ITINERAIRE EFFECTUE en BOLIVIE
du 15 au 22 octobre 2016
soit au total 1084 km dont 168 km de piste
MISES A JOUR 1.11.16 et 11.11.16
15 octobre 2016 Sucre - Aiquile
Nous quittons Sucre par la grande route du Nord-Est, qui passe à proximité de la paroi des dinosaures que nous pouvons admirer une dernière fois.
Après avoir serpenté sur le sommet des collines, la route s’enfonce peu à peu dans une profonde vallée. Les flancs sont arides et érodés, heureusement les petites localités du fond de vallée apportent un peu de contraste avec leurs champs irrigués et cultivés.
Nous sommes à nouveau frappés par la dimension et la qualité des installations sportives dont bénéficie chaque localité, même si elle n’a que quelques centaines d’habitants. Il y a toujours un terrain de basket couvert par une grande toiture ou parfois dans une halle fermée. Les terrains de football synthétique sont également fréquents dans les localités un peu plus importantes.
Nous dépassons, en fin d’après-midi Aiquile d’une dizaine de kilomètres avant de quitter la grande route pour installer Babar, pour la nuit, le long du square d’un petit village. Après salutations des voisins, qui prennent l’air de fin d’après-midi devant leur maison, nous prenons soin de disposer notre maison de manière à ne pas gêner la sortie des véhicules des voisins.
16 octobre 2016 Aiquile - Incallajta
Nous sommes réveillés à 6 heures du matin par le voisin, sans doute pas un as du reculement, qui a de la peine à sortir sa camionnette… finalement il arrive à manœuvrer avant que nous soyons entièrement sortis des limbes. Avantage… nous décollons à 8 heures, après le petit déjeuner. Nous poursuivons dans des vallées agricoles vers notre premier but : la petite ville de Mizque, centre de production des pêches. La petite ville est anodine et, malgré quelques vieilles maisons en torchis, n’a pas de charme particulier. Nous la quittons rapidement et la route s’élève énergiquement vers des hauts plateaux. Nous suivons d’abord le bord d’une gorge abrupt sur une dizaine de kilomètres et dépassons bientôt les 3'500 mètres d’altitude.
Nous dépassons bientôt les 4'300 mètres d’altitude. Les villages sont plus typiques et les maisons sont parfois disposées alignées au flanc de la montagne, surplombant chacune ses lopins de terre cultivés.
Cet urbanisme nous rappelle le Népal. La route s’élève encore légèrement et nous atteignons les 4'500 mètres sans que Babar ne bronche, tout au plus faut-il le tenir un peu plus haut dans les tours au moment des changements de vitesse et des reprises.
Nous plongeons ensuite en rampe sinueuse et continue sur la Valle Alto, la vallée « basse » de l’Est de Cochabamba. Le panorama est magnifique sur cette vaste plaine fertile d’un dizaine de kilomètres de largeur par une cinquantaine de longueur.
Située à une altitude de 2'600 mètres, la vallée est presque entièrement cultivée et largement irriguée. Elle est occupée par des localités prospères de 5'000 à 15'000 habitants réparties tous les 8 à 10 kilomètres. Nous sommes le jour du grand marché de l’une d’elles, Cliza, auquel nous nous rendons en milieu de journée.
Le marché de Cliza occupe une vaste surface un peu désordonnée dans le centre-ville. Près des halles du marché quotidien, 4 grands et hauts couverts de 300 à 400 m2, abritent de nombreux étalages. Mais les places et rues alentour sont également envahies de stands qui présentent des beaux primeurs et toute les sortes de produits nécessaire à la vie quotidienne, y compris meubles et matelas. Nous nous baladons près de 2 heures dans ce marché immense et débordant de vie et savourons de délicieux beignets achetés à une commerçante.
En milieu d’après-midi nous reprenons la route et nous élevons à nouveau au-dessus de la plaine en direction de l’Est et de notre but Incallajta. Nous traversons à nouveau une haute vallée, à plus de 3'500 mètres, avec les même types de maisons en torchis et de culture. Les paysans n’ont pas peur des longues marches et des portages pour atteindre leurs champs. La route redescend ensuite aux environs de 3'000 mètres où la vallée s’élargit offrant de vaste pans de culture mécanisée à l’aide de tracteurs. Les énormes tas de sacs de pomme de terre montre l’importance de cette culture.
Nous atteignons finalement Incallajta au crépuscule, non sans que le conducteur se soit fait rabroué pour une conduite trop tardive !
17 octobre 2016 Incallajta - Arani
Incallajta est le plus important site archéologique des Incas en Bolivie. La civilisation des Incas qui est généralement le symbole des cultures précolombiennes a été de brève durée. Elle est originaire de la région du lac Titicaca. C’est dans cette région qu’elle s’est développée pendant plus d’un siècle et demi, avant que le 8ème Inca qui régna de 1'400 à 1’438, Virakocha, ne commence les grandes conquêtes qui débordèrent sur les territoires actuels de l’Argentine et du Pérou. Son fils, Pacha Kutij, poursuivit l’extension de l’empire et fit construire Cusco, son petit-fils Tupak Yupanki, poursuivit les conquêtes en direction de l’actuel Equateur. C’est pendant le règne de son fils, le 11ème Inca qui termina la conquête de la région de Quito, que les premiers espagnols arrivèrent, en 1531, sur les côtes de l’actuel Pérou. Le royaume connut simultanément de graves tremblements de terre et une épidémie. Des conflits de succession et la pression guerrière des espagnols pourtant fort peu nombreux conduisirent à la disparition de la dynastie avec l’exécution du 18ème et dernier Inca en 1572.
