte finalement d’aller spécialement me remplir une bouteille de propane dans le vaste dépôt. Après l’avoir bien remercié, il a refusé tout pourboire, nous nous rendons à Posadas pour faire les pleins d’eau et de carburant à la station Shell où nous étions allés à l’aller.
Ces opérations faites nous partons au pont international qui relie l’Argentine au Paraguay par-dessus le Rio Parana.

<sans titre> P1120526 (1)

Une longue file de voiture attend de pouvoir passer mais un policier argentin nous fait signe de remonter la colonne pour passer par le couloir des omnibus où nous sommes seuls. Les formalités de sortie sont rapidement faites et nous nous présentons de l’autre côté du pont à la douane paraguayenne. Les formalités pour les personnes sont vite faites et les formalités pour Babar se déroulent devant la TV qui diffuse un match, pendant qu’un jeune douanier rempli le formulaire et que le chef joue sur son mobile, le tout dans une grande convivialité et sans inspection.
Nous faisons ensuite une halte ravitaillement (reconstitution des frigos) au grand supermarché d’Encarnation. Sylviane fait les courses tandis que je surveille Babar en ayant une sympathique conversation avec des chauffeurs de taxi. Nous gagnons, au crépuscule, le site de la mission jésuite de Trinidad, et son parking nous accueille pour la nuit.



© 2014-2017 SBECKLVD Tous droits réservés