Incallajta a été construit vers 1460, pour être un avant-poste de défense et un centre administratif des basses et fertiles terres de la Cordilière centrale. Les constructions s’étendaient sur un plateau qui surplombe d’une centaine de mètres le fond de la vallée, elles couvraient environ 12 hectares. Le site était parfaitement structuré, comme l’empire Inca lui-même. Au centre, le plus grand bâtiment connu de l’ère précolombienne, le kallanka, mesurait 70 mètres de longueur pour 25 mètres de largeur et ses murs s’élèvent encore jusqu’à 5 ou 6 mètres de hauteur. Ce devait être une salle de réunion extraordinaire que jouxte la grande, à l’aval, la grande place publique de la cité. Celle-ci était entourée de murs de fortification qui complétaient les obstacles naturels, rochers et ravins. Un quartier supérieur regroupait les soldats, tandis qu’un autre quartier abritait l’administration. Au-delà de celui-ci un étroit sentier et des escaliers conduisaient à une mince et haute chute d’eau qui alimentait la cité par des canaux soigneusement construits. Plus loin, on atteignait en remontant un escalier vers une autre plateforme, le quartier des spécialistes dominé par la tour d’observation astronomique. Les incas avaient développés de nombreuses connaissances scientifiques, non seulement en astronomie mais également en mathématiques, en agronomie, en hydrologie et dans bien d’autres domaines. Nous passons une bonne heure à visiter le site sous une chaleur pesante un peu modulée par le vent.
Nous repartons en fin de matinée en direction de Cochabamba, d’abord par la petite route pavée de la vallée de Pocona, bordée de poulailler pour l’engraissement au sol. C’est une source de diversification économique qui paraît séduire les paysans et les poulaillers en construction sont nombreux.
Nous reprenons ensuite la grande route 4 qui nous élève à près de 4'000 mètres sur les beaux hauts-plateaux traversés la veille. Avant la redescente sur la plaine de Punata nous nous engageons sur une piste vers l’Ouest pour découvrir plus profondément ces hautes et belles régions agricoles. La petite piste traverse des villages plus typiques dont les habitants nous dévisagent comme des extraterrestres sans perdre leur bonhomie.
Après la traversée d’une forêt de montagne, la piste débouche sur un petit plateau fort cultivé avant de redescendre vers Arani, dans la vallée Alto.
C’est en bordure d’un champ, à 3'200 mètres d’altitude, juste au-dessus de la grande descente et avec une vision panoramique sur la vaste plaine, que nous stoppons Babar pour la nuit.
18 octobre 2016 Arani - Cochabamba - Pongo
Vers 8 h 30, une patrouille de police d’ Arani vient voir si notre véhicule, sans doute signalé par l’une des rares personnes ayant passé sur la piste, est abandonné. Les policiers sont très aimables et ne contrôlent même pas nos papiers, ils s’en retournent après une brève conversation. Après le déjeuner nous procédons à la réparation provisoire de notre bloc de feux arrière gauche, endommagé lors du croisement avec un rouleau compresseur dans le grand chantier précédant Tarabuco. Nous essayons de mettre le bloc « hors d’eau » avant de prochaines précipitations puisqu’ une partie du plastique orange de la zone clignoteur est cassée et perdue.
Nous descendons vers 11 h la piste pentue et sinueuse qui conduit à Arani, déjà traversé deux jours plus tôt. Nous gagnons ensuite Punata où c’est le jour du grand marché. Les rues qui jouxtent le grand bâtiment du marché central sont envahies de stands et d’étalages de fruits, légumes et produits divers. Ce marché est à nouveau magnifique mais néanmoins moins exubérant que celui de Cliza, la ville voisine, visité deux jours plus tôt. Nous nous plongeons à nouveau avec délices dans ce lieu de vie intense, colorée, animée qu’est toujours un marché sud-américain.
Nous quittons en début d’après-midi Punata par la route qui traverse Cliza et conduit à Tarata puis à Cochabamba.
Cochabamba est une immense métropole, si la ville même compte 600'000 habitants, son agglomération y ajoute 1 millions de « banlieusard ». Placée en légère cuvette au débouché de la belle vallée Alto, la ville n’a pas une apparence flatteuse et souffre de problème de pollution. Elle est moderne et industrielle et son cœur historique n’a pas survécu à son développement. Elle est dominée au Nord-Ouest par une statue du Christ de 34 mètres de hauteur, soit plus grande que celle de Rio Janeiro. Nous n’avons pas prévu rester dans la ville qui n’offre pas de camping, c’est donc pour nous une escale ravitaillement. Sur ce point cela commence mal puisque la première station-service refuse de nous servir puisque Babar est un véhicule étranger. La Bolivie a choisi de majorer le prix du carburant pour les étrangers qui paient un peu plus du double du prix pour les autochtones contre une facture que doit établir le pompiste. Ce système permet théoriquement à l’Etat de récupérer la différence, mais en réalité les pompiste refuse de servir les étrangers et parfois négocient un prix intermédiaire sans facture la différence étant pour leur poche. C’est selon cet arrangement que la deuxième station nous approvisionne. Nous nous engageons ensuite dans la traversée, un peu tumultueuse, de la ville qui évite pourtant le centre.
La circulation est dense et les grands carrefours ont parfois des passages surélevés qui nécessite une bonne anticipation. Celle-ci nous fait une fois défaut et nous nous retrouvons à côté de la gare et de la Cancha, le plus grand marché de Bolivie ! Un demi-tour délicat sur l’avenue nous permet heureusement de fuir cette fourmilière humaine et automobile pour reprendre la bonne direction qui longe la ville par le Sud. Des grandes avenues assez facile à suivre nous permettent de poursuivre notre chemin vers l’Ouest, mais au moment de rejoindre le début de la nationale 4 qui part direction Oruro, des travaux nous en empêchent l’accès. Nous continuons sur une avenue parallèle plus petite, qui se transforme en rue et finit par nous amener à traverser le marché de Quillacollo, l’un des gros faubourgs de la métropole…
Les toiles des stands, qui bordent les deux côtés de la rue, embrassent nos rétroviseurs et c’est à l’allure de l’escargot, au rythme de l’intervention des commerçants qui poussent leur parasol que nous « faisons notre marché » sur 200 mètres de longueur !
Sortis de ce guêpier nous nous élançons avec joie sur la nationale 4 enfin rejointe aux environs de 17 heures.
Après une vingtaine de kilomètre le calvaire commence. Cette route est une artère vitale pour relier Cochabamba et La Paz et les camions lourdement chargés se suivent à raison de 2 ou 3 par kilomètres. Or la route doit gravir plus de 2'000 mètres de dénivellation par des rampes et virages disproportionnés pour la puissance de la majorité des poids lourds qui la suivent. Nous sommes régulièrement plantés derrière des trains routiers qui progressent entre 15 et 20 km/h, alors que leurs collègues dotés de puissances plus élevées dépassent, sans visibilité, ces escargots de la route.
Ce jeu dangereux est usant et pourtant il n’y a pas d’échappatoire, la route suit des flancs abrupts ou le sommet de crêtes qui ne permettent pas de trouver un endroit pour passer la nuit. Nous devons donc rester dans ce cortège périlleux alors que la nuit tombe. Là les risques s’aggravent car environ un train routier sur cinq circule sans éclairage !!! Nous échappons de peu à un accident lorsque le camion qui nous précède commence le dépassement d’un autre train routier. J’aperçois entre les véhicules des plaques réfléchissantes et pense qu’une semi-remorque est garée plus loin sur le bord de la route… Soudain, dans de grands coups de klaxon, le véhicule déjà engagé dans son dépassement freine et se rabat rapidement devant moi ; ce que je prenais pour un véhicule arrêté était en réalité un train routier qui descendait la rampe sans éclairage. Si ce n’est pas » la route de la mort », située 200 kilomètres plus au Nord-Ouest, cela y ressemble par le comportement des routiers. Finalement vers 19 heures nous trouvons enfin une échappatoire, une petite piste qui nous permet de quitter cette roulette russe pour nous poser pour la nuit à côté d’un petit village à 4'000 mètres d’altitude et à une dizaine de kilomètres avant Pongo.
19 - 20 octobre 2016 Pongo - Oruro (Thermas de Obrajes)
Beau le 19, 17°C à 9 h 30. Beau le 20, avec pluie en début de soirée et pendant la nuit qui suit. Nuits fraîches à -3, -4°C.
Tandis que nous déjeunons, vers 8 heures, deux paysans viennent travailler dans un champ à une cinquantaine de mètres au-dessus de Babar. Vers 9 heures je sors pour faire quelques photos du village et je vais les trouver. Il s’agit d’un septuagénaire et de son fils qui doit avoir une cinquantaine d’année. Ce dernier déterre des pommes de terre qui avaient été enterrées dans un trou soigneusement doublé avec le chaume des plantes qui couvre le terrain pierreux des montagnes.
Notre conversation confirme que ces tubercules ont été déposées l’automne dernier et sont les plantons qui vont être mis en terre pour la récolte de cette année. Un système similaire nous permettait, lorsque j’étais enfant et que les frigos étaient rares, de conserver les légumes pendant l’hiver, dans un trou garni de paille au jardin. Les deux hommes acceptent que je les prenne en photos et demande par la suite si nous avons des cigarettes. Nous leur en offrons quelques-unes avec plaisir.
Nous reprenons ensuite la grimpée de notre toboggan routier avec une fréquentation qui a nettement diminué par rapport à la veille. Cette route offre des paysages superbes sur les montagnes qu’elle travers à la jonction des Cordillères centrale et orientale.
Alors que nous nous arrêtons pour faire quelques photos nous voyons un car en panne arrêté au bord de la route. Quatre hommes s’affairent depuis hier, souriants, autour du moteur qui a été placé sur un chariot et extrait du véhicule. Des techniques de dépannages qui diffèrent de celles pratiquées en Europe… L’embrayage a été démonté, le moteur déculassé et les nombreuses pièces disposées sur une tôle. Le moral est bon et l’un des mécaniciens m’affirme que tout sera remonté le soir.
Nous poursuivons ensuite notre route qui va nous amener à 4'500 mètres d’altitude alors que nous côtoyons encore des villages entourés de grande surfaces cultivées. Dans un petit village nous sommes stoppés une bonne heure en raison des grands travaux routiers qui visent à améliorer la route. C’est l’occasion de faire de belles photos et, en particulier, d’assister à la coiffure d’une femme qui confectionne ses tresses avec soin.
La route redescend ensuite sur le plateau d’Oruro, à environ 3'800 mètres d’altitude et se sépare en deux parties, une allant vers cette ville, avec un trafic plus faible, et l’autre drainant la majorité du trafic vers La Paz. Après une vingtaine de kilomètres sur ce plateau nous prenons une piste qui nous amène aux thermes de Obrajes.
Nous passons la fin de la journée, et celle qui suit, sur le parking des thermes qui sont sans prétention mais fort agréables en début et fin de journée, lorsque les groupes venus de Oruro sont repartis. Le bassin bétonné, d’une dizaine de mètres par vingt, offre une eau très agréable aux environs de 30-32°C et des douches à chaleur identique.
Le site est collineux et marqué par deux chullpa, tours funéraires en torchis, de 5 à 6 mètres de haut, érigée par le peuple Aymara, pour inhumer ses morts. Ces monuments ont la plupart du temps été vidés de leurs momies et objets par des pilleurs de tombeaux.
Sylviane cuit un magnifique pain, qui est apprécié, et le soir nous partageons un café avec un couple de jeunes américains, Kelly at Justin qui parcourent les Andes à vélo.
21 octobre 2016 Oruro (Thermas de Obrajes) - Huayllamarca
La neige a fait son apparition au-dessus de 4'000 mètres et blanchit les montagnes franchies, il y a deux jours, à l’Est. Nous effectuons rapidement les 20 kilomètres qui nous séparent de la ville de Oruro, 200'000 habitants, capitale provinciale. La ville a été fondée au 17ème siècle près de collines qui sont riches en cuivre, en étain et en argent, ressource qui font encore sa prospérité aujourd’hui malgré les aléas des cours des métaux. Des zones et friches industrielles, des usines qui ont fait la fortune de Simon Patino, entourent la ville. Des déchets de l’industrie minière, estimés à plus de 2 millions de tonnes, entourent la cité en de véritables collines et représentent des sources de pollution importantes.
Hormis son carnaval, le patrimoine touristique de la ville est assez limité et sa traversée ne révèle aucun bâtiment frappant.
Notre pèlerinage dans la cité est motivé par les nécessités de ravitaillement. Pour le carburant, la difficulté est avérée puisque les 3 premières stations-service visitée refusent de vendre du diesel pour un véhicule étranger. Heureusement le pompiste de la dernière nous indique la station prévue pour la vente aux étrangers que nous trouvons après une demi traversée de ville. La pompiste nous indique immédiatement le prix officiel pour les étrangers avec délivrance d’une facture. La Suisse ne figurant pas sur l’ordinateur, Babar est provisoirement naturalisé Urugayen, son pays d’adoption en Amérique du sud. Un policier est présent en permanence dans la station pour surveiller la régularité des opérations. Retournés au centre-ville et à ses rues étroites nous ne trouvons pas de supermarché et effectuons finalement les achats alimentaires au marché.
Nous quittons la ville direction Ouest par une excellente route sur une septantaine de kilomètres où est situé un site minier. C’est une piste encore humidifiée par les pluies de la nuit qui prend le relais à travers une plaine aride.
Nous faisons route vers une chaîne de petites montagnes où les orages déversent des précipitations sans doute bienvenues pour les paysans. Nous sommes heureusement épargnés et seules quelques gouttes mouillent notre pare-brise alors que nous suivons la base de la chaîne.
De nombreuses maisons et petites églises sont abandonnées malgré le grand chantier, qui est ouvert sur plusieurs dizaines de kilomètres, en vue de réaliser une route asphaltée pour rejoindre Oruro. Nous stoppons en fin de journée à proximité de Huayllamarca, petite bourgade dont le terrain de foot synthétique dénote dans le paysage séchard.
22 octobre 2016 Huayllamarca - Parc Nat. Sajama
Nous poursuivons sur notre piste en chantier, en direction de l’Ouest. Nous tombons ensuite en admiration devant l’église du petit village de Chuquichuro. Cette église en torchis, au toit de chaume, est bien entretenue malgré les siècles dont elle témoigne. Elle est entourée d’un mur quadrilatéral qui abrite dans chaque angle une petite chapelle pourvue d’un minuscule autel qui ne semble plus utilisé. On pénètre dans cette clôture périphérique par un portique d’entrée qui lie l’église à la petite place du village.
Le clocher, séparé de l’église, selon une coutume ancienne, occupe un des angles de la clôture et porte deux vieilles cloches. Les pratiques anciennes ont souvent mélangés, sur ce continent, le christianisme avec les religions anciennes et superstitions. Il semble que le clocher symbolise le monde du Mal, alors que la nef représente le monde du Bien. C’est ainsi que la plupart des anciennes églises de campagne ont un clocher séparé.
Nous reprenons ensuite notre piste, qui devient route à l’approche de Carahuara de Carangas, bourgade où nous rejoindrons la grande route 4 qui relie La Paz au port chilien (autrefois bolivien) de Arica.
Le village est célèbre pour son église de torchis à toit de chaume dont l’intérieur est entièrement peint de fresques religieuses dont certaines datent du 17ème siècle. C’est notre jour de chance puisque nous tombons sur le jour du marché qui se déroule le samedi à quinzaine.
Sylviane, qui rêvait de marchés lorsque nous étions dans les vieilles pierres des missions jésuites, peut rattraper ses envies. Nous parquons Babar à côté des autres véhicules venus pour l’occasion et nous plongeons dans cette foire. Elle se déroule sous un grand et haut couvert de 600 à 800 m2, qui n’est que partiellement occupé, et aux alentours de celui-ci. En plus de tout ce qu’on trouve habituellement sur les marchés, on échange ici de la laine fraîchement tondue et des peaux de bêtes. L’ambiance est colorée et animée, les habitants de la région s’étant déplacés pour cet événement.
Comme il est midi, nous dégustons une excellente soupe au quinoa dans un des petits stands caractéristiques de ces marchés.
Nous partons, en début d’après-midi, visiter l’église à l’intérieur de laquelle aucune photo ne peut être prise. Les fresques intérieures sont somptueuses et l’édifice mérite son surnom de chapelle Sixtine de l’Altiplano.
Nous reprenons ensuite la route et sommes arrêté quelques kilomètres plus loin par les signes d’un couple dont la moto est arrêtée sur le bord de la route.
L’homme nous demande si nous pouvons emmener sa femme et les bagages jusqu’à l’entrée du parc Sajama où nous allons. C’est avec plaisir que nous acceptons et nous embarquons la femme en costume traditionnel avec son balluchon noué dans le dos, un autre balluchon et un gros sac d’une trentaine de kilos qui contient le pied de parasol d’un stand et, vraisemblablement, des légumes. Nous reprenons la route, éblouis par le dynamisme et le sourire de Guillermina qui a ouvert sa couverture dorsale pour en faire émerger Evanelos, petite fille d’un an et demi à peine, qui suit tout ce qui se passe dans la cabine et au-dehors. Nous parcourons une cinquantaine de kilomètre avant que Guillermina nous indique le carrefour où nous devons la déposer. Nous lui demandons où se trouve sa maison et elle nous répond à trois heures de marche. Nous lui proposons alors de la raccompagner avec ses nombreux bagages si Babar peut suivre la petite piste.
Le pachyderme inarrêtable s’exécute avec entrain et après 8 kilomètres nous pouvons déposer notre rayonnante paysanne devant sa petite maison non sans avoir pris quelques photos, auxquelles elle se prête volontiers.
Sur le chemin du retour nous croisons la moto de son mari qui ramène le grand-père du marché. Nous pénétrons ensuite dans le parc national du volcan Sajama et nous installons, après 3 kilomètres, pour passer la nuit au pied du volcan.
MISE A JOUR 11.11.16
ITINERAIRE EFFECTUE en BOLIVIE
du 23 au 26 octobre 2016
soit au total 387km dont 296km de piste
23 octobre 2016 Parc Nat. Sajama
Nous repartons sur notre agréable piste qui long le côté est du volcan dans des vallonnements situés entre 4'100 et 4'300 mètres. La végétation est de type savane buissonneuse et pierreuse et il n’y a pas de culture avant que nous ne redescendions légèrement sur le plateau qui borde le volcan au Nord.
Cette plaine est irriguée et partiellement cultivée par les habitants de 2 ou 3 villages et de quelques hameaux.
Nous voyons, sur les montagnes du versant opposé au volcan, les traces rectilignes des chemins précolombiens qui desservait les zones de cultures aujourd’hui laissée à la seule pâture des lamas.
Le village de Tomarapi est le poste de contrôle de l’entrée dans le parc est un sympathique guarda parque nous y accueille. Notre attention est surtout vouée à la magnifique petite église au toit de chaume, entourée d’un mur de clôture avec ses micros chapelles angulaires. L’une abrite une moto, l’autre un vélo, bref seul le bâtiment de la nef centrale paraît encore utilisé religieusement. La porte est cadenassée légèrement entrouverte ce qui permet à Sylviane de glisser son natel pour faire quelques prises de vue de l’intérieur.
Nous poursuivons la piste direction Ouest, au pied du versant Nord du volcan et nous arrêtons pour observer des queñuas nains. Ces arbres qui atteignent un maximum de 3 mètres de hauteur, constituent sur les pentes du volcan Sajama et sur les sommets qui l’entourent, la plus haute forêt du monde puisqu’ils poussent jusqu’à une hauteur de 5'200 mètres. Ces petits arbres ont de troncs torturés par les rigueurs du climat, et sans doute aussi par les dents des lamas.
Nous continuons encore une dizaine de kilomètres et nous installons, après avoir admiré un petit hameau et sa micro église et franchi un petit passage à gué, à proximité des thermes.
L’après-midi est consacrée à la trempette. Les thermes sont constitués de deux sites, étalés sur le flanc légèrement pentu de la vallée qui transpire en permanence d’écoulements d’eau volcanique chargée de minéraux. Nous marchons la plupart du temps sur un terrain mou et moussu pour atteindre les premiers bassins entourés de bâtiments récent et bien équipés. Le bassin à la forme géométrique d’une centaine de m2, bordé de pierres naturelles accueille 2 ou 3 baigneurs.
Son eau chargée ne permet cependant pas de voir le fond et notre attention se porte plutôt sur la source, située 700 à 800 mètres au-dessus, vers laquelle nous partons après avoir reçu nos linges. Là un petit trou de 2 m2 marque la résurgence de la source et s’écoule par un petit canal dans un bassin en pierres naturelles d’une douzaine de m2. Deux petites huttes en torchis constituent les vestiaires contre lesquels s’appuient deux murs de pierres sèches faisant office de coupe-vent. Le rêve à deux, dans une eau presque limpide qui doit avoisiner les 35°C, et face au volcan Sajama qui culmine à plus de 6'500 mètres. Une belle manière de clore cette journée.
24 octobre 2016 Parc Nat. Sajama - Huachachalla
Nous nous mettons en route vers 9 heures pour le village de Sajama où nous espérons trouver du pain. Le village, qui doit grouper un millier d’habitants avec les hameaux de la région, possède lui aussi une magnifique église devant laquelle est aménagée une place en dalles naturels.
Après avoir visité 3 ou 4 petites échoppes comme en connaisse tous les villages, Sylviane a trouvé quelques boissons et un peu de pain. Le propriétaire de la dernière échoppe, qui exploite aussi un magasin de lainages, accepte que nous fassions le plein d’eau à son robinet situé au bord d’une ruelle. C’est une aubaine et nous lui achetons un pull en alpaka pour marquer le coup.
Nous quittons ensuite le centre du village pour nous diriger vers le site des geysers situé au pied de la montagne huit kilomètres plus haut. La piste travers d’abord des buissons sablonneux avant de s’élargir pour gravir le bord de la vallée en pente douce. Elle se rétrécit ensuite et devient plus sinueuse dans les contreforts des montagnes qui marquent la frontière avec le Chili.
Nous atteignons le site des geysers au fond d’une petite vallée qui transpire elle aussi partout de résurgences volcaniques. Nous sommes à 4'400 mètres d’altitude et devons nous protéger sérieusement contre le rayonnement solaire. Les geysers sont de taille modeste leur bouillonnement ne dépassant guère 30 centimètres de haut. Mais les couleurs de leurs bassins et écoulement sont magnifique et nous ne regrettons pas d’être venus.
Nous quittons ensuite le parc du Sajama avec l’intention de suivre direction Sud, les pistes parallèles à la frontière chilienne. L’affaire commence mal avec une vingtaine de kilomètres de pistes terriblement tôlée par les camions d’une mine située plus au Sud. Nous nous rabattons finalement sur une piste de bonne qualité qui repart vers l’intérieur du pays. Ce n’est finalement que la troisième piste rencontrée qui nous permet de plonger direction Sud, en traversant de vastes territoires ensablés, parsemés de maisons ou hameaux abandonné.
La traversée des quelques rios rencontrés est facile car ils sont presque secs. Le seul actif est heureusement doté d’un pont. Notre progression est lente et cahotante sur un itinéraire tourmenté par les gonfles de sable occasionnées par chaque buisson. Babar tangue comme il ne l’a jamais fait, la piste creusée par l’érosion ne permettant pas d’éviter ces petites montagnes russes. Les 30 derniers kilomètres sont incertains car de nombreuses traces ont quitté le tracé enregistré sur le GPS.
Tandis que nous traversons une longue zone de dunes embuissonnées il n’y a plus qu’une trace de camion devant nous. Heureusement Babar raffole du sable et nous finissons par nous extraire de ce sablier au crépuscule.
Après quelques kilomètres sur le goudron nous atteignons le bourg de Huachachalla près duquel nous nous installons pour la nuit. Mauvaise surprise, les tangages de Babar ont ouvert 2 ou 3 armoires dont le contenu jonche le couloir et surtout la boîte de riz, qui a perdu son couvercle, s’est vidée dans son armoire (sans battues) donnant à ce capharnaüm un air de mariage.
25 octobre 2016 Huachachalla - Salar de Coipasa
La journée commence par le service des 3'000 qui ne révèle pas de disfonctionnement particulier. Compte tenu des nuits froides et de la mauvaise qualité du diesel bolivien, ce qui induit des difficultés de démarrage le matin, je rajoute 1 litre d’essence dans le réservoir droite qui est à moitié. Je nettoie de filtre à air qui mérite un bon dépoussiérage et répare l’escalier dont un des boulons de support de marche a cassé.
Vers 14 h 30 nous reprenons la route et entrons dans la localité de Huachachalla où nous ne trouvons pas de produits frais dans les quelques épiceries présentes. Le bourg est marqué par une place municipale en pleine construction, entourée de quelques nouveaux immeubles de quatre étages.
Nous reprenons ensuite la route asphaltée en direction du Sud-Ouest.
De Sabaya, une piste d’une trentaine de kilomètres part en direction du Salar de Coipasa. La piste suit le bord du Salar en s’élevant par moment sur les bords caillouteux légèrement surélevé. La tôle ondulée est par moment pénible.
Nous arrivons bientôt au village de Villa Vitalina, qui borde le Salar de Coipasa et qui comprend quelques dizaines de maisons en torchis. La piste qui traverse le village s’engage ensuite sur le Salar pour traverser celui-ci sur environ 7 kilomètres jusqu’à l’île qui abrite le village de Coipasa.
Cette île est dominée par le Cerro Villa Pucarani à 4'900 mètres de hauteur alors que le Salar est à 3'700 mètres d’altitude. Une balade sur le début de la piste qui traverse le Salar montre que la traversée de celui-ci est marquée par plusieurs dépôts de pierres et terres qui ont été utilisées pour éviter l’enfoncement des véhicules ou ressortir ceux-ci.
Nous renonçons finalement à nous engager sur cette traversée du Salar, après avoir constaté que dès que l’on s’écarte de la piste, la croûte de sel est fragile et marquée par l’enfoncement nos chaussures. Le salar de Coipasa a une surface d’environ 2'200 km2, il est le deuxième de Bolivie en importance.
Nous rebroussons chemin et nous arrêtons sur un plateau qui domine le Salar et le village de quelques dizaines de mètres de hauteur.
26 octobre 2016 Salar de Coipasa - Chipaya
A 7 heures du matin nous sommes réveillés par un couple de paysans qui part dans la montagne environnante, avec un mouton et un chien, sans doute pour surveiller son bétail. Ils sont simplement intrigués par notre véhicule et veulent nous dire bonjour avant de poursuivre leur chemin. Nous démarrons vers 9 h 30 pour retourner à Sabaya en empruntant partiellement une des pistes plates qui suivent le bord du Salar et permet d’éviter la tôle onduée.
Après avoir retraversé la large vallée par la route asphaltée, nous prenons une piste en bordure de montagne en direction du Sud-Est pour gagner le pays des Chipayas.
Les Chipayas sont vraisemblablement les descendants de la civilisation de Tiwanaku, originaire de la région du lac Titicaca, qui a précédé celle des Incas. Ils vivent dans le delta du rio Sabaya et occupent des huttes circulaires et rectangulaires de torchis. Ils pratiquent l’élevage de moutons et de lamas et cultivent, dans certains endroits favorables, différents légumes et du maïs ou de la quinoa. Une particularité de leurs coutumes est l’exhumation des morts de leurs tombes, chaque 2 novembre, pour leur rendre hommage et leur offrir de la nourriture. Notre piste quitte le bord de la montagne, dans un petit village, doté d’un terrain de foot synthétique, pour s’engager dans une vaste plaine sablonneuse.
Nous dégonflons nos pneus à 5 à l’arrière et 3,5 à l’avant pour traverser cette zone aride et quasiment déserte.
La vaste plaine, marquée de points d’eau saumâtre, qui entoure Santa Anna de Chipaya est constellée de maisons typiques en torchis, rondes ou rectangulaires. La localité elle-même est constituée de maisons rectangulaires, dotées d’une cours qui comprend une petite tour ronde vraisemblablement destinée aux sanitaires.
Nous croisons peu de monde lors de notre petite balade et partons en direction d’Ayparavi, l’autre localité importante de ce peuple. La piste progresse entre les nombreuses maisons disséminées sur une vingtaine de kilomètres avant de disparaître sur plusieurs centaines de mètres dans le sable soufflé et les buissons qui marquent un rio.
Nous suivons des traces qui partent, en remontant le rio, dans le sable sur la gauche de la piste.
Après quelques centaines de mètres, près d’un point marqué par 3 sacs de sables, les traces obliquent sur la droite pour rejoindre la piste, puis disparaissent, alors que le GPS indique celle-ci à gauche. Nous reculons pour reprendre le rio et nous plantons dans le sable en marche arrière… Nous sortons la pelle pour dégager les roues et dégonflons les pneus à 2 à l’arrière et 2,5 à l’avant.
Je parcours à pied un demi-cercle de 300 mètres de diamètre pour repérer la meilleure zone de sortie du sable mou, en direction des prochaines maisons chipayas. Nous reculons pour sortir de nos trous et repartons sur 200 mètres pour remonter le rio avant d’obliquer en direction des maisons, dans les gonfles de sables de 60 centimètres à 1,2 mètre de hauteur qui jouxtent chaque buisson. Babar fait gronder son moteur et balance de dunette en dunette en franchissant bravement ces montagnes russes sablonneuses.
Le chauffeur est concentré dans un slalom visant à trouver le meilleur chemin et la navigatrice signale les obstacles que sont les gros buissons. Une seule dune réussit à stopper les 14 tonnes de Babar avant qu’une marche arrière lui redonne son élan pour finalement atteindre le sol ferme. Nous boudons le GPS et parcourrons encore 500 mètres entre quelques maisons avant de rejoindre la piste. Nous stoppons pour passer la nuit et regonfler nos pneus.
Carlos, en moto avec ses deux petites filles, s’arrête pour nous saluer et faire connaissance. Nous allons lui rendre visite vers sa modeste maison, à quelques centaines de mètres et faisons quelques photos que nous tenterons d’imprimer pour le lendemain.
ITINERAIRE EFFECTUE en BOLIVIE
du 27 au 31 octobre 2016
soit au total 349km dont 192km de piste
1ère étoile jaune depuis le haut : Bivouac près village Chipayas
2ème étoile jaune depuis le haut : Bivouac à Coquieza
3ème étoile jaune depuis le haut : Bivouac à l’Isla Pescador
le croisement de tracé vert des 2 et 3ème étoiles : Isla Incahuasi
4ème étoile jaune depuis le haut : Bivouac à Uyuni
27 octobre 2016 Chipaya - Coquieza
Après une bonne nuit de repos, qui nous a soulagés des émotions de la veille, et le déjeuner, je pars à pied pour comprendre les difficultés de la veille. Sylviane va essayer d’imprimer les photos de la famille voisine avec la petite imprimante photos. Celle-ci a effectué, il y a quelques jours, depuis son armoire qui s’est ouverte, une chute en cascade sur la table et dans le couloir et le test sera révélateur…
Je remonte en arrière, le long de la piste que nous avons retrouvée après nos péripéties, jusqu’à l’endroit où elle se perd dans le sable. Des traces, partiellement recouvertes de sable sous l’effet des vents de la nuit, partent dans la direction du point où nous avons fait marche-arrière hier. Celui-ci est situé à environ 200 mètres au-delà de petites dunes de sable de 1 mètre de hauteur. Nous n’aurions pas dû reculer et poursuivre les quelques traces encore visible. Je persévère dans mon enquête et suit nos traces de marche-arrière jusqu’à l’endroit où nous nous sommes plantés la veille. Là je découvre que la plaque de tôle qui était à trois mètres du camion lorsque nous avons dégonflé et pellé a été déplacée par Babar au moment où nous sommes repartis en avant.
Nous nous sommes dégagés de nos trous en marche arrière et sommes repartis ensuite en marche avant en passant une roue de chaque côté de cette tôle. Nous avons ainsi entraîné celle-ci sur un bon mètre en avant, dégageant… l’ouverture d’un puit soigneusement creusé dans le lit du Rio !
L’eau est à environ 1,20 mètre au-dessous du sol et, de l’ouverture d’une cinquantaine de centimètres de diamètre, le puit, soigneusement maçonné en adobe, s’agrandit jusqu’à plus de 1 mètre de diamètre.
Je suis confirmé dans ma certitude : nous ne sommes pas seuls autour du monde et quelqu’un là-haut veille sur nous ! Nous n’avions pas compris le repaire des sacs de sables situés à 7 ou 8 mètres et nous aurions pu rouler sur le puit au lieu de le laisser passer entre nos roues. Nous aurions alors détruit un aménagement précieux pour les Chipayas qui habitent à 700 ou 800 mètres, et planté Babar au fond d’un trou duquel nous nous serions difficilement extirpés ! Il ne me reste plus qu’à poursuivre sur les traces de la veille pour regagner Babar. Je passe à côté de ce que j’ai soigneusement évité hier en pensant que c’était un puit, et je constate que ce cône maçonné n’est que le point de repère du puit qui est situé… sous une plaque de tôle à 4 mètres de distance !
Lorsque je rejoins le camion, je trouve Sylviane en grande discussion avec l’oncle de Carlos, qui, tout en filant, s’intéresse à ce camion peu commun et à ses occupants.
Il nous explique que les jeunes ne restent pas facilement au village et qu’ils sont plusieurs milliers à être partis au Chili pour y travailler. Pourtant il trouve que le prix des lamas et moutons qu’il élève est correctement payé.
Nous reprenons ensuite la piste vers le Sud-Est et abandonnons ces petites maisons disséminées qui font penser à un peintre naïf. La piste est assez bonne, parfois un peu sablonneuse, et nous traversons quelques petits villages séchards, à l’architecture ordinaire, avant d’atteindre San Martin, d’où une grande piste nous conduit plein Sud vers la route asphaltée et Salinas de Garci Mendoza. Ce bourg, qui est l’une des portes d’entrée vers le Salar d’Uyuni, se proclame capitale de la Quinoa et c’est une grande sculpture d’une de ces plantes qui marque le premier rond-point. La piste, qui part plein Sud en direction du salar, côtoie effectivement de grands champs semés de quinoa qui n’a pas encore levé.
Elle s’élève peu à peu dans la montagne, parmi quelques villages agricoles prospères, avant de nous faire découvrir, du haut, le spectacle splendide, infini et éblouissant du Salar d’Uyuni.
Nous traversons Tahua et suivons la piste, entre de nombreuses maisons de pierre, qui nous conduit à Coquieza, où nous nous installons pour la nuit à l’entrée du salar.
28 octobre 2016 Coquieza - Salar d’Uyuni - Islas Incahuasi et Pescador
Nous avons partagé la jolie esplanade sablonneuse, qui sert de terrain de foot, qui marque l’entrée sur le salar, avec un couple de français et leur fils. Ils voyagent à bord d’un camping-car normal et ont eu beaucoup de plaisir sur le salar.
Nous nous réjouissons de vivre cette sensation de rouler entre ciel et terre. Nous abaissons la pression de nos pneus à 3 et 3,3, car il ne vaut mieux pas s’enfoncer. L’entrée sur le salar ressemble à l’entrée dans un grand parc urbain, avec allée gravillonnée et colonnes en pierres naturelles qui marquent l’entrée.
Nous sommes en fin de saison sèche et le sel est parfaitement dur, portant Babar comme une petite voiture. Après quelques kilomètres nous voguons dans le blanc entre 60 et 70 km/h. Un délice éblouissant, les lunettes foncées sont de rigueur ! Nous suivons la piste, la trace un peu plus foncée des pneus des véhicules qui nous ont précédés, traînée un peu sale qui se perd à l’horizon puisque nous ne voyons pas encore les îles vers lesquelles nous roulons.
Après une vingtaine de kilomètres, un sommet de montagne semble flotter à l’horizon, porté par l’humidité qui s’évapore sous les intenses rayons du soleil. Nous sommes en plein mirage et pourtant c’est le sommet de l’Isla Incahuasi qui apparaît, peu à peu et toujours flottant, à l’horizon.
Il peut paraître abusif de nommer les sommets qui dépassent de la surface du sel « d’ìles », pourtant imaginez que le Salar d’Uyuni, le plus grand du monde, couvre une surface de plus de 10'000 km2, soit le quart de la Suisse. Une surface figée de cristaux de sel, réunis par l’évaporation progressive, au cours des 20'000 dernières années, d’un grand lac qui couvrait autrefois toute les grandes plaines du Sud-Ouest de la Bolivie. Celui-ci recevait tous les minéraux issus de l’érosion des montagnes et lessivés par la pluie. L’épaisseur de la croûte de sel atteint par endroit de 2 à 120 mètres. Sous cette enveloppe presque immaculée, la salar brunit en effet sur son côté Est, se cache un des grands trésors de la planète, des réserves de lithium si précieuses pour la construction des accumulateurs et dont la Bolivie possède la moitié des ressources mondiales.
L’isla Incahuasi est le spot touristique du salar et lorsque nous y arrivons vers 11 heures quelques jeep de touristes sont déjà là.
Au long du parking où elles se rangent sagement sur le sel se trouve une bordure avec des mâts de drapeaux qui délimite une zone où sont disposées de tables et bancs en sel à disposition des visiteurs. Nous partons visiter le sentier qui gravit le sommet de l’île au milieu de magnifique cactus.
Je taquine le percepteur du droit d’entrée en lui disant que je ne peux payer puisqu’il n’y a pas de drapeau suisse. Le sentier offre de magnifiques points de vue sur le salar, ses îles et ses pistes, et de son sommet l’étendue blanche est infinie. Nous redescendons et piqueniquons sur le mobilier en sel avant que je ne prenne les chose en main : l’honneur national est en jeu ! J’extrais des profondeur de Babar un drapeau suisse tout neuf de 1,5 par 1,5 mètre et pars à la recherche du responsable de l’île. Je lui demande si il a un mas de réserve pour le pied vide existant et lui explique que j’offre d’autant plus volontiers un drapeau helvétique que la fête nationale de notre pays est le 1er août… jour de la fête de la Pachamama, la terre-mère bolivienne. Le drapeau est immédiatement fixé et planté, conjointement avec le responsable, pour l’éternité !!!
Nous prenons ensuite la piste salière de l’isla Pescador où nous abordons dans une petite crique sous un vent soutenu.
Là aussi rochers et cactus constituent un décor magnifique, bordant de petites baies où les vagues de sels se figent. Le salar est en effet recouvert d’eau environ deux mois par an ce qui renouvelle son décor.
29-30-31 octobre 2016 Isla Pescador - Uyuni
Nous embarquons sur notre mer de sel vers 10 heures avec cap sur l’isla Incahuasi, étape incontournable vers Uyuni, la célèbre ville étape du Dakar désormais Sud-Américain. Une brève étape photo nous permet de voir que la Suisse flotte dans le concert des nations de l’isla Incahuasi.
Nous reprenons ensuite notre voyage de 90 kilomètres dans la voie salée en direction de l’Est. Nous sommes surpris dès la mi-chemin par des trous dans les nombreuses pistes parallèles qui vont vers Uyuni. Les belles plaques de sel, généralement hexagonales de la surface, et épaisses de 10 à 15 cm, sont parfois perforées, présentant des trous remplis d’eau qui peuvent atteindre jusqu’à 60 centimètres de profondeur et 20 à 30 cm de diamètre. Voilà qui donne quelques craintes que nous n’avions pas dans la moitié occidentale du salar. Sans doute que l’intense trafic touristique amène à l’affaiblissement de quelques plaques de sel et à leur rupture.
En arrivant près de Colchani, au bord du salar, nous découvrons un ancien hôtel de sel, servant aujourd’hui de buvette seulement.
C’est là que toutes les jeeps de touristes s’arrêtent à l’entrée sur le salar et elles sont au moins une dizaine. Un point fort et attrayant pour les Boliviens est le monument de sel, de plus de 5 mètres de haut, représentant l’effigie du Dakar.
De là c’est un paysage plutôt morne que nous devons traverser, mélangeant terre et sel, la transition n’en finit pas et le village de Colchani ressemble plus à une zone industrielle qu’à un charmant bourg.
Heureusement là nous retrouvons l’asphalte pour le 30 kilomètres qui nous séparent d’Uyuni. Alors que nous sommes sortis de la route pour le casse-croûte, nous apercevons nos amis allemands Harry et Doris, déjà rencontrés à plusieurs reprises, et leur faisons de grands signes. Ils nous rejoignent et les retrouvailles sont chaleureuses. Ils cherchent désespérément un autre véhicule pour les accompagner sur les pistes difficiles du Sud Lipez et l’affaire est vite conclue : nous les retrouverons dans 3 jours à la Laguna Hedihonda.
Nous gagnons ensuite Uyuni, ville d’une vingtaine de milliers d’habitants, à l’urbanisme d’adobe et de béton sans charme.
C’est une étape nécessaire pour se réapprovisionner et entre marché et nombreuses petites épiceries nous devrions trouver ce qu’il nous faut. Après avoir fait laver Babar, malheureusement au laveur à haute pression à l’eau salée avec léger rinçage à l’eau douce, nous allons nous parquer près de la caserne, dans une rue en impasse.
Les deux jours que nous passons sur place nous permettent de souffler un peu, d’écrire le journal et le site internet, de faire des provisions et de rencontrer Michaël et Marion, un couple d’allemand avec une Land Rover qui connaissent Cornélia et Jean- François.
C’est sur recommandation de ces derniers que nous allons partager un excellent repas au restaurant Tika attenant à l’Hôtel des Jardins d’Uyuni.
Le marché de a ville est un endroit sympathique et animé que nous découvrons avec plaisir et la promenade piétonnière du centre-ville offre de nombreux restaurant avec wifi. En particulier le Bocca Grande où nous mangeons deux jours de suite d’excellents nachos au guacamole tout en bénéficiant d’une bonne connexion.
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